La machine est lancée. Au sommet de l’Alto da Foia, lors du Tour de l’Algarve, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a obtenu ce jeudi sa première victoire de la saison par l’intermédiaire de David Gaudu. Au terme d’un travail collectif admirable durant l’ensemble de la journée, et à l’issue d’un dernier relais de Stefan Küng avant la flamme rouge, le grimpeur breton a réglé un sprint en côte quelque peu confus pour débloquer son compteur, et celui de l’équipe. Il se dote par la même occasion du maillot de leader. Unique point noir de la journée, l’abandon de Lars van den Berg après une nouvelle chute dans cette deuxième étape.

« On savait tous ce qu’on avait à faire », Stefan Küng

Pour David Gaudu, cette deuxième étape du Tour de l’Algarve, qui constituait accessoirement son deuxième jour de course de l’année, représentait déjà un joli test sur les pentes de l’Alto da Foia (7,7 km à 6%). Mais plus qu’un test, c’était un vrai objectif. « On avait l’envie de bien faire, on était tous motivés, assurait Stefan Küng. Ce n’était pas mal hier, mais ce n’était pas parfait. On a discuté ensemble ce matin et on voulait faire mieux. On voulait vraiment être présents ». Dans un premier temps, néanmoins, c’est une échappée de cinq hommes qui a animé les débats dans cette deuxième étape, sans jamais toutefois inquiéter un peloton des plus vigilants. Un peloton où la tension est même apparue dès le franchissement de la montée de Pomba, peu après la mi-course. Et déjà, le leader breton et ses coéquipiers étaient parfaitement positionnés en tête de peloton. « C’était le mot d’ordre, comme hier, indiquait Philippe Mauduit. On a une équipe vaillante, volontaire. Si notre objectif était de gagner au moins une étape ici, c’est aussi car j’avais confiance dans ce groupe. Je savais qu’ils allaient courir devant et courir tous pour un ». Malheureusement, une chute à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée a quelque peu contrarié les plans de l’équipe. Lars van den Berg et Attila Valter ont touché terre, et le Néerlandais a été dans l’incapacité de repartir. « C’est une grosse peine, confiait Philippe. Il a fait un boulot exceptionnel hier, et on avait misé sur lui pour la dernière montée aujourd’hui. Heureusement, les autres ont assumé derrière et fait ce qu’il fallait ».

Alors que l’échappée était rattrapée à trente kilomètres de la ligne, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ parvenait à se réorganiser pour l’avant-dernière ascension, à Picota, où Fabian Lienhard, Attila Valter ou encore Olivier Le Gac se sont succédés en tête de paquet pour protéger leur leader. Au sommet, ils n’étaient plus qu’une grosse trentaine et David Gaudu pouvait encore compter sur son acolyte breton et Stefan Küng. « On savait qu’il était très important d’être placé au pied de la dernière ascension, car c’était la partie la plus dure », ajoutait le Suisse. Le trio l’a entamé dans les toutes premières positions et a ensuite laissé les formations Ineos et Quick-Step Alpha Vinyl imprimer le tempo. À trois bornes du sommet, une vingtaine d’hommes étaient toutefois encore présents. « Ce matin, on leur avait dit de ne pas avoir peur de durcir la course si on sentait qu’elle n’était pas assez dure, confiait Philippe. On leur avait dit qu’il ne fallait pas avoir peur de prendre des responsabilités dans le peloton ». « On savait tous ce qu’on avait à faire, reprenait Stefan. On avait établi à l’avance qui devait faire quel boulot à quel moment. Oliv’ nous a bien placé au pied et c’était ensuite à nous deux de jouer. On a discuté avec David et il m’a dit à cinq kilomètres de voir comment les choses évoluaient et de prendre les choses en main à trois kilomètres si personne ne le faisait. On a parfaitement joué, et on sait que David est très rapide sur les arrivées en côte et en petit comité ».

« Ça va faire du bien à tout le monde », David Gaudu

Le rouleur suisse a ainsi fait le forcing pendant près de deux bornes, puis a laissé David Gaudu finir le travail dans le dernier kilomètre. Le jeune grimpeur est resté bien positionné et a patienté jusqu’au dernier moment pour surgir dans un final quelque peu perturbé. « J’ai attendu, attendu, et j’ai vu que ça sortait très large dans le dernier virage, relatait l’intéressé. J’ai essayé de virer le plus à l’intérieur possible et j’ai réussi à éviter la chute à ma gauche. J’étais lancé et j’ai pu passer la ligne en premier. J’étais devant au moment où ça tombe, donc je pense que j’aurais quand même gagné sans cela. C’était un sprint au lactique, et j’ai énormément pensé à Valentin Madouas avec qui j’en ai fait en stage. Ça m’a bien servi pour ce final ». C’est ainsi qu’à l’occasion de son deuxième jour de course, le Breton a décroché sa première victoire de la saison. La première, aussi, pour l’équipe. « Je suis très content d’avoir gagné et je pense que ça va faire du bien à tout le monde, disait-il encore. L’équipe a été super, je leur dis un grand merci car ils ont fait un boulot incroyable. Que ce soit Fabian pendant près de soixante bornes, Olivier qui est allé jusqu’au bout de lui-même, ou bien Stef qui a durci à la fin… Tout le monde est impliqué et ça fait plaisir à voir ». « Même si David n’avait pas gagné, on aurait reconnu le travail collectif effectué aujourd’hui, validait Philippe. L’implication collective est bien là. Comme le soulignait David, ils ont tous apporté leur pierre à l’édifice. Il n’y a qu’ainsi que ça peut marcher ». Ce à quoi Stefan Küng ajoutait : « David a parfaitement fini le travail, et ça fait plaisir de le voir gagner. On était venu pour ça. Lui était prêt, nous on a été présents, et ça a payé ».

En guise de bonus, David Gaudu s’est emparé du maillot jaune de leader ce jeudi soir. « On a la responsabilité de défendre ce maillot demain, ponctuait Philippe. Ce devrait être une arrivée pour sprinteurs, on imagine donc que les équipes intéressées viendront nous relayer. On va faire honneur à ce maillot et on verra demain soir si David l’a encore sur les épaules. De toute façon, ça ne changera pas grand-chose à son approche du contre-la-montre car il est venu ici pour faire du mieux possible sur cet exercice. On sait qu’il perdra du temps sur les spécialistes, mais la course ne sera pas terminée au soir du chrono. Il restera une belle étape et on se battra jusqu’au bout. Ce n’est pas parce qu’on a gagné aujourd’hui qu’il faut s’enflammer. Il faut rester humble et modeste. C’était une très belle victoire collective. Il faut maintenant continuer à regarder vers l’avenir avec sérénité et faire du mieux possible à chaque fois qu’on est engagé sur une course ». « Ça donne de la confiance, à moi comme à l’équipe, assurait enfin David. Et la semaine n’est pas finie, même si elle est déjà réussie ».

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