Au lendemain de l’arrivée au sommet du Grand Colombier, le peloton du Tour de France a ce samedi fait une entrée fracassante dans les Alpes, en direction de Morzine. Sur un profil en forme de montagnes russes, l’intensité n’est jamais retombée et de gros dégâts ont été observés. Thibaut Pinot a longtemps tenté de prendre le large au sein de l’échappée, mais l’équipe du maillot jaune n’a jamais laissé leur chance aux fuyards. C’est une course à l’usure qui s’est donc dessinée au fur et à mesure de l’étape. David Gaudu a été distancé par les principaux favoris dans le dernier col du jour, celui de Joux Plane, et a finalement rallié l’arrivée en onzième place, glissant ce samedi au dixième rang du général. Un second acte alpestre viendra demain clôturer la deuxième semaine de la Grande Boucle.

Pour la première fois depuis le départ du Tour, les coureurs s’engageaient ce samedi dans une étape cumulant plus de 4000 mètres de dénivelé. Sur les 151 kilomètres menant à Morzine, cinq ascensions étaient répertoriées, dont trois de première catégorie et une Hors Catégorie : le Col de Joux Plane (11,7 km à 8,5%), franchi à treize kilomètres du but. Mais le départ, très accidenté, a également eu son influence. Le coup d’envoi de l’étape a d’ailleurs été donné à deux reprises, puisqu’une chute massive dans les cinq premiers kilomètres a interrompu la course pendant une trentaine de minutes. « On sentait qu’il y avait beaucoup de nervosité et de tension, qui plus est après la petite averse du départ, expliquait Thibaut Pinot. Il y a eu cette grosse chute, puis tout le monde voulait être dans l’échappée. C’était un début d’étape sous tension ». Dans la première bosse de 1ère catégorie, le Col de Cou, le grimpeur haut-saônois s’est justement fendu d’une offensive pour rejoindre le groupe de tête et tenter de prendre le large. Cela n’aura jamais été le cas. Thibaut Pinot et quelques autres ont eu beau relancer à plusieurs reprises, le peloton mené par la Jumbo-Visma du maillot jaune Jonas Vingegaard ne leur a jamais concédé plus d’une quarantaine de secondes d’avance. « J’ai d’abord voulu réduire le groupe car il n’y avait pas une bonne entente, mais c’était vraiment dur dans la tête de voir que tout le train Jumbo-Visma roulait derrière », expliquait Thibaut.

« Il faut s’adapter et essayer de donner le meilleur », Philippe Mauduit

Le bras de fer s’est pourtant perpétué pendant une cinquantaine de kilomètres, avant que le groupe maillot jaune ne réintègre finalement les audacieux du jour au pied du Col de la Ramaz (14 km à 7%), avant-dernière bosse du jour. « Le plus dangereux devant était à dix minutes au général mais l’échappée n’a jamais pris plus d’une minute, relatait Philippe. Thibaut avait de bonnes jambes, il était devant, mais si certains décident que l’échappée ne doit pas partir, elle ne part pas. C’est comme ça. Il faut s’adapter et essayer de donner le meilleur chaque jour. On avait décidé d’être offensifs, on a essayé, mais ça ne marche pas toujours ». Une fois le regroupement opéré, la course ne s’est pas posée pour autant. Le rythme, au contraire, est allé crescendo, et la sélection s’est opérée au fur et à mesure par l’arrière. Après avoir profité du soutien de Stefan Küng, Kevin Geniets et Valentin Madouas jusqu’au Col de la Ramaz, David Gaudu s’est ensuite accroché aux côtés des favoris, et s’est d’ailleurs joliment battu jusqu’au sommet pour basculer au sein d’un groupe d’une quinzaine d’hommes. Attentif dans la descente, le Breton n’a pas été mis en danger dans la transition vers le Col de Joux Plane. En revanche, lorsque le rythme s’est encore intensifié dès les premières pentes, le leader de la Groupama-FDJ a été contraint de laisser filer le groupe maillot jaune et monter à son train. En tête, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar se sont livré le duel attendu, mais ont finalement été surpris par Carlos Rodriguez au moment de basculer vers Morzine.

« On va retenter, et si ça ne marche pas, on recommencera », Thibaut Pinot

David Gaudu en a terminé six minutes après le vainqueur espagnol, en onzième position. « Ma journée en deux mots ? À fond, résumait-il à l’arrivée. C’était à fond du début à la fin, tout simplement. C’était dur, et je ne peux pas aller beaucoup plus vite. Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire. Ils sont montés très vite au pied de Joux Plane, et je ne pouvais pas suivre. J’étais déjà à la limite au moment de basculer au sommet de la Ramaz. J’étais dans une journée un peu moins bonne aujourd’hui, et ça ne pardonne pas sur le Tour ». « David est à son meilleur niveau, il est même plus fort que l’an passé, confiait Philippe Mauduit. C’est comme ça, c’est le sport de haut-niveau. De temps en temps, on tombe sur des os et on n’arrive pas à les ronger. Les garçons font tout ce qu’il faut, ils font le job mais ça ne suffit pas ». Au terme d’une étape qui a éliminé certains prétendants au général sur chute, d’autres sur défaillances et créé d’énormes écarts, David Gaudu demeure dans le top-10 du classement général (10e). Mais le Breton a désormais d’autres ambitions. « On va vite oublier cette journée et se concentrer sur demain », ajoutait-il.  « On va retenter, et si ça ne marche pas, on recommencera », assurait Thibaut.  « On reste ambitieux, concluait Philippe. On veut prendre une échappée qui nous permettrait de remporter cette étape ».

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