Son retour au plus haut-niveau est définitivement acté. Après une reprise encourageante sur le Tour de Romandie, Rudy Molard a en effet signé son tout premier podium de la saison ce samedi à l’occasion du Tour du Finistère. Le puncheur français, absent plusieurs mois en raison d’une sérieuse commotion cérébrale, s’est ainsi classé troisième d’un sprint en comité réduit à Quimper. Il s’agit même de son meilleur résultat depuis sa médaille d’argent lors des championnats de France l’an passé. Joshua Golliker a pour sa part passé la majeure partie de la journée dans l’échappée et reçu le prix des sprints intermédiaires.

C’est un grand soleil qui accueillait les coureurs en Bretagne ce samedi pour la onzième manche de la Coupe de France FDJ que constituait le Tour du Finistère. Paul Penhoët n’était pas présent pour défendre son titre, mais l’Équipe cycliste Groupama-FDJ alignait un joli groupe autour de Sam Watson, Rudy Molard, Quentin Pacher, Thibaud Gruel, Eddy Le Huitouze, Sven-Erik Bystrom et Joshua Golliker. Très vite, c’est ce dernier qui s’est signalé en intégrant une échappée de quatre coureurs aux côtés de Célestin Guillon (Van Rysel-Roubaix), Antonio Jesùs Soto (Equipo Kern Pharma) et Jonathan Couanon (Nice Métropole Côte d’Azur). « Il y avait quelques épouvantails sur la liste de départ, comme Zingle, Coquard, Cosnefroy ou Strong, exposait Philippe Mauduit. Puis, il y avait quelques beaux collectifs comme le nôtre ou celui d’Uno-X. Les favoris étaient assez isolés, et si nous n’avions pas le meilleur sprinteur du peloton, les autres allaient sans aucun doute compter sur nous pour rouler à un moment donné. Je ne voulais pas qu’on se mette dans cette situation, car malgré tout, Rudy vient tout juste de reprendre la compétition, et Thibaud et Quentin sortaient de coupure. Joshua a donc bien assuré en prenant l’échappée, et ça nous a permis de ne pas avoir à rouler. Ils ont obtenu jusqu’à huit minutes mais je pense que tout est resté sous contrôle, car avec près de 3400 mètres de dénivelé, on savait que ça allait être compliqué pour quatre coureurs ».

« L’important était de se battre jusqu’à la ligne, et Rudy l’a très bien fait », Philippe Mauduit

Sur son chemin, le jeune Anglais en a profité pour remporter l’ensemble des sprints intermédiaires, au nombre de six. À quarante kilomètres du terme, le quatuor est entré sur le circuit de Quimper avec plus de trois minutes d’avance, mais c’est d’abord un homme seul, Idar Andersen, qui les a rejoints. Le Norvégien a insisté et Joshua Golliker a été contraint d’abandonner sa place à l’avant. Dans les vingt derniers kilomètres, c’est finalement une chasse derrière le coureur d’Uno-X qui s’est orchestrée. « On voyait bien qu’il y avait plusieurs équipes intéressées pour aller rouler et que tout se mettait en place, donc on a pris le parti pris de laisser faire et de tout jouer dans le sprint comme ça se passe souvent ici, ajoutait Philippe. Le placement était important, mais c’est aussi une course où il ne faut pas arriver trop en tête au pied de la dernière bosse, car il y a toujours des coureurs qui reviennent de derrière avec l’élan de la descente et l’aspiration ». Idar Andersen a finalement été avalé dans le faux-plat précédant la flamme rouge, puis se sont présenté les dernières pentes, qui ont réduit le peloton à une vingtaine d’hommes. « On savait qu’on était un peu en-dessous de Strong, Zingle ou Cosnefroy au sprint, reprenait Philippe. C’est la fraîcheur qui devait parler. Quentin nous a annoncé qu’il n’était pas au top dans le final. Il a fait tout ce qu’il a pu pour accompagner ses copains, puis c’était un sprint au courage et à l’énergie. L’important était de se battre jusqu’à la ligne et Rudy l’a très bien fait ».

« C’est une petite victoire sur moi-même », Rudy Molard

Au terme d’un sprint à l’arrachée, Benoît Cosnefroy s’est imposé, mais Rudy Molard a réalisé une superbe remontée pour venir accrocher la troisième place du jour. Comme une petite renaissance. « Je suis très content, forcément, confiait l’intéressé, surtout quand je vois d’où je viens et où j’étais il y a deux mois. Je peux être vraiment satisfait de faire podium aujourd’hui, surtout sur une arrivée comme celle-ci, entouré de mecs rapides. C’est au-delà des espérances que j’avais ce matin. Je savais que j’avais passé un cap à l’entraînement après le Tour de Romandie, je sentais que la forme commençait à revenir, mais pas de là à faire podium aujourd’hui. Ça représente beaucoup pour moi. Ce n’est pas une victoire, c’est certain, mais j’ai quand même ressenti une certaine émotion en passant la ligne. C’est au moins une petite victoire sur moi-même de retrouver ce niveau-là ». « Cette troisième place n’a absolument pas un goût de victoire, assurait Philippe. Par contre, c’est un super résultat pour Rudy. C’est juste génial par rapport à tout ce qu’il a vécu depuis janvier. C’est la récompense de sa patience et du travail bien fait depuis plusieurs mois. Rien que pour ça, il mérite amplement ce podium. Il était déjà rassuré sur sa condition après le Romandie. Il est arrivé ici avec de la confiance, mais aller chercher une troisième place sur un parcours aussi exigeant, c’était loin d’être gagné au départ. Il n’a rien lâché et il est récompensé de tous ses efforts ».

Sur la ligne, Sam Watson (14e) et Quentin Pacher (19e) ont aussi accroché le top-20 ce samedi quand Rudy Molard obtenait son premier podium depuis près d’un an. « Ça me rend aussi optimiste pour la suite, ajoutait-il. Je vais continuer à bien travailler et j’espère continuer à progresser. Ce n’est que ma deuxième course, et j’espère revenir au top de ma forme. Il y a de belles échéances derrière, je fais le plein de confiance. Step by step, je franchis des petits caps et je suis très content ». Dimanche, il sera de nouveau sur le pont avec ses collègues du jour à l’occasion des Boucles de l’Aulne sur un tracé légèrement moins accidenté. « Il est difficile d’envisager le scénario de demain, concluait Philippe. Il a fait 27°C aujourd’hui. C’est la première fois de l’année qu’il fait aussi chaud et beaucoup de coureurs ont été pris de crampes. Il faudra voir comment chacun récupère. En général, ça accouche d’une souris à Châteaulin, mais il faudra être vigilant toute la journée ».  

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