Au moment d’entamer la deuxième partie de Paris-Nice, David Gaudu voulait à tout prix bonifier l’excellent contre-la-montre par équipes réalisé mardi. Il n’a pas failli. À l’occasion de la première arrivée au sommet de la « Course au Soleil », à La Loge des Gardes ce mercredi, le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a même signé la deuxième place du jour, seulement battu dans les derniers mètres par un certain Tadej Pogacar. Grâce notamment à un mouvement bien senti dans la dernière ascension, le Breton remonte également à la deuxième place du général, à dix secondes du Slovène. La course pour le podium final est bien en route.

« Un bel effort collectif tout au long de la journée », Philippe Mauduit

À peine le premier gros test de la semaine franchi, mardi, avec le crucial chrono par équipes, les coureurs de Paris-Nice voyaient poindre un nouveau rendez-vous important ce mercredi, au départ de Saint-Amand-Montrond. Sous une météo changeante et par moments capricieuse, le peloton filait ainsi vers La Loge des Gardes, où une ascension de 6,8 kilomètres à 7% devait permettre de réaliser un premier tri parmi les favoris. Le chemin menant à cette dernière ascension n’était pas dénué d’obstacles, mais derrière une échappée comprenant Jonas Gregaard, Anders Skaarseth (Uno-X), Larry Warbasse (AG2R Citroën), Pascal Eenkhoorn (Lotto Dstny), Maurice Ballerstedt (Alpecin-Deceuninck), Lilian Calmejane (Intermarché-Circus-Wanty) et Hugo Houle (Israel-Premier Tech), la Groupama-FDJ s’est montrée des plus solides autour de son leader breton. « Il y a encore eu un bel effort collectif tout au long de la journée, exposait Philippe Mauduit. Les gars étaient bien présents, toujours à l’avant, et ça fait plaisir de les voir acteurs de la course. Les coureurs font confiance à David et tous se mettent à son service. La traversée de Vichy s’est faite à bloc avec Arnaud qui a emmené toute l’équipe, Ignatas et Miles ont fait tout le début de course. C’était vraiment nerveux de temps en temps, ça se mettait à bordurer, mais les mecs étaient devant ». « C’était une journée compliquée aujourd’hui, témoignait David. C’était vraiment dur et nerveux avec le vent, mais j’ai pu compter sur une grosse équipe aujourd’hui. On n’a jamais été piégés, jamais été inquiétés. On a même essayé de lancer une bordure (sourires) ».

Malgré une animation certaine, le peloton est arrivé groupé au pied des premiers massifs de la journée, à une soixantaine de kilomètres du but. La nervosité a continué d’accompagner les coureurs, qui se sont toutefois retrouvés de moins en moins nombreux au contact du maillot jaune. Après l’escalade du Col du Beaulouis et au moment de plonger vers le pied de l’ascension finale, David Gaudu pouvait encore compter sur trois équipiers : Kevin Geniets, Stefan Küng et Rudy Molard. Bien remonté au pied de la montée de la Loge des Gardes par le Luxembourgeois, le Breton a ainsi été mis dans les meilleures dispositions pour s’exprimer. Le groupe des favoris s’est d’abord progressivement aminci, avant que Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar ne se détachent une première fois à quatre kilomètres de l’arrivée. « Il ne fallait pas forcément suivre cette première attaque », justifiait David, alors plus attentif au reste du groupe. Bien lui en a pris, puisque les deux hommes se sont observés et ont vu les autres favoris revenir à 3,5 kilomètres de la ligne. C’est à ce moment précis que David Gaudu a placé un démarrage incisif. « J’ai pu encaisser le pied, récupérer, on a repris vent de dos, et je me suis dit pourquoi pas, racontait-il. De toute façon, autant anticiper ! J’ai vu que je n’avais personne dans la roue, et je me suis dit que ce n’était pas plus mal ». « Quand ils reviennent sur Pogacar et Vingegaard, il y a un petit temps d’arrêt et David est idéalement placé à ce moment-là pour en mettre une, ajoutait Philippe. Il la met, et ça lui permet de prendre un petit coup d’avance sur la bagarre qui restait à faire derrière ».

« Je suis deuxième, mais deuxième derrière Pogacar », David Gaudu

Tout en gérant son effort, David Gaudu a alors pu se construire une avance de près de vingt secondes, avant que Pogacar ne relance une offensive de l’arrière à un peu plus de deux kilomètres du terme. Le Slovène est parvenu à se détacher de son rival danois, et a repris le grimpeur français quelques instants plus tard. « Je savais qu’il y avait le replat derrière donc je voulais m’accrocher au maximum quand Pogacar est revenu, poursuivait David. Je me suis dit que s’il voulait prendre du temps sur Vingegaard, il allait continuer à rouler ». « Il fallait que David reste au contact le plus longtemps possible et c’est ce qu’il a réussi à faire », confirmait Philippe. Alors, c’est ensemble que le coureur de la Groupama-FDJ et le double vainqueur du Tour sont entrés dans les derniers hectomètres. À cinquante mètres de la ligne, le Breton a bien tenté de surprendre le Slovène, mais ce dernier a répondu immédiatement et a pu aller chercher la victoire. « Il a roulé et m’a quand même battu au sprint, il n’y a pas grand-chose à dire, soufflait David, deuxième à une seconde. Il était plus fort que moi. J’ai tout donné, je suis donc deuxième, mais deuxième derrière Pogacar ». « C’était une super journée et David l’a bien conclue, abondait Philippe. C’est toujours mieux de gagner, mais on a encore vu aujourd’hui que Pogacar était un cran au-dessus. C’est tout de même bien de voir David à ce niveau, mais on n’est pas surpris ».

Ce mercredi, Tadej Pogacar et David Gaudu ont devancé de plus de trente secondes le troisième du jour, et le Breton a ainsi gagné neuf places pour se retrouver en position de dauphin au général, à dix secondes du maillot jaune. « Je suis content de ma forme mais ça reste un premier test, tempérait l’intéressé. Ce test est passé, mais il faut rester concentré. Il y a une grande arrivée au sommet samedi et l’étape de Nice dimanche. Au général, j’ai pu reprendre un peu plus de temps vis-à-vis de mes concurrents pour le podium, et c’est une bonne chose. Maintenant, il ne faut rien s’interdire, mais il faut rester lucide et courir intelligemment. On va saisir les opportunités quand elles se présentent, même si j’en aurai sans doute un peu moins maintenant ».

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1 commentaire

Goutille Éric

Goutille Éric

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Le 9 mars 2023 à 19:49

Bravo David belle performance sur la montée de la loge des gardes