Dans une édition 2025 du Tro Bro Léon rendue dantesque par les conditions climatiques, Valentin Madouas a vécu un sacré baptême du feu sur « l’Enfer de l’Ouest ». Pour autant, le Breton a marqué de son empreinte sa première participation à l’épreuve, jouant les premiers rôles sur les ribinoù bretons jusque dans le final à Lannilis. Un poil trop juste pour espérer la victoire dans les cinq derniers kilomètres, le Brestois s’est néanmoins arraché pour accrocher un joli podium devant son public.
Comme si la présence de vingt-neuf ribins, ces fameux sentiers bretons empierrés, ne suffisait pas, la météo avait décidé de compliquer encore davantage la tâche des coureurs ce dimanche à l’occasion de la 42ème édition du Tro Bro Leon. La pluie a ainsi accompagné le peloton dès le départ et ne s’est quasiment jamais éclipsée, rendant de fait les secteurs plus périlleux et sélectifs que prévus. Compte tenu des circonstances de course, beaucoup ont souhaité anticiper la grande bataille, et la formation de l’échappée s’est ainsi étalée pendant près de quarante kilomètres. Au final, sept coureurs ont réussi à ouvrir une brèche, dont le néophyte Rudy Molard ! « On s’était dit que ce serait pas mal qu’il soit devant si un groupe de cinq ou six se dégageait, expliquait Yvon Caër. On sait qu’il est endurant et qu’il aurait pu aller très loin. Il pouvait être un point d’appui tout en faisant en sorte qu’on n’ait pas à travailler derrière. C’était un vrai bon coup ». Le groupe de tête a obtenu un avantage d’environ quatre minutes, tandis que le peloton se scindait déjà en plusieurs morceaux à la mi-course.
« Le pire moment pour crever », Valentin Madouas
Malheureusement, peu après le ribin n°19, la Groupama-FDJ a essuyé deux revers. Rudy Molard a été écarté de l’échappée à la suite d’une crevaison, et Valentin Madouas a hérité du même sort deux minutes plus loin, au sein du paquet. « Je pense vraiment que c’était le pire moment pour crever en raison de toutes les cassures, confiait le Breton. C’est aussi le moment où on avait décidé de visser avec l’équipe. Jusque-là, je me sentais vraiment très bien, je n’avais pas fait de faute et j’étais toujours bien placé. J’ai dû user une bonne cartouche pour doubler tous les groupes et revenir dans le peloton. J’ai par la suite rechangé de roue car j’avais d’abord pris une roue du dépannage neutre ». Le Brestois s’est ainsi infligé deux poursuites coup sur coup, mais a tout de même passé la première sélection dans le peloton avec Lewis Askey, Clément Russo, Olivier Le Gac et Eddy Le Huitouze à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée. Peu après, un paquet d’environ cinquante unités a franchi la ligne à Lannilis une petite minute derrière un duo de tête, mais la Groupama-FDJ a relancé la course dans le secteur n°11 de Keradraon, à quarante kilomètres de la ligne.
Clément Russo a ainsi lancé une belle offensive, mais s’est malheureusement retrouvé à terre quelques instants plus tard. Il n’a dès lors pu continuer sa route en tête, mais son accélération a provoqué une scission dans le peloton, et une douzaine d’hommes se sont alors échappés, dont Valentin Madouas et Lewis Askey. Ce groupe a collaboré pour condamner le reste du peloton, puis les attaques ont commencé à affluer à environ vingt-cinq kilomètres du terme. L’ancien champion de France a été prompt à répondre, a lui-même lancé quelques contres, mais Fredrik Dversnes a finalement réussi à s’extraire seul peu avant les vingt dernières bornes. En contre, la coopération s’est avérée moins efficace, et le Norvégien a pu entamer les dix derniers kilomètres avec une marge de trente secondes. Lewis Askey a alors pris les commandes à l’entame de l’avant-dernier ribin, celui de Keradraon. « J’y croyais car il me restait encore de l’énergie, confiait Valentin. Je savais qu’il y avait possibilité de revenir ». Le Breton a lui-même pris les choses en main pour boucher une partie de l’écart dans la première moitié du secteur, puis dans la seconde, ascendante, s’est accroché dans la roue de Bastien Tronchon, Pierre Gautherat et Anthony Turgis. Au sommet de la bosse, à six kilomètres, il lui a toutefois manqué un brin d’énergie pour accompagner les deux premiers cités. « La cartouche mise après ma crevaison m’a manquée dans le final, confiait-il. C’est le petit mètre qui me manque pour basculer au sommet de la ferme ».
« Je reviendrai », Valentin Madouas
Dès lors, le coup gagnant s’est envolé sans lui. Fredrik Dversnes a chuté après avoir été repris par Tronchon et Gautherat, arrivés dans cet ordre sur la ligne. Vingt secondes plus tard, Valentin Madouas a en revanche disposé d’Anthony Turgis pour la dernière place disponible sur le podium. « Je suis forcément un peu déçu car je n’étais pas du tout là pour faire troisième, disait-il. C’était une course dantesque, mais j’espérais cette météo. C’était un avantage de connaître le parcours, et la course était plus dure ainsi. Je pense que tout était réuni, ou presque. Il m’a manqué un poil de réussite. Mais c’était une première pour moi, et je reviendrai ».« On visait la victoire, mais on n’a pas vraiment de regrets, concluait Yvon Caër. On a eu notre lot de malchance, mais les autres équipes aussi. Le seul regret que j’ai, c’est la chute de Clément, qui se serait retrouvé avec Lewis et Val. Tronchon a montré de belles choses et mérite sa victoire. Ça ne se joue pas à grand-chose, mais on est content que Valentin finisse troisième malgré tout. Bien qu’il ait fait presque toutes les Classiques, il avait encore une belle condition pour s’exprimer comme il l’a fait aujourd’hui ».