Depuis Brioude ce mardi, le peloton entrait d’emblée dans le vif du sujet, avec près de quinze kilomètres d’ascension pour lancer la troisième étape du Critérium du Dauphiné. Sans surprise, la bagarre pour l’échappée s’est immédiatement déclenchée, le peloton a volé en éclats après quelques minutes, et il a fallu plus d’une heure pour enfin voir un groupe se détacher nettement. « Le but était vraiment de ne pas louper l’échappée, qui pouvait aller au bout aujourd’hui, exposait Brieuc Rolland. On a eu un départ très musclé, et j’ai fait le choix de rester tranquille jusqu’en haut de la bosse. De toute manière, ça roulait tellement vite qu’il était compliqué de faire des écarts. C’est ce qu’il s’est passé. Après le sprint intermédiaire, le peloton a fait rideau et je suis sorti dans un second temps avec Axel Laurance et Ivan Romeo. Et c’était parti ». « Compte tenu du profil, on savait que l’échappée serait solide, qu’il serait donc difficile d’y entrer et que ça allait être une grosse guerre, ajoutait Benoît Vaugrenard. Donc félicitations à Brieuc, qui a bien joué le coup ». Après trente kilomètres, l’ancien pensionnaire de « La Conti » s’est ainsi retrouvé en tête avec douze coureurs, mais l’échappée a dû insister une quinzaine de kilomètres supplémentaires pour enfin voir l’écart passer le cap de la minute.

En raison de la présence de Florian Lipowitz à l’avant, les formations de favoris n’ont d’ailleurs jamais laissé guère plus de deux minutes d’avance à l’échappée.  « Au début j’étais même un peu fâché car je me disais qu’il pouvait être un caillou dans la chaussure, mais Fred m’a rassuré toute la journée et m’a dit d’y croire, confiait Brieuc. Ce n’est que très tard, à environ quarante kilomètres de l’arrivée, que je me suis dit que ça allait aller au bout ». Grâce à une bonne entente, les fuyards du jour, parmi lesquels Mathieu van der Poel, Julien Bernard, Harold Tejada ou encore Andreas Leknessund, ont réussi à résister à la poursuite menée par le paquet. À cinquante kilomètres de la ligne, l’écart était ainsi d’une minute trente, et il ne s’est réduit que d’un tiers avant d’aborder la dernière difficulté, située à vingt bornes du terme. « J’ai essayé de récupérer avant la bosse, car ça commençait être une longue journée pour moi et ce ne sont pas des efforts auxquels je suis habitué, confiait Brieuc. Je savais que ma première arrivée était au sommet de cette bosse et que je devais donc tout mettre ». Dans l’abrupte côte du Château Jaune (1,2 km à 9,5%), trois hommes ont réussi à prendre quelques mètres d’avance, trois autres ont été définitivement décrochés, tandis que Brieuc Rolland s’est retrouvé à un deuxième échelon avec notamment Van der Poel.

À l’issue d’une descente rapide, le Néerlandais a effectué la jonction avec la tête, mais Brieuc Rolland a eu besoin de quelques kilomètres supplémentaires pour rallier le bon wagon. C’est ainsi que dix hommes se sont retrouvés en tête pour la gagne à l’entrée dans les dix dernières bornes. Les accélérations et contres se sont multipliés, et le jeune homme de la Groupama-FDJ a tenté de suivre quelques mouvements, sans se disperser. À cinq kilomètres du but, Ivan Romeo s’est finalement extirpé au train, personne ne l’a immédiatement pris en chasse, et le reste du groupe s’est alors quelque peu enterré. L’Espagnol a ravi la mise, trois hommes se sont détachés pour les positions restantes sur le podium, et Brieuc Rolland a obtenu la septième place du jour, dans le sillage de Van der Poel et Laurance.  « Je crois que je n’ai jamais fait un truc aussi dur, lâchait-il peu après l’arrivée. Du haut de la bosse jusqu’au sprint, je ne pouvais plus trop me mettre debout car j’avais des crampes. Ça s’est fait aux tripes et j’étais à fond, donc je n’ai pas de regret ». « Tactiquement, on voulait attendre les deux derniers kilomètres avant d’en placer une, ajoutait Benoît. Il fallait prendre le risque d’attendre, quitte à perdre, mais Romeo a bien joué le coup et était très fort ».

Il n’en demeure pas moins que le jeune homme de 21 ans se souviendra longtemps de cette échappée sur son premier Critérium du Dauphiné. « On espère forcément toujours mieux, mais le cyclisme est devenu tellement dur que ce n’est pas tous les jours qu’on a l’opportunité de jouer la gagne à cinq kilomètres de l’arrivée, disait Brieuc. Je suis content de ce que j’ai fait, et c’est de l’expérience engrangée ». « Il a beaucoup appris aujourd’hui, en étant devant, en faisant la course, confirmait Benoît. C’est une belle étape de sa part, d’autant que ça a roulé vite toute la journée, avec la chaleur, sur 210 kilomètres. C’est une bonne journée, et les autres étaient également bien présents dans le peloton derrière ». Paul Penhoët a d’ailleurs obtenu la quinzième place de l’étape tandis que Guillaume Martin-Guyonnet a assuré sa présence dans le paquet principal. Le grimpeur normand affrontera un premier test mercredi sur l’unique contre-la-montre de l’épreuve. « Il est moins long que les années précédentes, avec dix-huit kilomètres mais il y a une belle bosse au milieu, ponctuait Benoît. Rémi est évidemment motivé, et Guillaume fera aussi de son mieux en vue du général ».

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