La moisson reprend pour le champion de France. Après une mise en jambes compliquée mardi, Arnaud Démare a retrouvé le chemin de la victoire à l’occasion de la deuxième étape du Tour de Luxembourg ce mercredi. Au terme d’une journée très particulière, durant laquelle le peloton a neutralisé la course pendant 100 kilomètres en raison d’une sécurité défaillante, le Picard a profité d’un beau travail collectif pour enlever son dixième succès de la saison, faisant de lui le meilleur scoreur du peloton international.

« Quelques voitures sont entrées sur le parcours et ça a énervé tout le monde », Frédéric Guesdon

Pas moins de 160 kilomètres devaient être couverts ce mercredi lors de la deuxième étape du Tour de Luxembourg entre Remich et Hesperange. Au final, les coureurs n’en auront disputé que soixante : les vingt premiers, et les quarante derniers. Entre ces deux portions, le peloton a tout simplement fait bloc et imposé une neutralisation, conséquence d’une sécurité jugée insuffisante sur la course.« Ça a été une journée assez particulière, confirmait Frédéric Guesdon. Dès le départ, certains sont allés rouspéter auprès des commissaires après des problèmes lors de l’étape de la veille. On faisait ensuite une boucle de vingt bornes et quelques voitures sont entrées sur le parcours. Ça a énervé tout le monde et quelques uns se sont mis devant pour dire « ça suffit, on arrête avant que ce soit trop grave ! ». Ça s’est enchaîné assez rapidement, et tout le monde a plutôt bien compris, y compris les organisateurs après une discussion de vingt minutes. Ce n’est pas vraiment de leur faute, car il n’est pas évident de tout contrôler au Luxembourg, où les règles sont différentes et où il est compliqué de bloquer complètement les routes et de mettre des signaleurs à chaque intersection ».

« C’est dommage que cela arrive ici, car il y a tout pour faire une belle course : de super routes, des jolis parcours, une belle météo, un beau plateau. Disons qu’il n’y a pas eu d’accident, que la neutralisation est arrivée assez tôt et c’est l’essentiel », concluait Frédéric sur le sujet. « On sait que les temps sont difficiles pour organiser des courses, et c’est d’autant plus difficile de pousser un coup de gueule, confessait pour sa part Arnaud. Malheureusement, la sécurité n’était pas au rendez-vous, ni hier, ni ce matin et l’ensemble des coureurs a trouvé ça logique de protester. Notre sport est assez dangereux, il ne faut pas le rendre plus compliqué encore avec des voitures sur notre chemin ». À la suite de cette décision unanime et acceptée par l’organisation et les commissaires, les coureurs ont ainsi évolué pendant cent kilomètres sans se faire la course. « Quand la neutralisation a débuté, on s’est dit que ça allait être long, admettait Frédéric. En fait non. Les paysages et les belles routes aidant, c’est finalement passé assez vite. Ça a roulé à un train correct et on pu ravitailler les coureurs 2-3 fois avant d’arriver sur le circuit final ». Un circuit de vingt kilomètres à répéter deux fois et comprenant une courte difficulté. « C’était une côte de 6-7% sur 500m, nous savions qu’Arnaud allait passer, et surtout, l’arrivée n’était pas en haut. Nous pouvions donc rentrer derrière, nous n’étions pas inquiets ».

« Un beau symbole d’être premier mondial en termes de victoires », Arnaud Démare

Aussi fallait-il être prêt au moment de remettre la machine en marche pour la dernière heure de course. « Petit à petit, on a remis les gars dans le contexte de la course, expliquait Frédéric. On savait que ça allait repartir vite, il fallait donc être opérationnel tout de suite et c’est ce qu’ils ont réussi à faire ». Quelques attaques ont naturellement émané du peloton mais ce dernier n’a jamais laissé beaucoup de marge, notamment grâce à Ignatas Konovalovas pour le compte de la Groupama-FDJ. L’équipe toute entière est finalement remontée dans la roue du champion luxembourgeois Kevin Geniets à l’entrée dans les dix derniers kilomètres, afin d’aborder l’ultime ascension dans les meilleures conditions. Arnaud Démare et les trois derniers hommes de son train ont effectivement pu la franchir bien placés et ensuite s’organiser en vue du sprint. Miles Scotson a alors pris les commandes devant Ramon Sinkeldam, Jacopo Guarnieri et le sprinteur attitré. « Arnaud avait encore du beau monde à ses côtés et ils ont vraiment fait leur boulot au bon moment », commentait Frédéric.

Le train de la Groupama-FDJ n’a pas lâché le premier rang durant l’entièreté du dernier kilomètre et Arnaud Démare a ainsi parfaitement été mis en orbite à 200 mètres du but. Derrière lui, Jasper Philipsen n’a jamais été en mesure de remonter. « Il y a eu un super travail de l’équipe, déclarait le champion de France. On savait que les 500 derniers mètres étaient très sinueux, on était devant et personne ne nous a remonté. C’est le sprint le plus limpide que j’ai pu faire depuis le début de l’année. À aucun moment je n’ai été frotté dans le dernier kilomètre, c’était très propre. Il s’agit de ma dixième victoire de la saison, c’est exceptionnel. C’est aussi un beau symbole d’être désormais premier mondial en termes de victoires, c’est tout de même quelque chose ». « Ce n’est pas une surprise, disait Frédéric. On sait qu’Arnaud a les qualités pour scorer un grand nombre de fois de l’année ». En pleine bourre depuis la reprise de la saison fin juillet, Arnaud Démare aura même l’occasion d’ajouter un onzième bouquet jeudi. « On va voir au jour le jour, et même si ce sera un petit peu plus compliqué demain, je pense que ça reste jouable pour Arnaud », concluait Frédéric.

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