Au sommet du Mont Bouquet ce samedi, Alexys Brunel n’a pas récupéré les fleurs traditionnellement remises au leader. Le Nordiste a été contraint de céder le maillot corail, qu’il portait depuis trois jours, à Benoit Cosnefroy (AG2R-La Mondiale). Toutefois, grâce à une belle montée et des écarts limités, le jeune homme de 21 ans reste complètement dans la bataille pour la victoire finale, à la veille du contre-la-montre d’Alès, bien plus dans ses cordes que l’ascension du jour.

Comme Thierry Bricaud l’avait annoncé au terme de la troisième étape, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a laissé la responsabilité de la course à d’autres ce samedi lors de l’étape reine de l’Etoile de Bessèges. Et comme attendu, c’est la formation AG2R-La Mondiale de Benoit Cosnefroy, pointé à trois secondes d’Alexys Brunel au départ, qui a contrôlé les sept échappés du jour, en l’occurrence Dimitri Claeys (Cofidis), Simon Clarke (EF Education First), Kamil Malecki (CCC Team), Ben O’Connor (Team NTT), Maxime CAM (B&B Hôtels-Vital Concept), Lionel Taminiaux (Bingoal-Wallonie-Bruxelles) et Jose Gonçalves (Nippo Delko One Provence). Bien muselés, les fuyards du jour n’ont jamais compté plus de trois minutes d’avance, et leur écart s’est même réduit à 1’30 à l’approche des cinquante derniers kilomètres.

« Je savais ce dont j’étais capable » Alexys Brunel

Le Team NTT a dès lors joué son va-tout en lançant, en deux temps, trois hommes supplémentaires à l’attaque dans le Col du Trélis. « Valentin avait suivi et aurait dû être dans ce coup-là, explique Thierry. Mais ça tombe devant lui. Il a été gêné, ralenti, et c’est parti sans lui. C’est le jeu mais c’est dommage ». D’autant plus dommage que c’est de l’échappée, étoffée et ravivée par la NTT, que s’est extrait le vainqueur au sommet du Mont Bouquet, à savoir Ben O’Connor. Une quarantaine de secondes derrière, le peloton s’est lui progressivement écrémé au fil de l’ascension (4,5 km à 9%). « Le plan était que chacun fasse sa montée car il est difficile de s’organiser sur des pentes aussi raides, étaie Thierry. Au bout du compte, ils ont pu monter ensemble et c’est ce qui a fait leur force. Au final, ils limitent plutôt bien la casse ».

Paré du maillot de leader, Alexys Brunel s’est admirablement défendu et n’a concédé que trente secondes aux plus forts du peloton. Il s’est ainsi classé treizième au sommet, juste devant Kevin Geniets (16e) et Valentin Madouas (17e). « Honnêtement, j’ai fait une très belle montée, se félicitait à juste titre Alexys. J’ai été solide, je me sentais vraiment bien. J’en ai laissé un peu dans la partie raide à la flamme rouge, c’est un peu dommage, mais je suis très content d’avoir si bien limité la casse. Je sais que parfois, sur des montées sèches, je peux faire de très beaux efforts type chrono. Je savais ce dont j’étais capable. Et puis l’équipe a fait un travail incroyable pour nous placer au pied et pour nous garder au chaud toute la journée. On a fait une très belle course aujourd’hui ».

« Il n’y a plus de question à se poser » Thierry Bricaud

« Je ne suis pas surpris par la performance d’Alexys, tout simplement parce qu’il marche très bien en ce moment, affirme encore Thierry. On peut naturellement toujours espérer mieux, mais c’est un peu le scénario qu’on pouvait imaginer, le scénario logique. On perd le maillot mais on reste dans le match pour le général et c’est le plus important. On savait qu’Alexys allait perdre un peu de temps, et on s’était donné une fourchette de 30 secondes de retard maximum. Il y en 24 ce soir sur Cosnefroy, c’est très bien ». Et c’est donc sur les 10,7 kilomètres du contre-la-montre d’Alès, avec final sur la montée de l’Ermitage, que se jouera ce dimanche le général de l’Etoile de Bessèges.

Double champion de France espoirs dans l’exercice du chrono, Alexys Brunel peut nourrir de véritables et légitimes ambitions de victoire finale. « Demain tout est jouable, sourit-il. Je serai sur mon terrain et j’ai hâte d’y être ». « Il n’y a plus de question à se poser, il faut tout lâcher et il y aura peut-être une bonne surprise au bout, conclut Thierry. J’ai vu les gars rapidement, et ils ont le sourire. Ils savent que c’est jouable demain. Si les jambes répondent comme depuis le début de semaine, on ne sera pas loin de titiller Cosnefroy. S’ils ne sont pas dans une bonne journée, il y aura quand même un podium en jeu (Brunel 2e, Geniets 5e). On est dans le match, c’est très bien ».