Le Tour de Suisse entrait ce mercredi dans une nouvelle séquence. Après trois premières étapes favorables aux puncheurs/sprinteurs, un véritable col se profilait lors du quatrième acte. Une longue ascension de trente-cinq kilomètres, par paliers, devait emmener les coureurs au sommet du Splügenpass, à 2114 mètres d’altitude, et à l’issue d’un dernier étage de neuf kilomètres à près de 7,5% de moyenne. Suite à cela, une longue descente vers l’arrivée à Piuro était à maîtriser, et de nombreux coureurs ont voulu profiter du profil atypique de l’étape pour se donner une chance de l’emporter. Les deux premières heures ont ainsi été couvertes à plus de 52 km/h de moyenne. « On a été bien aidé par le vent de dos sur les 150 premiers kilomètres, expliquait Romain. Tout le monde avait envie de mettre quelqu’un dans l’échappée, aussi bien les équipes de leaders que ceux qui visaient l’étape, donc ça a bagarré pendant quasiment deux heures sans faire de différence ». « On a pris le départ de ce le Tour de Suisse avec l’objectif de gagner des étapes, et on visait notamment celle-ci, confiait William Green. On se disait aussi que ça pouvait être intéressant d’avoir un coureur devant pour aider Romain plus tard dans la course. On avait prévu d’être dans l’échappée aujourd’hui, et ça a aussi probablement contribué à ces deux heures de courses à toute vitesse ».

Un groupe de huit est finalement parvenu à se détacher après environ cent bornes de course, mais la longue portion ascendante de la journée n’a pas tardé à se présenter. L’avantage de l’échappée n’a pu atteindre les trois minutes, et certaines équipes ont durci dès les premières rampes. « Le peloton était encore assez conséquent avant la dernière partie de la montée, racontait William. Stefan, Lewis, Valentin et Romain étaient encore là ». En revanche, le paquet a explosé dès les premières pentes du Splügenpass à proprement parler. UAE Team Emirates a immédiatement imprimé un tempo infernal, des cassures se sont formées de toutes parts, et Romain Grégoire a dû boucher l’une d’entre elles pour raccrocher une première fois le wagon des favoris. Maillot jaune sur les épaules, le Franc-Comtois s’est férocement battu pour ne pas lâcher la première grappe de quinze coureurs, et est admirablement parvenu à le faire jusqu’à ce que se présentent les lacets des trois derniers kilomètres d’ascension. Joao Almeida a haussé le rythme, et le groupe tout entier a volé en éclats. Dès lors livré à lui-même, le coureur de la Groupama-FDJ s’est donné corps et âme jusqu’au sommet, qu’il a atteint avec 1’25 de retard sur le Portugais, et quarante secondes sur un groupe de huit poursuivants. « Romain a dépassé ses limites et nos attentes aujourd’hui, saluait William. Il s’est battu, non seulement dans la montée, mais aussi dans la descente ».

Lors des quarante kilomètres de descente, entrecoupés de quelques portions plates, Romain Grégoire n’a donc pu se permettre de relâcher la pression. « Comme prévu, j’ai perdu du terrain dans la bosse, mais j’avais heureusement Julian [Alaphilippe] avec moi, pointait Romain. Il m’a aidé à me sortir d’une belle galère et ça l’a fait ». C’est avec l’ancien double champion du monde, et Lennard Kämna, que le Bisontin est parvenu à se rapprocher peu à peu du groupe des poursuivants, et à finalement opérer la jonction après vingt kilomètres de poursuite acharnée. À l’issue de la descente, Joao Almeida possédait encore une quarantaine de secondes d’avance, et une autre course s’est mise en place. « Je savais que ça allait attaquer dans les dix derniers kilomètres car un groupe aussi conséquent ne pouvait pas s’entendre, confiait Romain. J’ai compris que garder le jaune jusqu’à dimanche sera compliqué donc je devais accepter que certains me reprennent du temps. Je devais me focaliser sur les coureurs les plus proches de moi au général, car ma mission du jour était de garder le jaune. C’est ce que j’avais de mieux à faire ». Si le groupe a gardé un semblant d’unité et de cohésion jusqu’à cinq bornes du but, Ben O’Connor et Oscar Onley ont ensuite profité d’une ouverture pour se faire la malle.

Au troisième échelon, Romain Grégoire a parfaitement couvert les contres de Kevin Vauquelin, et s’est finalement présenté sur la ligne une minute après Almeida et dix-huit secondes après O’Connor. Malgré les efforts concédés plus tôt, il s’est emparé de la cinquième de l’étape, et a surtout magnifiquement défendu son maillot. « Je suis complètement mort mais mission accomplie, souriait Romain. Ça n’a pas été facile, ça a même été chaud, mais ça l’a fait ! Je suis en jaune ce soir, et c’est le plus important ».« On ne peut pas avoir de regrets, affirmait William. Romain a fait une montée et une descente incroyables. C’est une performance impressionnante pour un coureur très talentueux. Il avait clairement une cible dans son dos aujourd’hui, ça promettait d’être un vrai défi, et il a tout donné. Chaque jour en jaune est un accomplissement pour Romain et l’équipe. On a certes perdu du temps sur Almeida, l’un des meilleurs grimpeurs du monde, mais on peut être satisfait de ce que Romain a fait aujourd’hui sur une vraie étape de montagne ». Au classement général, le puncheur tricolore compte toujours 25 et 29 secondes sur ses compatriotes Vauquelin et Alaphilippe, désormais 56 secondes sur O’Connor, et 2’07 sur Almeida. Jeudi, près de 4000 mètres de dénivelé devront être arpentés pour espérer continuer l’aventure en jaune. « Je vais bien me reposer et je ne penserai à demain que demain », concluait Romain.

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