Si la première semaine du Tour était celle de tous les dangers, le premier véritable test pour les hommes du classement général se situait ce vendredi, dans la désormais célèbre Super Planche des Belles Filles. Au sommet de cette ascension chère à Thibaut Pinot, son coéquipier David Gaudu a solidement répondu aux attentes, et de nouveau bataillé avec les meilleurs jusque dans les derniers hectomètres. Parfaitement encadré dans le final, le Breton s’est arraché sur la portion de graviers et les dernières pentes vertigineuses pour signer une excellente sixième place au terme de la septième étape. Il remonte par la même occasion au cinquième rang du général, à 1’31 du maillot jaune.

« On est là où on voulait être », Marc Madiot

Un homme attendait ce septième acte de la Grande Boucle plus que quiconque. En direction de la Planche des Belles Filles, SA Planche des Belles Filles, garnie pour l’occasion de son ultime portion dite « Super », Thibaut Pinot s’érigeait naturellement en « régional de l’étape ». Dix ans jour pour jour après son premier succès dans le Tour de France, d’ailleurs acquis au lendemain de la toute première visite du Tour sur la Planche, le Franc-Comtois était forcément un homme attendu. Dès le départ de Tomblaine, et pendant une petite heure de course, on l’a ainsi vu mettre le nez à la fenêtre pour accompagner les attaques. « Il avait pour mission d’aller dans les gros coups, indiquait Marc Madiot. S’il y avait un groupe de vingt qui sortait, il avait pour consigne d’être dedans. Mais il n’y a pas eu de gros coup ». Malgré de nombreux efforts, parfois soutenus par ses coéquipiers, le grimpeur de Melisey n’a pu se glisser dans le groupe de onze qui s’est fait la malle après cinquante bornes. « C’est une échappée qui a beaucoup usé les grimpeurs au début, et au final, ce sont des rouleurs qui se sont retrouvés devant », pointait Thibaut. « Ça aurait été bien qu’il soit dans l’échappée mais on savait que ce serait difficile avec beaucoup de tentatives, complétait Philippe. Et au-delà de l’ambition de gagner des étapes, l’objectif reste d’assurer un bon classement général avec David ». Alors, la tactique s’est entièrement recentrée sur le Breton lorsque le coup est parti. David Gaudu s’est laissé porter durant toute l’étape alors que la formation UAE Team Emirates du maillot jaune Tadej Pogacar n’octroyait que peu de liberté aux fuyards du jour.

Après environ 160 bornes effectuées à un tempo élevé, les rescapés du groupe de tête ne comptaient ainsi qu’une minute trente d’avance au pied de la Super Planche des Belles Filles (7km à 8,5%). Grâce à un excellent travail de Stefan Küng au sommet de l’avant-dernier talus, David Gaudu a pu aborder la descente bien placé et ainsi entamer l’ascension finale en bonne posture. Dès les premières rampes, Kevin Geniets, Valentin Madouas, Thibaut Pinot et Michael Storer sont venus l’entourer. Puis, au tempo, la sélection s’est opérée par l’arrière. « Antoine et Olivier ont fait un gros travail dans la première partie d’étape, puis ils ont été bien relayés par Stefan, Kevin, Val et enfin Michael », indiquait Philippe. L’Australien a ainsi épaté, demeurant comme dernier lieutenant du Breton lorsque le groupe maillot jaune s’est réduit à vingt hommes avant la flamme rouge. « L’équipe tourne bien, Michael Storer a été avec David jusqu’à un kilomètre de l’arrivée, se félicitait Marc. On l’avait jusque-là économisé pour ces arrivées-là, et il est présent, c’est bien ». Dans ce final, le maillot jaune Pogacar a pris les choses en main en personne, et David Gaudu a tenu les roues jusqu’aux trois-cents derniers mètres. Il a ensuite cédé un peu de terrain mais s’est admirablement battu jusqu’à la ligne pour prendre la sixième place, au bout de l’effort, dix-neuf secondes derrière le vainqueur. Pogacar, de nouveau. « Je suis satisfait, on est là où on voulait être, assurait Marc. Deux coureurs m’ont semblé être au-dessus dans le dernier kilomètre, mais derrière, on est au niveau des autres. C’est très intéressant ». « David a fait une belle montée, abondait Philippe. Il était là où on l’attendait. On voit qu’il s’affiche clairement parmi les tous meilleurs dans ce genre d’arrivée. Il ne faut pas s’enflammer, rester les pieds sur terre, mais les gars ont fait la journée qu’on attendait d’eux et on est confiants ».

« Le Tour ne fait que commencer », David Gaudu

« C’est une bonne journée à l’arrivée, commentait plus tard David. On est encore dans les clous de l’objectif qu’on s’est fixé, à une vingtaine de secondes du podium. J’avais de bonnes sensations, pas les meilleures qui soient, mais elles étaient correctes. L’équipe a fait un super travail et tout le monde était là, présent. Avoir en plus le public derrière soi, entendre crier « Allez Thibaut, Allez David », ça fait super plaisir. Je suis cinquième parmi les favoris, mais il faut rester concentré. Le Tour ne fait que commencer, ce n’est que le premier test. On se réjouit de ce début du Tour mais le plus dur arrive et tout peut encore se passer ». Grâce à son excellente performance du jour, David Gaudu a encore progressé au classement général. Après une semaine de course, il pointe ainsi au cinquième rang du général, à 1’31 du maillot jaune. Thibaut Pinot (31e), pour sa part, n’aura pu jouer devant ce vendredi. Cela n’a pas empêché la foule de lui réserver un accueil des plus flamboyants. « L’ambiance était magique, comme toujours, glissait le Franc-Comtois. Le public a été à la hauteur. Moi non, c’est dommage, mais je les remercie. C’était encore un grand moment pour moi. Je suis forcément déçu, j’espère toujours mieux, mais je savais que je n’étais pas encore à 100%. Il me faudra encore quelques jours. J’ai aussi laissé beaucoup de cartouches dans la première heure et je l’ai payé dans le final, mais l’important est ailleurs aujourd’hui. David a fait une belle montée, il est toujours dans le coup, donc tout se déroule bien pour nous ». « Thibaut n’a pas encore retrouvé tous ses moyens, ce qui est logique après avoir eu le Covid, mais je pense qu’on va avoir du bon Pinot dans les Alpes et dans les Pyrénées », ponctuait Marc.

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