Dans la continuité d’une solide première étape pour grimpeurs vendredi, Guillaume Martin-Guyonnet a encore parfaitement répondu présent ce samedi lors de l’étape reine du Critérium du Dauphiné. À travers trois grands cols alpins, le grimpeur normand a tenu sa place parmi les cadors et s’est même permis une attaque du Col de la Croix de Fer à mi-parcours. Au sommet de Valmeinier 1800, il a finalement hérité d’une belle dixième place et glané cinq rangs au classement général (12e).
C’est un programme comme il en existe peu qui se dressait devant le peloton du Critérium du Dauphiné ce samedi. Sur tout juste 130 kilomètres de course, près de 5000 mètres de dénivelé positif étaient en effet à arpenter depuis Grand-Aigueblanche, dans une septième étape qui comprenait les interminables ascensions du Col de la Madeleine (24,6 km à 6,2%) et du Col de la Croix de Fer (22,4 km à 6,9%) avant une arrivée au sommet de la station de Valmeinier 1800 (16,5 km à 6,7%), le tout avec à peine quinze kilomètres de vallée sur l’ensemble de la journée. Un programme XXL, donc, qui n’appelait qu’une chose : un départ de folie. Or, la bataille s’est effectivement enclenchée dès les premiers instants et les premières pentes, le peloton a aussitôt volé en éclats, tandis que Clément Braz Afonso s’est pleinement engagé dans la lutte pour l’échappée. Après une première tentative avortée aux côtés de Matteo Jorgenson, le jeune homme est reparti à l’assaut et a réussi à se greffer à une très solide échappée de quinze coureurs, incluant notamment Romain Bardet, Santiago Buitrago, Sepp Kuss et bien d’autres.
« Clément répond présent quand on le lui demande », Benoît Vaugrenard
Le peloton, réduit à une petite quarantaine d’hommes, n’a dès lors que très modérément temporisé, maintenant le groupe de fuite à moins d’une minute trente jusqu’au pied du Col de la Croix de Fer, deuxième gros morceau de la journée. Dans l’échappée, Clément Braz Afonso a admirablement tenu sa place, tandis qu’au sein du groupe maillot jaune, Guillaume Martin-Guyonnet a saisi sa chance à la mi-ascension. « On sait que face à des coureurs comme Pogacar, il est impossible de gagner à la régulière, disait le Normand. La seule solution qu’il nous reste est d’anticiper, ce qu’a très bien fait Clément en prenant l’échappée. Puis, j’ai vu que l’écart n’était pas énorme dans la Croix de Fer et ça me semblait jouable de boucher le trou. Je suis donc sorti en contre, et je pense que c’était un coup à tenter. Ça ne m’a pas tant handicapé que ça pour la suite car il aurait quoi qu’il en soit fallu monter très vite dans le groupe maillot jaune. Et c’est toujours plus agréable d’être offensif que de subir ». Après quinze minutes d’efforts, le leader de la Groupama-FDJ a alors rejoint le groupe d’échappés, et retrouvé son jeune acolyte.
« Clément a fait une super étape, soulignait Guillaume. C’était vraiment plaisant de l’avoir à mes côtés. Il faut se rendre compte qu’en haut de La Croix de Fer, on n’était plus que quinze coureurs dont deux Groupama-FDJ. Ça souligne qu’il a passé un cap physiquement et je sais depuis le week-end franc-comtois qu’il est assez incroyable dans ce rôle de coéquipier ». « C’est une grosse étape de Clément, car il n’était déjà pas simple d’être dans cette échappée, abondait Benoît Vaugrenard. Le but était qu’il passe La Croix de Fer pour pouvoir ensuite aider Guillaume dans la plaine, ce qu’il a très bien fait. Il était vraiment fort. Depuis le début de l’année, il répond présent quand on le lui demande, c’est donc une grosse satisfaction ». Dans la descente du Col de la Croix de Fer, Romain Bardet s’est isolé en tête tandis que les rescapés de l’échappée ainsi que Guillaume Martin-Guyonnet ont vu le retour d’un très maigre peloton maillot jaune. Un groupe d’une vingtaine d’unités s’est finalement recomposé derrière l’homme de tête, qui n’a jamais compté plus d’une minute d’avance. Un écart qui s’est très vite amenui dans la montée finale, d’autant plus lorsque le maillot jaune Tadej Pogacar a décidé de lancer les hostilités après quatre bornes d’ascension, soit à près de douze kilomètres du sommet.
« C’est bien d’être dans le match », Guillaume Martin-Guyonnet
La hiérarchie s’est dès lors clairement établie, et le grimpeur de la Groupama-FDJ a pris place dans un petit groupe incluant Carlos Rodriguez, Matteo Jorgenson ou encore Enric Mas. À l’issue d’une montée très solide, il s’est finalement doté de la dixième place du jour, à 3’51 du vainqueur. « Aller faire dixième aujourd’hui après ce qu’il a fait dans la Croix de Fer montre qu’il était vraiment très fort », insistait Benoît. « Les jambes n’étaient pas terribles en début de semaine, donc je n’étais pas très ambitieux pour le week-end, rappelait Guillaume. Mais parfois, il y a de bonnes surprises. Il s’avère que je suis plutôt dans le coup depuis hier, et comme souvent me concernant, je suis de mieux en mieux sur chaque étape de montagne. Un top 10 sur une telle étape avec ce niveau, c’est pas mal, et c’est surtout bien d’être dans le match. On verra lors de la dernière étape s’il y a une petite ouverture pour envisager la victoire d’étape. Sinon, on essaiera de grappiller deux places au général. Ça ne sera pas simple, mais la symbolique du top 10 est toujours sympa ». Ce samedi soir, Guillaume Martin-Guyonnet pointe en effet au douzième rang du général, à une minute de l’objectif affiché au départ. « On s’en approche, donc on y croit », soufflait Benoît.