L’ouverture du calendrier transalpin laissera un petit goût amer à l’Equipe cycliste Groupama-FDJ. Sur le circuit très accidenté du Trofeo Laigueglia, sur la côte ligure, David Gaudu était ainsi parvenu à suivre le bon coup du jour après un forcing à plus de soixante kilomètres de l’arrivée. Malheureusement, le jeune Breton a dû abandonner sa place à l’avant à la suite d’une chute en descente trente kilomètres plus loin. À un second échelon, ses coéquipiers ont alors fait le nécessaire pour revenir dans le match et Quentin Pacher a finalement hérité de la neuvième du jour, Sébastien Reichenbach s’octroyant lui la 13e.

« La course était plutôt bien engagée », David Gaudu

Si l’Espagne, la France et depuis le week-end dernier, la Belgique, avaient désormais chacun inauguré la saison cycliste 2022 sur leur territoire, il avait donc fallu attendre jusqu’à ce mercredi 2 mars pour observer la tenue de la première épreuve italienne professionnelle de l’année. Un large peloton de vingt-cinq équipes dont huit du WorldTour avait ainsi rendez-vous à Laigueglia pour un peu plus de deux-cents kilomètres vallonnés, avec un circuit final décisif à répéter à quatre reprises. Sur la première partie de course, en ligne, l’échappée a quelque peu tardé à se former puisque ce n’est qu’après une trentaine de kilomètres que Lorenzo Roda (Biesse Carrera), Riccardo Tosin (General Store), Jacopo Cortese (Mg.Kvis), Francesco Carollo (Mg.K Vis) et Gil Gelders (Bingoal Pauwels Sauces WB) ont pu se détacher nettement. Leur avantage a dépassé les quatre minutes au cours des deux premières heures de course, mais le peloton a clairement haussé l’allure peu après la mi-course, dans la montée de Testico. Ce n’est pourtant pas la montée, mais la descente qui a entraîné de sérieux dégâts, alors que les attaquants du jour étaient absorbés à 80 kilomètres de la ligne. « On savait que cette descente était très dangereuse, très technique, avec une route en mauvais état, indiquait Yvon Madiot. On avait pointé ça au briefing, d’autant qu’on l’empruntait deux fois. On savait qu’il fallait être placé. Ça a roulé très fort, il y a eu une cassure, mais heureusement Lada et David étaient très bien placés. Lada a du métier de ce point de vue, et il n’avait pas oublié David, mais c’était juste. Ils m’ont dit qu’ils étaient les deux derniers à passer. Ils étaient 22 devant, ils étaient les 21e et 22e. On s’attendait à ce que ce soit un point important, mais on n’imaginait pas que ça ait autant de conséquences. Le peloton s’est cassé, et c’était fini. Le groupe est allé jouer la gagne ».

En arrivant sur le circuit final, à quarante-cinq kilomètres du terme, le groupe de tête comptait alors une minute d’avance sur le reste du peloton. « Nous autres, on était dans le second groupe, commentait Quentin Pacher. Avec Michael et Seb, on suivait les contres des coureurs piégés les plus costauds ». Pendant ce temps-là, à l’avant, David Gaudu restait vigilant face aux collectifs UAE Emirates et Ineos Grenadiers surreprésentés. « Même si on était en infériorité par rapport à certaines équipes, il n’y avait pas beaucoup d’équipes représentées devant, poursuivait Yvon. Et David se sentait super bien, il laissait un peu faire ». Après avoir perdu le soutien de Matthieu Ladagnous au sortir de la première ascension de la Colla Micheri (2km à 8%), le Breton tenait parfaitement sa place dans un groupe réduit à une quinzaine d’unités. Un nouveau forcing a été effectué dans cette difficulté principale un tour plus tard, mais de nouveau, c’est la descente qui a été cruciale. « La course était plutôt bien engagée, relatait David plus tard. On était dans le bon coup avec Lada après la descente et j’avais vraiment de bonnes sensations sur le circuit final. Malheureusement, dans la deuxième descente de la Colla Micheri, j’ai voulu prendre des risques pour revenir dans les roues. Je suis arrivé trop vite dans un virage et j’ai tiré tout droit dans le caniveau. Au final, plus de peur que de mal, mais ma course était finie après ça ». « Il est reparti après avoir changé de vélo et il est retourné au bus, précisait Yvon. Il était surtout très déçu car il était clairement en position de jouer la gagne ».

« Physiquement, les gars commencent à être pas mal », Yvon Madiot

Eliminé sur chute à trente kilomètres de la ligne, David Gaudu a donc laissé place à ses coéquipiers, situés à un second échelon. « À partir de là, on n’avait plus personne devant donc le but était d’essayer de rentrer sur la tête, reprenait Quentin. Sauf qu’il y avait déjà un bon écart. Avec Seb, on était parmi les meilleurs dans le second groupe et on est parvenus à revenir jusqu’au groupe qui joue la sixième place, à trente secondes de la tête ». « Les autres sont restés bien mobilisés, on leur a dit qu’il restait des places à aller chercher, disait Yvon. Michael a d’abord tenté, Quentin et Seb ont bien été présents dans le final et sont allés chercher des accessits. On n’est pas payé de notre journée mais ça fait aussi partie de la course ». Dans la bataille pour les places d’honneur, le puncheur occitan s’est emparé d’une solide neuvième place, quelques rangs devant son compère Sébastien Reichenbach, treizième. « D’un côté, j’avais des bonnes sensations, d’un autre c’est un peu frustrant, ajoutait Quentin. Mais l’essentiel est que David ne soit pas fait mal et qu’on soit en jambes pour Paris-Nice ». « La condition de nos coureurs est bonne, confirmait Yvon en conclusion. On aura simplement le regret de ne pas avoir mis une carte de plus à l’avant, car ce n’était qu’une question de placement. C’était aussi une belle première pour Lenny Martinez, notre jeune de la Conti. Il manque encore de force et d’endurance par rapport aux autres, mais c’était aussi sa première course de la saison. C’est tout à fait logique. C’était également sa première course de plus de 200 kilomètres. Il termine (37e) et on est content pour lui. Il m’a dit après l’arrivée qu’il avait déjà appris plein de choses en une journée. C’est le principal. Au final, sans cette chute, on aurait pu faire un beau coup. C’est dommage. Physiquement, les gars commencent à être pas mal, ils sont plutôt conquérants, et ont de l’envie. Ça va dans le bon sens avant Paris-Nice et Tirreno-Adriatico ».

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