Comme attendu, la deuxième étape des Boucles de la Mayenne a offert sa dose de spectacle ce samedi. À l’issue d’un dernier tour très animé autour de Bais, lors duquel il a parfaitement répondu à l’assaut de ses principaux concurrents, Thibaud Gruel a en revanche été contraint de laisser deux hommes se faire la malle. Vainqueur de l’étape, Aaron Gate l’a ainsi dépossédé de son maillot jaune pour deux secondes. Le jeune puncheur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ demeure néanmoins sur le podium du général (3e) avant un dernier round qui s’annonce explosif à Laval dimanche.
C’est une journée « casse-pattes », s’il en est, qui faisait ce samedi office d’étape reine des Boucles de la Mayenne, entre Sainte-Suzanne et Bais. Avec deux-cent-dix kilomètres au programme, et cinq tours d’un circuit très bosselé, le classement général pouvait largement évoluer lors de ce troisième jour de course. Avec le maillot jaune dans ses rangs, en la personne de Thibaud Gruel, la Groupama-FDJ s’attendait naturellement à un gros combat. Cela s’est confirmé dès le départ. « On savait que la bataille pour l’échappée allait être rude, et elle l’a été, mais avant cela, il y avait un sprint intermédiaire après treize kilomètres, introduisait William Green. Clément et Paul ont fait du bon travail pour prendre les 2e et 3e places, même si Lapeira a pris trois secondes. Puis, on a contrôlé toute la journée avec Decathlon-AG2R. C’était une petite échappée de cinq coureurs, mais elle était très forte, et l’écart a toujours été de 3-4 minutes. On a d’abord sollicité Johan et il a roulé jusqu’à l’épuisement total. Puis Clément et Cyril ont pris le relais pour tenter de réduire l’écart mais ça s’est avéré éprouvant. La chaleur a bien sûr joué un rôle là-dedans. D’autres équipes sont ensuite venues rouler, car elles ont également réalisé qu’elles avaient beaucoup à perdre ».
« J’ai fait de mon mieux », Thibaud Gruel
À la suite d’un gros forcing, l’écart est finalement tombé à une minute trente à l’entrée dans le dernier tour de circuit, à vingt-sept kilomètres du terme, alors qu’une soixantaine de coureurs à peine composaient encore le paquet. « À un moment donné, il nous a aussi fallu sacrifier Tom, reprenait William. On ne voulait pas forcément combler tout l’écart, de sorte à ce que l’échappée prenne les secondes de bonifications du dernier sprint intermédiaire, mais Tom était probablement plus fort que prévu. Alors, lorsque l’écart s’est réduit, un moment de temporisation a permis à Pierre Latour d’attaquer ». Toujours aux avant-postes du peloton, et attentif notamment au champion de France Paul Lapeira, Thibaud Gruel a fait le choix de ne pas suivre cette offensive à treize kilomètres du but. « C’était le feu et tout le monde voulait ma peau, ce qui est normal, disait-il. J’ai essayé de sauter sur ce que je pouvais, mais surtout d’éteindre le feu là où c’était le plus dangereux. Je me suis dit que ce n’était pas plus mal si Latour prenait les bonifications, étant donné qu’il était un peu plus loin au général ». Malheureusement, le groupe maillot jaune, quasiment dépourvu d’équipiers, a trop hésité et l’avantage de Latour a très vite atteint trente secondes.
Dans les deux dernières montées du circuit, Thibaud Gruel a fait face aux nouveaux assauts de Benoît Cosnefroy et Paul Lapeira, grattant par ailleurs une seconde de bonification lors du sprint intermédiaire, mais la jonction n’a pu être opérée avec Latour avant la redescente vers Bais. Le jeune Tourangeau s’est alors démené pour suivre les différents contres, et seul Aaron Gate est parvenu à s’extraire pour aller cueillir l’homme de tête et s’offrir la victoire de justesse. Le coureur de la Groupama-FDJ a finalement terminé au sein d’un petit peloton, cinq secondes plus tard. Pour deux secondes, il a donc dû céder le maillot jaune au Néo-Zélandais, glissant en troisième position du général ce samedi soir. « Je suis un petit peu déçu, je n’étais pas loin de garder mon maillot, mais je n’ai pas trop de regrets, disait-il. Je ne pense pas avoir commis de grosses erreurs. Je m’attendais clairement à être attaqué, j’ai fait de mon mieux, mais je savais qu’il fallait aussi que j’aie un peu de chance ». « Honnêtement, nous avons tiré le maximum de chaque coureur sur une étape de 210 kilomètres, dans des conditions très difficiles, complétait William. Il faut juste saluer le numéro de Gate. On a donné le maximum aujourd’hui et on n’a aucun regret. Demain, le circuit technique peut nous convenir et on va évidemment tout donner pour essayer de reprendre le maillot. Ce n’est pas encore terminé ».
