Alexys Brunel se souviendra longtemps de sa première course par étapes avec la World Team Groupama-FDJ. Non seulement parce qu’il y a décroché son premier succès professionnel mais aussi car il a joué la victoire finale jusqu’aux tous derniers instants. Ce dimanche, il a finalement échoué de peu dans le contre-la-montre d’Alès et termine au bout du compte excellent troisième de l’Etoile de Bessèges 2020. Son coéquipier luxembourgeois Kevin Geniets finit lui au pied du podium d’une épreuve très aboutie pour l’équipe.

« On y croyait ce matin » Thierry Bricaud

L’équation était donc toute simple au départ du contre-la-montre d’Alès, traditionnel juge de paix de l’Etoile de Bessèges. Sur les 10,7 kilomètres du tracé, dont les trois de la montée de l’Ermitage, Alexys Brunel devait reprendre vingt-quatre secondes à Benoit Cosnefroy s’il voulait récupérer son maillot de leader perdu sur le Mont Bouquet, et ainsi s’adjuger la victoire finale. « Accessoirement », il devait aussi conserver au moins quinze secondes d’avance sur le dernier vainqueur du Tour des Flandres et vice-champion d’Italie du chrono, Alberto Bettiol (EF Education First). La tâche s’annonçait évidemment compliquée, mais néanmoins réalisable pour l’ancien double champion de France Espoirs du contre-la-montre.

« On y croyait ce matin, assurait Thierry Bricaud. Alexys a d’ailleurs repris du temps, preuve qu’il y avait la place ». Parti fort sur le plat, le Nordiste titillait même le maillot corail avant la côte finale. « Il avait fait une partie voire l’intégralité de son retard au pied de la bosse, mais celle-ci était plus à l’avantage de Cosnefroy qui a pu faire son retard. Il manque quinze secondes à Alexys. La marge ce matin était un peu trop large, c’est tout. Il était vraiment dans le match mais la montée d’hier a donc été fatale ». Dans la bagarre jusqu’au bout, Alexys Brunel n’a donc pu reprendre que dix secondes à Cosnefroy tandis que Bettiol, lauréat de l’étape, lui en grignotait dix-sept. Quatrième de l’étape, le jeune homme a finalement reculé d’un rang au général, confortant malgré tout un podium final largement mérité.

« On fait confiance à nos jeunes et ils nous le rendent bien » Thierry Bricaud

« Le plus fort a gagné, concédait Thierry. Il n’y a vraiment aucun regret à avoir. Les gars ont fait ce qu’il fallait, ils ont tout fait à bloc, ils étaient bien appliqués et à l’arrivée ce sont les chronos qui parlent. Deuxième ou troisième, c’est anecdotique. Ce qui comptait, c’était d’essayer de l’emporter ». « J’aurais forcément voulu gagner, c’est logique, confirmait Alexys, sans amertume. Mais j’ai quand même fait un beau chrono ». Lui aussi auteur d’une solide performance (16e de l’étape), Kevin Geniets a grignoté une place au général pour finalement terminer juste derrière son coéquipier. « Ce sont des situations de course qui vont les faire grandir, jugeait Thierry après-coup. Ils apprennent beaucoup dans ces circonstances, ça leur servira pour plus tard. Ils ont déjà une belle maturité pour leur âge et ils ont réussi à bien gérer leur statut et leurs responsabilités pour assurer le jour J. C’est intéressant pour l’avenir. Il faut passer par des phases comme celles-ci pour progresser ».

Sa légitime déception rapidement effacée, Alexys Brunel ne pouvait qu’accoler de l’optimisme à sa semaine, marquée par une victoire d’étape, un podium final et le maillot de meilleur jeune. « C’était une très belle semaine avec une super équipe Groupama-FDJ, concluait-il. C’était au top, et tout ça ce n’est que du bonus. On est surtout là pour apprendre, je ne m’enflamme pas. Je sais que la saison va être longue mais c’est très bien de débuter comme ça ». Plus en détails, Thierry Bricaud tirait également un bilan très positif : « C’est une belle semaine pour Alexys, Kevin et l’ensemble de l’équipe. Valentin est aux portes du top 10 alors qu’il n’a pas été trop en réussite. C’était un groupe très jeune et il a répondu présent malgré tout. Cela valide aussi la vision de l’équipe. On fait confiance à nos jeunes et ils nous le rendent bien. Ils ont débloqué le compteur de l’équipe et ce n’est pas une mince affaire en début de saison. Ça libère aussi tout le monde, y compris Arnaud Démare et Thibaut Pinot, qui n’ont pas cette pression d’aller chercher la première gagne. Ça donne une belle dynamique au groupe pour les prochaines courses. Et que tout cela soit impulsé par les jeunes, c’est un beau clin d’œil ».