En compagnie de Bruno Armirail, Paul Penhoët et Hugo Page, le champion de France du contre-la-montre Benjamin Thomas participait ce dimanche à la toute dernière étape du Tour de France virtuel, dans les rues modélisées de Paris. Il a d’ailleurs tenté d’anticiper le traditionnel sprint des Champs-Elysées avant de se classer seizième de l’épreuve. À un peu plus de deux semaines de sa – vraie – reprise, nous sommes allés prendre de ses nouvelles.  

Benjamin, le coup du kilomètre sur les Champs-Elysées, c’était prévu ?  

En fait, les sprints sur Zwift se jouent beaucoup sur les PowerUps, qui sont les petits boosters du jeu, et je n’en avais pas ! Je savais que c’était donc quasi-impossible de jouer la gagne. Je me suis dit que j’allais essayer d’attaquer juste à la sortie du tunnel, où il y a un petit « taquet ». Et Bruno m’a suivi ! On ne s’est pourtant pas consultés. Je pense qu’il a simplement vu que j’étais en train d’attaquer et il m’a accompagné. Il a bien réagi, c’était bien vu de sa part. À deux, on a pu aller un peu plus loin. Sans doute que seul, à part de la publicité, je n’aurais pas fait grand-chose… On a donc pris quelques mètres d’avance mais c’était compliqué d’aller au bout. Ça roule très vite et avec l’effet de groupe, on s’est faits rattraper à 400 mètres. On s’est quand même bien amusés, c’était sympa, et ça a mis un peu de suspense dans le sprint (sourires). Je n’ai jamais fait les Champs en vrai, mais je pense que c’est assez proche de la réalité. Le faux-plat est vraiment usant, et inversement, on peut souffler un peu plus dans la descente. Il ne manque que les vibrations des pavés. Ça faisait en tout cas plaisir, même si ce n’était que virtuel, de se fatiguer sur un circuit comme celui-là.

On te sait plutôt adepte de ces courses virtuelles…

Pendant le confinement, j’en faisais assez régulièrement. Peut-être 2-3 par semaine, et j’y ai pris goût. En revanche, ça faisait longtemps que je n’avais pas « zwifté ». Ça doit remonter à début mai, quand on a pu reprendre sur route. La grosse difficulté, c’était en fait la chaleur. Au mois de mars/avril, il faisait bon en ouvrant la fenêtre. Maintenant, il fait 32°C, et malgré le ventilateur et un peu de « clim », il fait quand même bien chaud. Il faut bien se préparer car ça peut vite devenir très long et on peut finir avec un malaise ou un coup de chaud.  

En parlant du confinement, comment l’as-tu personnellement vécu ?

J’ai fait la première partie en France, avec ma famille. Je suis resté quinze jours chez mon frère. Ensuite, ayant une maison en Italie, il fallait bien que je revienne à un moment donné. J’ai fait le trajet en voiture fin mars et j’ai fini le confinement ici. J’ai ensuite profité du mois de juin pour retourner en France une dizaine de jours. L’arrêt de la saison m’a permis de passer un peu de temps en famille, de rouler avec mon frère. Ça m’a fait du bien. C’est une pause que je n’aurai plus pendant un long moment donc j’en ai profité d’autant plus. J’ai pris le confinement et le report des courses avec assez de recul et de philosophie. Je pense qu’avoir réussi mon premier objectif de l’année au Mondial (champion du monde de l’Omnium, ndlr) m’a aussi enlevé une petite pression. Malgré tout, j’avais forcément envie de continuer à courir et de profiter de ma forme. Il y avait de belles courses à venir et c’était dommage de ce point de vue, mais je me suis tout de suite tourné vers la suite de la saison. Ce report va me permettre d’établir de nouveaux objectifs et de découvrir de nouvelles courses, ce que je n’aurais pas forcément pu faire s’il y avait eu les J.O, et ça me convient bien ainsi.

Comment s’est déroulée ta préparation jusqu’à présent ?

J’ai repris sur route le 4 mai, une semaine avant la France. C’était très progressif, avec beaucoup d’endurance et des sorties assez cool au début. Au mois de juin, on a recommencé à travailler la force, le sprint, à faire de légères intensités, mais il était surtout question de volumes pour faire les bases. Juillet a été bien plus dur en termes d’intensités. Je sors d’un stage personnel en altitude de vingt jours à Livigno. J’ai pu faire du dénivelé, de bons cols et de belles sorties. C’est le troisième stage que je fais là-bas. Je devais normalement aller en Sierra Nevada en mars mais ça a été annulé en raison du confinement. Or, c’était important pour moi de faire un stage en altitude, non seulement pour ma préparation mais aussi pour m’habituer à cette pratique. Ce n’était possible qu’en juillet, l’inconvénient étant qu’il me faisait manquer le stage collectif. Néanmoins, j’ai réalisé trois semaines intensives. Si j’avais enchaîné tout de suite avec le stage équipe, qui est aussi très lourd, il n’aurait pas été possible de bien encaisser toutes ces charges. On a donc fait ce choix. Aussi, à la sortie de ce stage, j’avais besoin de revenir à la maison pour récupérer. Faire autrement m’aurait usé mentalement, et ce n’est pas ce qu’on recherche à l’aube de la reprise. En tout cas, le niveau physique est déjà très bon. Je pense qu’on a fait les choses bien et j’ai vraiment de bonnes sensations à l’entraînement. Je pense que c’est aussi le fruit du travail des entraîneurs et de leur planification. Il n’y a plus qu’à voir le résultat sur les courses…

Peux-tu justement nous parler un peu de ton programme?

Je prépare gentiment les objectifs du mois d’août, et notamment les championnats de France. Toutes les courses où je serai aligné me plaisent et j’espère être en forme dès la reprise. C’est un programme qui va me permettre de bien monter en puissance. Je commencerai avec le Tour de Pologne, où je pourrai faire de bonnes charges de travail. Ensuite, le Tour de Lombardie, à côté de chez moi, approchera les 250 kilomètres. Ce sera une bonne répétition avant les championnats de France. À la fin du mois il y aura aussi le Tour du Poitou-Charentes, avec un contre-la-montre. C’est un mois d’août qui me plait, avec des courses où je peux briller et qui me correspondent. J’ai déjà bien commencé à préparer le championnat de France du chrono. J’avais d’ailleurs emmené mon vélo de chrono pour mon stage en altitude. Anthony [Bouillod] est aussi venu un jour pour qu’on prépare ça avec une séance de derrière moto. Depuis le mois de mai, j’ai roulé une bonne dizaine de fois sur mon vélo de chrono en faisant des exercices et des simulations. La préparation se passe bien et c’est clairement un objectif que j’ai en tête. On n’a pas encore reconnu le parcours mais on sait qu’il me correspond, avec une quarantaine de kilomètres et un peu de dénivelé. Ce n’est pas tout plat, ça m’avantage. C’est un beau circuit. Si je peux rééditer la performance de l’année dernière, je ne vais pas m’en priver. Le chrono Mondiaux sera lui très plat, taillé pour un homme puissant, comme Stefan. Pour ma part, si je suis en forme à ce moment-là et que j’obtiens ma place, ce sera un plaisir de faire un troisième championnat du monde contre-la-montre. C’est toujours un honneur d’être sélectionné et de donner le meilleur pour son pays.

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