C’est un final très particulier qui était aujourd’hui au programme de la deuxième étape de l’UAE Tour. À l’arrivée d’Hatta Dam se côtoient généralement grimpeurs, puncheurs et sprinteurs, sur un mur de 200 mètres à 15%, où les hommes forts ressortent inévitablement du lot. Ce lundi, Arnaud Démare faisait bien partie de ceux-là, et sur la ligne, il s’est octroyé une très belle troisième place, seulement devancé par Sam Bennett et Caleb Ewan, vainqueur pour la deuxième année consécutive ici-même. Le Picard décroche ainsi son premier podium de la saison tandis que David Gaudu termine également dans le top 10 de l’étape.

C’est une mauvaise nouvelle qui a pourtant lancé la journée pour les troupes de Sébastien Joly et Jussi Veikkanen. Tombé malade pendant la nuit, Miles Scotson se voyait dans l’incapacité de prendre le départ de cette deuxième étape. « Il avait passé une très mauvaise nuit, précisait Sébastien. Il était allé voir le docteur à trois heures du matin, tout tremblotant. Il était donc hors de question de le faire partir dans ces conditions-là. Il était plus sage qu’il soit non-partant ». Réduits à six pour le reste de l’épreuve, les coureurs de la Groupama-FDJ se sont néanmoins élancés avec un véritable objectif ce lundi, d’autant que l’échappée du jour, rapidement formée par les coéquipiers Leonardo Tortomasi et Veljko Stojnic (Vini Zabù – KTM), s’annonçait bien inoffensive face à un peloton prêt à bagarrer.

« Les jambes ont bien répondu » Arnaud Démare

« Hier soir, Arnaud avait déjà l’étape en tête et avait modifié ses braquets, passant du 54 au 53, complétait Sébastien. On avait discuté avec lui et ça valait le coup de tenter, même s’il ne savait pas trop où il en était physiquement. Il craignait d’être un peu juste car il n’avait pas trop travaillé le lactique, mais on s’était dit que c’était une bonne chose de se tester, donc on a couru pour lui. C’était important et on avait demandé à toute l’équipe de rester bien concentrée, même si c’était une étape un peu difficile, et c’est ce qu’ils ont réussi à faire ». L’échappée du jour a été cueillie à vingt kilomètres du but, peu après que le peloton ait décidé de réellement mettre en marche sur un profil accidenté qui a notamment condamné le leader de l’épreuve Pascal Ackermann (Bora-hansgrohe). « Nos coureurs ont eux réussi à passer les difficultés dans le final, c’était très bien, poursuivait Sébastien. Malheureusement, les routes étaient un peu dégradées dans le final, et nous avons subi quelques crevaisons et problèmes mécaniques, avec Ramon [Sinkeldam] et Ignatas [Konovalovas]. C’est dommage, d’autant qu’à cause de cela, Arnaud s’est retrouvé un peu esseulé. Heureusement, quand il a à son tour perdu des places à cause d’un souci mécanique, il a retrouvé Bruno qui a fait un très bon travail pour le ramener jusqu’à l’avant du peloton ».

Le principal intéressé revenait à son tour sur ce final mouvementé. « Les deux bosses ont fait mal et quelques sprinteurs ont décroché, rappelait ainsi Arnaud. À 1200 mètres de l’arrivée, je percute un dos d’âne et ma chaîne saute. Je suis contraint d’arrêter de pédaler pendant 10-15 secondes, ce qui parait long dans ces moments-là. Puis Bruno arrive et me donne une petite poussette, la chaine remonte mais j’ai perdu entre 20 et 25 places dans l’affaire. Je reviens vraiment tout juste dans les 15 au pied de la bosse. Je savais qu’il fallait virer dans les cinq voire les trois premiers pour s’imposer, mais les jambes ont malgré tout bien répondu dans le sprint et je suis satisfait ». Derrière Sam Bennett et Caleb Ewan, qui ont profité de leur placement pour prendre leurs distances dès le pied, Arnaud Démare a donc réglé le reste d’un peloton bien émietté et à l’arrache pour la troisième place. « Ewan était un peu au-dessus du lot sur ce type d’arrivée, mais ça a en tout cas permis à Arnaud de se rassurer. Il n’était pas surpris outre-mesure, il savait qu’il avait bien travaillé, ajoutait Sébastien. On le sentait plutôt satisfait de son bon résultat, et surtout confiant pour les prochains jours, donc ça va dans le bon sens. On ne veut pas s’arrêter là et on va travailler pour qu’il puisse voir où il en est par rapport aux meilleurs sprinteurs du monde. Il reste trois opportunités au sprint, on va les saisir, même si Miles va nous manquer dans le train. »

« David avait besoin d’une étape un peu en prise » Sébastien Joly

Avant de retrouver le sprinteur picard en action, c’est David Gaudu qui prendra le relais demain sur l’arrivée au sommet de Jebel Hafeet, où il avait décroché une belle troisième place l’an passé. Le grimpeur breton s’est d’ailleurs lui aussi montré à son avantage aujourd’hui. « David rentre dans le top 10 de l’étape, et c’est intéressant en vue du classement général, concluait Sébastien. Cela montre aussi qu’il est bien physiquement. Comme Arnaud, il avait besoin d’une étape un peu en prise comme celle d’aujourd’hui pour réveiller l’organisme et faire quelques efforts un peu plus intenses. C’est ce qu’ils ont fait aujourd’hui, tout en se rassurant à l’arrivée. Les deux sont assez confiants pour la suite et l’équipe autour d’eux marche bien également, c’est le principal. »

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