Le classement général était censé très nettement s’éclaircir ce samedi dans une sixième étape vertigineuse sur le Tour de Catalogne. Si la course s’est avérée extrêmement difficile et que certains écarts ont bel et bien été réalisés après 4000 mètres de dénivelé positif, tout n’est pas encore entériné. Solide huitième de cette monstrueuse journée, à plus de deux minutes de Tadej Pogacar, Lenny Martinez a reculé de trois rangs au classement général (7e). Il ne pointe néanmoins qu’à six secondes de la quatrième place, et à une seconde seulement des deux coureurs qui le précèdent. Le circuit de Montjuic, dimanche, pourrait donc encore engendrer quelques changements.

Cinq ascensions répertoriées, dont l’une Hors Catégorie, une arrivée au sommet, 4000 mètres de dénivelé positif, et quasiment aucun mètre de plat. Tel était le programme de l’étape reine du Tour de Catalogne, qui emmenait ce samedi les coureurs de Berga à Queralt à travers 154 kilomètres en vue d’une explication musclée entre les prétendants au classement général. Car l’échappée n’a en effet jamais véritablement eu son mot à dire dans ce sixième acte. Bauke Mollema et Hugh Carthy sont certes parvenus à s’extraire assez rapidement, mais le peloton s’est immédiatement attaché à museler les deux hommes, ne laissant par ailleurs à quiconque l’opportunité de relancer en contre. Le duo de tête a pu franchir les deux premières difficultés avec deux minutes d’avance, mais le regroupement général s’est opéré dès la mi-course, juste avant d’attaquer le gros morceau de la journée : le Coll de Pradell (15km à 6,5%). Le peloton s’est d’abord morcelé, avant d’éclater complètement sur les cinq derniers kilomètres de montée à plus de 10% de moyenne. « C’est même Pogacar qui roulait, soufflait Lenny Martinez. En haut du col, on n’était plus beaucoup ». Ils étaient exactement douze en tête, à soixante bornes du terme, et le jeune Français tenait alors parfaitement son rang. Au terme d’une très longue descente et d’un bout de vallée, une vingtaine d’hommes ont toutefois fait leur retour de l’arrière, mais la Collada de Sant Isidre (5km à 8,7) s’est présentée dans la foulée et la sélection s’est opérée de nouveau.

« Je n’étais pas capable de sortir dans la vallée », Lenny Martinez

Lenny Martinez a d’abord bien soutenu le rythme de la Movistar, puis est parvenu à absorber la première offensive de Tadej Pogacar. Mais lorsque le Slovène a remis ça à trente bornes du but, pour s’engager dans un nouveau raid solitaire, le grimpeur de poche a logiquement marqué le pas derrière le leader de la course et Mikel Landa. « Je ne pouvais pas y aller, confiait Lenny. J’ai juste essayé de survivre avec le reste. Il fallait aussi en garder pour la dernière bosse, où tout pouvait encore se faire ». Vingt kilomètres de descente et de vallée séparaient néanmoins le sommet de l’avant-dernier col du pied de l’ultime ascension, et certains en ont profité pour s’extirper, tel Egan Bernal dans un premier temps ou Enric Mas peu après. Les autres favoris se sont davantage observés, au point de perdre plus d’une minute dans cette portion de transition. « Je n’étais pas capable de sortir tout seul dans la vallée comme Bernal ou Mas l’ont fait », disait Lenny. « On savait que ce serait un vrai match d’homme à homme dans le final, poursuivait Thierry Bricaud. Ça s’est attaqué dans la vallée, et Lenny a sans doute manqué d’un peu de vigilance et d’expérience. Il marchait bien, mais il s’est plutôt fait piéger tactiquement dans l’approche du final. Les circonstances de course n’ont pas été en sa faveur ».

« C’est un peu frustrant », Thierry Bricaud

C’est donc avec un débours conséquent sur ses concurrents au podium que le jeune Français a entamé l’ascension finale. Après les premières pentes, il s’est finalement dégagé avec Joao Almeida, Antonio Tiberi, Lorenzo Fortunato et Aleksandr Vlasov, mais les écarts n’ont pas grandement évolué. Un dernier kilomètre plus rapide lui a permis de revenir sur les talons de Mas et Harper, et de distancer quelque peu Vlasov, tout en arrachant la huitième place du jour, à 2’18 de Tadej Pogacar. « C’est le genre d’étape qu’on n’oublie pas, commentait-il peu après l’arrivée. Elle fait déjà partie des plus dures de ma carrière. C’était à fond tout le temps ». Pour une poignée de secondes, Lenny Martinez a malheureusement perdu trois places au classement général, passant de la quatrième à la septième position. Il compte ce samedi soir six secondes de retard sur Vlasov, quatrième, et une seconde seulement sur Mas et Harper, cinquième et sixième. « C’est un peu frustrant pour lui, et ce n’est pas cher payé pour son niveau de la semaine, ajoutait Thierry. À la pédale, sa place est dans les cinq, c’est sûr, mais c’est la course. Il est à quelques secondes de faire beaucoup mieux. On fera les comptes demain, ce n’est pas fini, mais il aura quoi qu’il arrive fait un beau Tour de Catalogne ». L’ultime chance de grimper dans la hiérarchie sera à saisir autour de la capitale catalane, Barcelone, et de son circuit de Montjuic ce dimanche. « J’ai fait l’étape l’an passé, concluait Lenny. Pogacar va probablement sortir et derrière il se peut que ça se court dessus. La bosse est courte, mais je suis prêt ».

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