Les journées se suivent mais ne se ressemblent pas pour Thibaut Pinot. Au lendemain d’une étape délicate vers La Turbie, le Franc-Comtois a réagi de très belle manière ce dimanche dans l’ultime acte du Tour des Alpes-Maritimes et du Var. À l’offensive toute la journée, et même en compagnie de son coéquipier Michael Storer pendant un certain temps, le grimpeur tricolore a effectué un joli raid en tête de course avant de finalement s’octroyer la troisième place à Blausasc. Son compère australien s’est classé sixième de l’étape quand Valentin Madouas a hérité de la quatrième place du général.

« Je ne voulais vraiment pas la louper », Thibaut Pinot

La journée s’annonçait très intense. Comme la saison passée, le Tour des Alpes-Maritimes et du Var s’achevait ce dimanche par une étape courte, encore davantage que l’an passé (112 contre 136 kilomètres), mais néanmoins très escarpée. Et tout débutait avec l’ascension du col d’Èze, déjà emprunté la veille en tant que juge de paix. Désireuse de jouer sur différents tableaux, la formation Groupama-FDJ a immédiatement fait étalage de ses velléités en envoyant Lewis Askey dans une première tentative d’échappée. Le Britannique a été repris après quelques minutes en tête et c’est alors Thibaut Pinot qui a pris le relais. « Je n’étais pourtant pas confiant ce matin après ma mauvaise journée samedi, confiait le coureur de Melisey. Mais je ne me suis pas posé de question ce matin : je voulais prendre l’échappée. J’en ai fait beaucoup car je ne voulais vraiment pas la louper. Au final, c’est la troisième qui a été la bonne ». Après un premier essai dans le Col d’Èze, puis un second vers Peille, Thibaut Pinot a été récompensé de ses initiatives dans la côte de Berre, après une quarantaine de kilomètres. À contretemps, et en compagnie de Michael Storer, il a établi la jonction avec un groupe d’une dizaine d’hommes. « On savait qu’un coup pouvait sortir avec des mecs pas loin au général, c’est ce qu’il s’est passé, disait Benoît Vaugrenard. On voulait mettre Thibaut, Michael ou Kevin. On en a mis deux sur trois, donc c’était un bon point pour nous ».


Cette échappée a toutefois été maintenue à moins d’une minute du peloton, sous la conduite de la formation Lotto-Soudal du maillot jaune Tim Wellens. En débutant l’ascension du Col de Saint Roch, à effectuer en plusieurs paliers, les hommes de tête ne bénéficiaient que d’une minute d’avance. C’est ainsi que Thibaut Pinot et Michael Storer ont décidé d’augmenter l’allure à une quarantaine de kilomètres de la ligne alors que le peloton se faisait de plus en plus menaçant. Seul Alexis Vuillermoz a dans un premier temps été en mesure d’accompagner le duo de la Groupama-FDJ avant que le grimpeur franc-comtois ne s’isole à l’approche du sommet. « En arrivant dans cette difficulté, on savait que Quintana allait attaquer dans le peloton et c’est ce qui est arrivé, résumait Benoît. Valentin n’a pas réussi à prendre sa roue, mais on est tombé sur un très très grand Quintana. Il est rentré sur nos gars qui étaient devant, puis est parti dans la descente comme un fou ». Si Storer a été rattrapé avant la bascule, Pinot a lui observé le retour du Colombien un peu plus tard. Il s’est alors accroché dans sa roue pendant un moment avant de devoir le laisser filer. « J’avais trop donné auparavant, expliquait Thibaut. En plus, il est si aéro que j’étais obligé de forcer dans la roue, je n’arrivais pas à récupérer. Avec à peine plus de fraîcheur, ça aurait été une autre course ». Le coureur sud-américain a alors augmenté de manière irrémédiable son avance en tête de course tandis que Thibaut Pinot réintégrait un groupe de contre avec son collègue australien, Vuillermoz, Martin et le maillot jaune Wellens.

« On a été acteurs », Benoît Vaugrenard

Dans la course aux accessits, il a finalement pris la troisième place du jour au sprint, Storer accrochant lui la sixième place. « Aujourd’hui, on n’a pas de regret, tranchait Benoît. On a tout mis en œuvre pour gagner, on est simplement tombé sur plus fort ». « Je n’ai pas raté une échappée de la journée, donc il m’en manquait forcément un peu pour suivre Quintana mais je suis quand même content de ma journée, commentait Thibaut. J’avais beaucoup d’envie. Je voulais me faire plaisir aujourd’hui, en ne calculant pas, en donnant tout ce que j’avais. Aujourd’hui j’ai pris du plaisir, c’est le vélo que j’aime, et je me suis rassuré ». Valentin Madouas, arrivé à un troisième échelon avec Kevin Geniets, repart lui avec la quatrième place du classement général, le Luxembourgeois prenant lui la dixième place finale. Une course pleine, donc, malgré l’absence de victoire. « On était venu pour gagner, ce n’est pas le cas mais on a tout fait pour et on a été acteurs, soutenait Benoît Vaugrenard. On a eu des bonnes satisfactions avec Lewis, Anthony et aussi un très bon Kevin. On l’a vu très en jambes et ça va être intéressant pour les Classiques. Michael était là où on l’attendait. On le sait très fort sur des parcours difficiles en fin de course par étapes. Il a apporté de bonnes garanties. Ça faisait aussi plaisir de revoir Thibaut à l’attaque. On était content de le voir à ce niveau et on sent qu’il s’est fait vraiment plaisir aujourd’hui. Il était déchaîné, tout simplement. Ça va le mettre en confiance pour la suite, et c’est le plus important ».

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