Stefan Küng a eu le temps de croire en son heure de gloire sur le Tour de France ce mercredi. À l’occasion du premier contre-la-montre de la Grande Boucle, disputé sur les terres mayennaises de son manager Marc Madiot, le champion de Suisse et d’Europe de la discipline a longtemps dominé les débats entre Changé et Laval. Seulement, Tadej Pogacar est venu doucher ses espoirs dans les ultimes minutes de course, et le vainqueur du Tour a d’ailleurs été le seul homme à rouler plus vite que « King Küng » dans cette cinquième étape. Une place de dauphin naturellement frustrante, mais à charge de revanche… David Gaudu s’est pour sa part joliment défendu à l’occasion de ce premier rendez-vous crucial.

« Je n’ai aucun reproche à me faire », Stefan Küng

Le Tour posait ce mercredi ses valises au pays des frères Madiot, et pour l’occasion, l’équipe nourrissait d’ailleurs de vraies ambitions à travers son grand spécialiste du contre-la-montre Stefan Küng. « Il est toujours difficile d’être prophète en son pays », tempérait Marc au matin de l’étape. Pour autant, le circuit pour hommes forts entre Changé et Laval, sur 27,2 kilomètres, entrait largement dans les cordes de son champion d’Europe. « Stefan va se faire plaisir », assurait même Arnaud Démare, premier coureur de l’équipe à s’élancer, après avoir bouclé son chrono. Lorsque la machine suisse s’est présentée sur la rampe de départ, le Danois Mikkel Bjerg détenait encore le meilleur temps, et le ciel se dégageait enfin après un épisode légèrement pluvieux. Stefan Küng est alors entré en mission sous les coups de 15h31, et la menait déjà parfaitement après dix kilomètres. Il comptait ainsi neuf secondes d’avance au premier point intermédiaire. Il portait cet écart à vingt-quatre au second « check-point » et s’en allait, en puissance et en styliste, effacer la meilleure marque à l’arrivée pour trente-six secondes. « Je me suis senti super bien, assurait-il quelques minutes plus tard. C’est le genre de parcours où il faut tout le temps aller à fond, mais pas trop non plus au risque d’exploser. Je pense avoir plutôt bien géré et j’espère que ce sera suffisant pour la victoire ».

Pendant près d’une heure, cela a paru être le cas. Une poignée de coureurs se sont certes rapprochés de sa performance, mais tous ont fini par coincer. Son plus grand adversaire sur le papier, Wout van Aert, n’a lui-même pu tenir le rythme sur l’ensemble du tracé. C’est finalement d’un concurrent pour le classement général que le danger s’est présenté, et s’est surtout et malheureusement pour lui confirmé. En tête au premier puis au second intermédiaires, Tadej Pogacar a ainsi délogé Stefan Küng pour dix-huit secondes sur la ligne. Décontenancé de prime abord, le rouleur helvète s’est ensuite montré beau-joueur. « On avait déjà vu l’an passé sur le chrono de la Planche des Belles Filles ce dont il était capable, glissait-il. Il est arrivé prêt sur le Tour et c’est selon moi le meilleur coureur du monde. Il était très fort, alors chapeau à lui pour sa performance. On a tous fait un super job, on s’est tous donnés à fond. Je n’ai aucun reproche à me faire. J’ai fait ce que je pouvais et ce que je voulais. Forcément, il y a de la déception car je suis venu pour gagner et non pas pour faire deuxième. Maintenant, le Tour n’est pas fini. Il reste un chrono et j’espère que ses adversaires vont le fatiguer un peu dans la montagne et que je pourrai prendre ma revanche ».

« On est presque là où voulait être », Marc Madiot

Deuxième d’étape pour la deuxième fois de sa carrière sur la Grande Boucle, Stefan Küng aspirera à davantage dans les vignobles de Saint-Émilion. En attendant, le local Marc Madiot tentait de voir le verre à moitié plein. « On est presque là où on voulait être, glissait-il. Il ne manquait pas grand-chose. Il n’y a rien à redire au niveau de l’accompagnement, du matériel, ou de la gestion. Je pense que Stefan a fait le chrono parfait. Un gars était juste plus fort que nous, mais le reste a été exécuté de manière exceptionnelle. C’est plutôt une bonne journée avec la deuxième place de Stefan et la bonne course de David, qui reste dans le top 20 du général et qui est bien au contact des meilleurs. C’est une situation très intéressante en vue des prochains événements déterminants du Tour ». Ce mercredi, le Breton a limité la casse en parcourant le chrono en 34’14’’. Il est ce soir 17e du général à 2’35 de Mathieu van der Poel, mais à moins d’une minute du top 10. « Je suis satisfait, confirmait-il. Je pense que j’étais même au-dessus des plans du départ en ce qui concerne les watts. Je suis content de mon chrono, et c’est un bon début de Tour de manière générale. Tout le monde est appliqué. Ça n’a pas scoré pour Stefan aujourd’hui, mais je pense que tout le monde a les jambes dans l’équipe et ce serait bien de concrétiser demain avec Arnaud au sprint ». « On va rester concentrés et aller chercher une victoire d’étape le plus vite possible, peut-être dès demain avec Arnaud s’il a récupéré toutes ses facultés », terminait Marc.

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