Il commençait naturellement à s’y attacher, mais ce jeudi, Romain Grégoire n’a rien pu faire pour conserver son maillot jaune de leader sur le Tour de Suisse. Lors de la cinquième étape, la plus difficile de la semaine sur le papier, le Franc-Comtois a accusé le coup dans les deux dernières ascensions de la journée. Relégué à près de sept minutes du vainqueur Oscar Onley malgré une abnégation sans faille et le soutien de Valentin Madouas, le Bisontin a reculé au treizième rang du général. Pour autant, de belles opportunités se présentent ces deux prochains jours pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ.
Deux passages à plus de 2000 mètres d’altitude, près de 4000 mètres de dénivelé positif et une arrivée au sommet. Aucun doute, c’est bien l’étape reine du Tour de Suisse 2025 à laquelle devaient faire face les coureurs ce jeudi en direction de Santa Maria in Calanca. Romain Grégoire, maillot jaune depuis dimanche, s’apprêtait lui à affronter un nouveau challenge de taille, et cela s’est confirmé dès le départ. « Il y avait une première montée vraiment difficile après seize kilomètres, exposait William Green. Un groupe de douze s’est d’abord extirpé avec Lewis. On voulait être dans l’échappée et anticiper, de manière à ce que Romain ait du soutien plus tard. C’est finalement revenu, et dans la montée, un groupe s’est détaché avec des grimpeurs de haut niveau, dont Vlasov, Bilbao, Powless. Le peloton a explosé dans ce premier col, et il a fallu près de trente kilomètres de descente pour que tout se remette en ordre. Puis UAE Team Emirates a immédiatement pris les commandes, comme prévu ». Après soixante-dix kilomètres, le peloton a franchi le Passo del San Bernardino (7,5 km à 6%) deux minutes derrière l’échappée, et une petite cinquantaine de coureurs demeurait encore dans le paquet principal. « Romain a monté les deux premiers cols de la journée dans les premières positions, et tout se passait bien jusque-là », ajoutait William.
« Valentin a fait un travail incroyable », William Green
Une longue descente a par la suite amené les coureurs jusqu’au pied de l’ascension de Castaneda (4,5 km à 10%), à franchir par deux fois dans les trente derniers kilomètres. La formation UAE Team Emirates a poursuivi son forcing dès les premières pentes, et à environ deux kilomètres du sommet, Romain Grégoire a été contraint de laisser filer ses principaux rivaux. « J’ai perdu pied assez rapidement dès le premier tour, et ça m’a complètement lâché, confiait-il. Je n’avais plus d’énergie du tout. Ce n’était pas forcément plus compliqué que ce que je pensais, mais j’avais moins de force que ce que j’espérais. Hier, j’ai sauvé mon maillot, mais je pense que je suis allé chercher assez loin dans mes réserves. Je n’avais plus les jambes aujourd’hui. Dès le début d’étape, j’ai senti que ça n’allait pas le faire ». Au moment de basculer, le Bisontin affichait déjà un retard d’une minute trente, et s’efforçait, tant bien que mal, de suivre la roue de son coéquipier Valentin Madouas. « Valentin a fait un travail incroyable, disait William. Dans les sept kilomètres de transition avant la montée finale, il a repris trente secondes au groupe de tête. Au pied, il était encore possible de conserver un bon classement général. Malheureusement, ce n’était pas le jour de Romain. Il n’était pas au top dès le départ, on a continué à y croire, mais il a simplement explosé dans la dernière montée ».
« J’étais complètement mort », Romain Grégoire
Pointé à tout juste une minute des favoris avant la seconde montée de Castaneda, plus longue de deux kilomètres, Romain Grégoire n’a pas été en mesure de revenir dans le match. « Valentin m’a bien aidé à limiter la casse, je l’en remercie, mais j’ai été livré à moi-même sur la dernière ascension, et de tels pourcentages ne mettent pas, soufflait-il. Je n’arrivais même plus à tenir un rythme que je tiendrais à l’entraînement. Je n’ai rien pu faire, j’étais complètement mort ». En souffrance mais malgré tout combatif dans cette ultime ascension, Romain Grégoire a rallié l’arrivée 6’53 après Oscar Onley et abandonné son maillot jaune à Kévin Vauquelin, rétrogradant à la treizième place du général. « Je ne m’étais pas fait d’illusions, même si j’espérais limiter la casse un peu plus que ça, glissait le jeune homme. Le Tour de Suisse est tout de même réussi avec cette victoire d’étape, mais j’ai maintenant envie de récupérer et de penser à la suite ». « Romain et toute l’équipe ont fait preuve d’un grand respect pour le maillot, soulignait William Green. Désormais, deux étapes très intéressantes se profilent. Tout le monde a encore le sourire et a hâte de repartir demain. On va continuer avec notre objectif initial : viser des étapes. Jusqu’à aujourd’hui, on n’avait pas terminé en dehors du top 5, il ne faut pas l’oublier, et on espère renouer avec cette dynamique ces deux prochains jours ».
