« Vous feriez mieux d’appeler Jake ! ». L’excellente deuxième place de Jake Stewart, habituel coureur de la « Conti », n’a pas échappé à Ramon Sinkeldam, convoqué comme le Britannique mais aussi Tobias Ludvigsson et Fabian Lienhard sur la troisième étape du Tour de France virtuel ce samedi. C’est toutefois bien auprès Néerlandais de 31 ans, fidèle lieutenant d’Arnaud Démare, que nous avons souhaité prendre des nouvelles à un peu plus deux semaines de la vraie reprise.

Ramon, comment as-tu vécu cette course virtuelle?

J’ai été lâché après 15 minutes, plus ou moins. C’est un effort vraiment difficile pour un coureur comme moi, davantage du type sprinteur et qui est donc plus lourd. On doit envoyer les watts comme si on était en bosse. Sur Zwift, peu importe que ce soit plat, en descente ou en montée, il faut produire le maximum de W/kg. On ne profite jamais vraiment du phénomène d’aspiration du peloton comme dans une course réelle. En plus, dès qu’on perd le contact avec le peloton, on lâche beaucoup de terrain en très peu de temps. Alors, après avoir été décroché, j’ai roulé avec trois mecs puis avec un petit groupe qui comprenait Matthews et quelques autres. On entendait Jussi via la plateforme audio et il nous a dit que Jake avait réalisé un très bon résultat, mais on n’a pas pu voir la course. On ne savait pas vraiment ce qui se passait. On entendait seulement Jussi crier « Come on ! Come on ! ». On ne savait pas que Jake luttait pour la victoire. C’est vraiment une performance impressionnante de sa part. Quant à moi, même si je n’ai pas été contraint de rouler beaucoup sur home trainer, je connais relativement bien Zwift. J’ai d’ailleurs participé au Tour for All et je roule de temps en temps sur la plateforme. Mais je le fais surtout pour le plaisir car je sais qu’en raison de mon profil, je ne pourrai jamais faire de bon résultat. Malgré tout, ça reste un très bon entraînement.

Comme tu le disais, tu n’as pas eu à rouler beaucoup en intérieur, mais peux-tu nous raconter comment les quatre derniers mois se sont déroulés pour toi ?

C’était évidemment une période très difficile pour beaucoup de gens dans le monde, et ça l’était aussi pour nous cyclistes. D’un point de vue personnel, j’ai deux jeunes enfants qui n’ont pas pu aller à l’école et nous étions donc coincés à la maison toute la journée. En revanche, nous avons été un peu plus chanceux aux Pays-Bas car nous pouvions sortir nous entraîner. J’étais vraiment content de ça, même si on devait s’entraîner seul. Derrière, il fallait néanmoins trouver de la motivation… Or, notre routine habituelle a disparu du jour au lendemain. J’ai aussi roulé en intérieur, sur Zwift et d’autres plateformes. J’ai simplement essayé de rester en bonne forme, mais évidemment, on ne s’entraîne pas comme on en a l’habitude dans ces circonstances. Les intensités sont également plus faibles quand on ne sait pas quand on reprend. Lorsque nous avons su que ce serait pour août-septembre, on a compris qu’on pouvait y aller mollo. J’ai évidemment pu passer beaucoup de temps avec ma famille mais ceci étant dit, nous étions coincés à la maison. On ne pouvait pas sortir, aller dîner, aller au cinéma ou même au parc. D’une part, on a l’occasion de passer du temps avec son fils et sa fille, mais d’autre part, on ne peut pas faire les choses sympas qu’on peut faire quand on est libre.

À environ deux semaines des premières courses, la préparation bat-elle son plein ?

Depuis quelques semaines maintenant, j’ai repris un entraînement intensif dans le but de retrouver une bonne forme. Dès que la France a ouvert ses frontières, à la mi-juin, je m’y suis rendu. Mes beaux-parents ont une maison dans les Alpes, donc j’y suis resté près de deux semaines afin de m’entraîner en montagne, ce qui change complètement de la maison. J’ai été coincé ici pendant 3-4 mois, et c’est totalement plat dans le coin. C’était donc très agréable de s’entraîner dans un environnement différent, de faire des cols et de changer d’état d’esprit. J’ai pu me concentrer à nouveau pleinement sur le vélo au lieu de rentrer à la maison, fatigué de l’entraînement, et d’avoir à occuper les enfants, ce qui est super sympa mais peut aussi être épuisant. C’était vraiment sympa de changer d’endroit et on a aussi eu un très beau temps. J’étais là-bas avec Jesper Asselman, un autre coureur professionnel. Nous avons beaucoup grimpé, surtout étant donné le profil qui est le mien, mais le but n’était pas de faire le plus de dénivelé possible. Nous faisions simplement de bons efforts en montée et nous avons fait de belles sorties. Je pense que, bon an mal an, on a dû faire 2000 mètres de dénivelé par jour, soit 2000 de plus que ce que je fais chez moi (rires). J’ai pu me remettre dans le rythme, et quand je suis revenu, j’ai continué à faire des intensités sur mes routes ou sur les rouleaux. Je suis à la maison depuis quelques semaines maintenant, mais je repars pour un stage avec l’équipe en France dans quelques jours.

Quel est le programme des prochains jours et des prochaines semaines te concernant ?

La semaine prochaine, je m’attends à un stage hyper dur. On aura beaucoup d’heures et beaucoup d’intensités au menu étant donné qu’il ne durera qu’une semaine et qu’on devra en sortir quasi-prêts pour les courses. Normalement, je ferai le Tour de Burgos fin juillet, et je n’aurai donc que de la récupération entre le stage et mon voyage en Espagne. On ira ensuite en Italie pour Milan-Turin et Milan-San Remo. Ensuite, on fera des plus « petites » courses comme le Tour de Wallonie, le Tour du Poitou-Charentes, le Grand Prix de Fourmies ou le Tour de Luxembourg. Je serai là pour accompagner Arnaud. J’espère qu’il est complètement remis de sa blessure à la main et qu’il a repris l’entraînement intensif. Je crois que c’est le cas. J’espère simplement qu’on pourra se retrouver et décrocher de bons résultats ensemble dans les mois à venir. Chaque victoire, quelle qu’elle soit, sera importante pour l’équipe et pour tout le monde. On veut gagner autant que possible. Pour le moment, il est difficile de savoir où on se situe. Je me suis bien entraîné mais on ne sait jamais quel est le niveau au sein du peloton. Tout le monde est dans cette situation : à la fois nerveux, excité et impatient de courir, moi y compris. Il cependant difficile de dire exactement où on en est au niveau de la forme.

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