Pour la deuxième journée consécutive sur l’Étoile de Bessèges, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ était représentée à l’avant de la course. Et de nouveau, c’est un ancien pensionnaire de la « Conti », en l’occurrence Alexys Brunel, qui s’est mis en valeur. Vainqueur d’étape sur l’épreuve l’an passé, le Nordiste de 22 ans a crânement tenté sa chance ce samedi, mais il est tombé sur un os en la personne de Filippo Ganna dans les derniers kilomètres. Il a finalement  été repris par le peloton dans l’arrivée en bosse à Saint-Siffret, où Jake Stewart et Benjamin Thomas ont terminé aux 20e et 21e places. Le Britannique, toujours maillot blanc, pointe à la septième position du général à la veille du contre-la-montre final à Alès.

« Alexys a été opportuniste », Thierry Bricaud

Au départ de Rousson ce samedi après-midi, le scénario de la quatrième étape de l’Étoile de Bessèges apparaissait très incertain tant les équipes du plateau nourrissaient des ambitions diverses. Du côté de la Groupama-FDJ, le plan d’attaque était limpide. « Aujourd’hui, l’idée était de permettre à Jake d’aller faire son sprint, mais nous voulions aussi être vigilants en début de course en cas de formation d’une belle échappée, expliquait Thierry Bricaud. On avait prévu d’accompagner les bons coups, notamment avec Benjamin ou Alexys qui ont de bonnes jambes. Alexys a été opportuniste et ils sont d’abord sortis à trois – trois bons rouleurs d’ailleurs -, et même s’ils n’étaient au final que cinq devant, le coup restait jouable ». D’abord accompagné de Filippo Ganna (Ineos Grenadier) et d’Anthony Perez (Cofidis), après une dizaine de kilomètres, le jeune homme de 22 ans a ensuite vu les Belges Dries De Bondt (Alpecin-Fenix) et Ludovic Robeet (Bingoal-Wallonie Bruxelles) opérer la jonction. Il relatait ainsi : « Si l’occasion se présentait, je pouvais y aller, même si ce n’était pas la priorité du jour. Mais quand j’ai vu Ganna partir, j’ai immédiatement pris la roue. Je me suis dit « si ça suit tant mieux, sinon ce n’est pas grave ». Mais vu comme ça roulait vite, je ne pense pas que beaucoup pouvaient suivre. Et c’est comme ça qu’on est parti ».

Conscient du danger représenté par le groupe de tête, le peloton n’a jamais accordé un avantage conséquent aux cinq audacieux, qui n’ont que rarement bénéficié d’un écart supérieur aux deux minutes. « Malgré ça, je savais qu’ils allaient occuper le peloton dangereusement jusqu’à l’arrivée, et c’est ce qu’il s’est passé », confirmait Thierry. « Quand j’ai vu les loustics (sic) avec qui j’étais, j’ai compris qu’on pouvait aller loin, poursuivait Alexys. Quand tu te retrouves avec Ganna, tu sais ça peut le faire si on le gère bien. Et il y avait d’autres bons rouleurs, c’était royal ». À l’entame de la dernière heure de course, le quintette ne comptait toutefois plus qu’une minute et trente secondes d’avance. Il a finalement patienté jusqu’aux trente derniers kilomètres pour engager son bras de fer face au peloton. Ce dernier a dès lors peiné à réduire l’écart, mais trois hommes ont néanmoins réussi à revenir de l’arrière lors de l’avant-dernier passage sur la ligne : Anthony Turgis, Pierre Latour et Alberto Bettiol. La lutte à distance s’est ainsi prolongée avec un groupe étoffé, mais la situation de course a drastiquement évolué lorsque Filippo Ganna s’est fendu d’une puissante accélération, sur le plat, à moins de neuf kilomètres du but. « Un coureur laisse un trou à Ganna après un relais et il s’en va comme ça, c’est dommage, regrettait Alexys Brunel. Si on ne lui laisse pas ces quelques mètres, la course peut être différente. Il aurait fallu y aller tout de suite, mais je pense que ce n’était pas vraiment à moi de faire l’effort. J’étais échappé toute la journée. Ensuite, nous n’avions plus la force pour boucher l’écart ».

« C’est dommage de ne pas être récompensé », Alexys Brunel

Assez logiquement, une fois parti, le champion du monde du contre-la-montre et quadruple vainqueur d’étape sur le Giro 2020 n’a plus été rejoint. Pas plus par le peloton que par la poursuite, d’ailleurs avalée dans les ultimes hectomètres de l’arrivée en montée. « On se fait reprendre à 300 mètres, ce n’est pas énorme, ajoutait Alexys. C’est dommage de ne pas être récompensé d’une aussi belle journée mais ce sont des choses qui arrivent, malheureusement. C’était quand même une belle étape et ça fait plaisir d’être à l’avant. J’étais très déçu de ne pas y être hier alors que j’avais les jambes pour être avec les meilleurs. Ça me rassure ». « Alexys marchait très bien aujourd’hui, mais ça fait trois jours qu’il marche très bien, soulignait Thierry. Il est dans une bonne dynamique. Quand on voit comment Ganna est sorti pour gagner, il n’y a pas à rougir. Alexys a fait ce qu’il a pu mais ils sont tombés sur un des meilleurs coureurs du monde. Il y a une pointe de déception pour Alexys de ne pas conclure avec une petite place. Un top 5 aurait été un joli clin d’oeil mais c’est le jeu ». Derrière le soliste italien, c’est Christophe Laporte qui a réglé un petit peloton au sein duquel ont fini Jake Stewart (20e) et Benjamin Thomas (21e). « On a voulu faire le sprint pour Jake, mais ils se sont un peu perdus et il n’a pas abordé le final comme il l’aurait souhaité », ajoutait Thierry.

Plusieurs minutes plus tard, Lars van den Berg en a terminé, seul, au bout d’une journée « calvaire ». « Il a pris une belle gamelle hier, il est bien marqué, précisait Thierry. Il a été hyper courageux. Il a tout de suite été en difficulté mais il s’est accroché. Je lui ai demandé d’abandonner mais il ne voulait pas. C’est signe qu’il a de l’envie, qu’il est tenace, mais c’était évidemment une journée compliquée pour lui.  Il n’a rien de cassé mais une chute laisse toujours des traces, et ce ne sera pas non plus une partie de plaisir pour lui demain ». Ce dimanche, justement, l’Étoile de Bessèges s’achèvera avec son traditionnel contre-la-montre, partiellement en montée, du côté d’Alès. « Les gars essaieront de faire un beau chrono, concluait Thierry. Jake tentera de conserver son maillot de meilleur jeune et d’assurer un top 10 (7e actuellement, ndlr), et Benjamin a en tête d’aller chercher au minimum un top 5. Il ‘gratte de la patte’. Il sait qu’il a les jambes et il a besoin de se rassurer. Ça passe notamment par un beau résultat demain ».

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