Au lendemain de l’étape reine du Tour de Suisse, fatale à Romain Grégoire et son maillot jaune, le peloton s’élançait ce vendredi pour 186 kilomètres relativement indécis en terres helvètes. Si les purs sprinteurs espéraient enfin s’exprimer, le début de course accidenté pouvait laisser entrevoir un autre scénario à cette journée. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ souhaitait clairement s’inscrire dans cette deuxième option. « J’avais dit hier soir qu’on allait poursuivre sur notre ambition initiale de remporter des étapes, on était prêt à se lancer dans la bagarre, et Stefan l’a fait dès le départ avec Romain, commentait William. On s’est tout de suite retrouvé avec deux coureurs dans une échappée de quatre. Cela illustre l’état d’esprit de l’équipe ». « Je pense que si l’étape n’avait pas été dans ma région, je n’aurais pas essayé de prendre l’échappée, car j’avais déjà mal aux jambes au départ, souriait Stefan. Il n’était pas non plus prévu que Romain m’accompagne. Une fois dans l’échappée, je lui ai dit qu’il pouvait se relever après avoir beaucoup donné ces derniers jours. Il m’a dit : non, je roulerai aussi longtemps que je le pourrai. »

Malheureusement pour le quatuor, l’échappée ne s’est pas davantage étoffée dans les reliefs présents du kilomètre 40 au kilomètre 80. « C’était la seule opportunité pour les sprinteurs aujourd’hui, expliquait Stefan. Dès le départ, on pouvait déjà s’apercevoir que beaucoup d’équipes étaient intéressées par le sprint massif. On a entendu qu’il y avait du mouvement derrière nous, et s’ils avaient réussi à creuser un petit écart, on aurait pu attendre, mais ça n’a pas été le cas ». « La majeure partie de la journée était vent de face, donc on aurait préféré être plus nombreux, mais il nous était impossible de nous arrêter pour attendre les contre-attaques, au risque que l’échappée soit reprise, confirmait William. C’est dommage, mais le peloton ne souhaitait pas plus de quatre coureurs à l’avant. L’écart ne nous a pas permis d’attendre les poursuivants et on s’est donc engagé à quatre pour faire de notre mieux ». Après avoir compté un avantage maximal de trois minutes, l’échappée ne comptait déjà plus que deux minutes à la suite des principales difficultés du jour, alors que cent bornes restaient encore à effectuer.

La lutte à distance, coriace, entre les hommes de tête et le peloton, a donc animé toute l’étape. « C’est difficile sur ces grandes routes, très exposées, mais on savait que si on arrivait au km 145 avec un écart raisonnable, tout était encore possible, puisqu’on retrouverait un vent de dos jusqu’à l’arrivée, expliquait William. Romain était évidemment un peu fatigué après sa semaine, mais je lui ai dit que sa ligne d’arrivée était à ce point précis et qu’il devait donner le maximum jusque-là. Il a d’ailleurs passé un gros relais de cinq minutes avant d’être lâché, ce qui a fait monter l’écart. Chapeau à Romain. C’est non seulement un excellent coureur, mais aussi une bonne personne et un formidable coéquipier ». « Il a fait un gros relais pour terminer son travail, ajoutait Stefan. Cela dit tout de sa mentalité et de sa personnalité. C’est un super mec qui donne toujours tout, que ce soit pour lui ou pour l’équipe ». Le Bisontin s’est alors laissé détacher à 44 kilomètres du terme, puis Stefan Küng, Mauro Schmid et Harrison Sweeny ont tout donné en direction de Neuhausen am Rheinfall, tandis que plusieurs équipes collaboraient intensément en tête de peloton.

L’écart est malgré tout tombé à une minute à trente bornes du terme, et les secondes ont continué à s’égrener en faveur de la meute, malgré une implication de tous les instants en tête. « Ça peut paraître bizarre, mais j’ai retrouvé un peu mes jambes pendant l’étape et je sentais que je pouvais vraiment appuyer sur la fin, confiait Stefan. Tout le monde collaborait super bien, on n’avait pas besoin de se parler, chacun roulait de toutes ses forces. Le rythme était soutenu toute la journée, on n’a jamais pu récupérer, et sur ces routes rapides, le peloton était forcément avantagé. Mais tant qu’on est devant et qu’il nous reste quelque chose dans les jambes, il faut se donner à fond ». L’échappée est ainsi parvenue à conserver trente secondes à quinze bornes du but, vingt secondes à huit kilomètres et possédait encore dix secondes à l’entrée dans les 3000 derniers mètres de la journée. Ce n’est finalement que sous la flamme rouge que le peloton a réussi, au bout de l’effort, à récupérer les trois rescapées d’une époustouflante échappée. « Comme sur l’Omloop, il a manqué un kilomètre à Stefan, disait William. C’est une vraie déception, d’autant qu’on était proche de chez lui et que sa famille était là pour le soutenir ».

Le sprint tant désiré et âprement obtenu par le peloton s’est donc profilé, et Lewis Askey est alors entré en jeu. « On a fait une course parfaite, expliquait Lewis. Le plan était de mettre Stefan dans l’échappée et ça a presque marché. La journée a été difficile dans le peloton à cause de ça, mais c’était mieux pour moi car les sprinteurs étaient un peu entamés. J’ai voulu attaquer dans la petite montée dans le dernier kilomètre, mais la vitesse était trop élevée et c’était assez chaotique. J’ai réussi à remonter mais je me suis peut-être retrouvé trop tôt devant, et j’ai été un peu coincé quand Redbull est revenue avec de la vitesse. Mais j’avais de bonnes jambes dans le sprint et j’ai réussi à remonter pour la troisième place. Je suis content de ma journée. Je suis d’habitude sur les rotules à la fin d’une semaine comme celle-ci, mais je me sens encore plutôt bien, et c’est agréable de voir les progrès d’une année à l’autre ». « C’est une excellente performance de Lewis, d’autant qu’il n’avait pas beaucoup de soutien dans le final, complétait William. Il est en pleine forme et a signé notre cinquième top 5 sur ce Tour de Suisse. La vraie satisfaction de la journée, c’est la façon dont l’équipe a réagi après l’étape d’hier. Je leur avais dit lors du briefing qu’un nouveau Tour de Suisse commençait, qu’il fallait s’amuser et faire la course. Et c’est ce que tout le monde a fait ».

A lire dans cette catégorie…

0

  • #Tour de Suisse
 - étape 8
0

  • #Tour de Suisse
 - étape 7
0

  • #Tour de Suisse
 - Étape 5