Stefan Küng aura compté parmi les principaux acteurs de l’édition 2024 du Grand Prix de Denain. Malheureusement, ni ses efforts, ni son audace n’ont été récompensés ce jeudi dans le Nord de la France. Après un solo de trente kilomètres à travers les premiers secteurs pavés, derrière une échappée bien organisée, le rouleur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a pris place dans un groupe de poursuite au sein duquel il a retrouvé Lewis Askey. Le Britannique a malheureusement subi une crevaison à trente bornes du but, puis le Suisse a quant à lui chuté à l’entrée du dernier secteur pavé. Il n’a dès lors pu batailler pour les premières positions alors que Jannik Steimle s’imposait grâce à l’échappée. Une journée frustrante.

Quelques semaines avant l’Enfer du Nord, un avant-goût était de mise pour certains coureurs ce jeudi. Depuis plusieurs années, le Grand Prix de Denain s’est en effet flanqué du surnom de « mini Paris-Roubaix », du fait des désormais vingt-trois kilomètres de pavés répartis sur douze secteurs dans les 80 derniers kilomètres. Stefan Küng lui-même abordait l’épreuve nordiste comme un « test », au lendemain de sa rentrée sur la Nokere Koerse. Avant d’entamer les choses sérieuses, le peloton devait effectuer trois boucles autour de Denain, dans une première moitié de course complètement dénuée de difficultés. « L’échappée matinale de cinq coureurs est partie au bout de quinze kilomètres environ, indiquait Frédéric Guesdon. Ça a vraiment mis en route, en mode rouleau-compresseur, vingt kilomètres avant le premier secteur ». L’échappée composée de Jannik Steimle, James Fouché, Paul Hennequin, Maxime Jarnet et Ceriel Desal a pu aborder les premiers pavés avec un avantage d’environ cinq minutes alors que la bagarre a alors démarré d’emblée dans le paquet. « On est arrivés très bien placés dans le premier secteur, relatait Frédéric. Puis six coureurs dont Stefan sont sortis en tête, avec un peloton cassé à la suite d’une chute qui a impliqué Matt Walls ». « On savait que ce serait très compliqué avec les secteurs boueux et gras, ajoutait Stefan Küng. On était six à la sortie du secteur, malheureusement les autres ne voulaient pas collaborer, et quand j’ai passé mon relais, je me suis retrouvé tout seul. Je me suis dit que je préférais rester devant pour assurer le passages des secteurs suivants. Vu les conditions, je me suis dit que j’étais mieux là que dans le peloton ».

« Je n’ai rien vu venir », Stefan Küng

À plus de soixante-dix kilomètres du but, l’ancien double champion d’Europe du contre-la-montre a donc pris un coup d’avance sur le peloton, et s’est rapproché à environ trois minutes de l’échappée. « J’ai certes laissé quelques cartouches dans l’affaire, confessait Stefan. Puis, quand j’ai vu que je ne revenais plus sur l’échappée, car étant tout seul sur un parcours très roulant, j’ai un peu temporisé ». « C’était une situation complexe car il était un peu entre-deux, ajoutait Frédéric. Il fallait en garder et ne pas totalement se livrer, car on était encore loin de l’arrivée. Il a attendu que ça se décante un peu derrière, mais ça a mis beaucoup de temps à revenir ». Pendant ses trente kilomètres de raid solitaire, le coureur helvète a un moment compté une minute d’avance sur le peloton, mais une contre-attaque a fini par se dégager après le septième secteur du jour, avec Lewis Askey en son sein. Une petite dizaine d’hommes a pu rejoindre Stefan Küng à quarante bornes du terme, et une certaine collaboration s’est lentement mise en place. Malheureusement, lorsque les pavés sont réapparus à trente bornes de la ligne, la Groupama-FDJ a perdu son représentant britannique sur crevaison. Il n’est plus resté que Stefan dans un contre toujours pointé à près de trois minutes d’un trio d’échappés. Grâce à une coopération de plus en plus efficace, les poursuivants ont tout de même pu grignoter au fil des kilomètres sur l’échappée, se présentant même avec moins d’une minute de retard sur le dernier secteur, à douze bornes du terme. « Malgré mon effort solitaire, je me sentais encore bien et j’attendais ce dernier secteur, expliquait Stefan. Il y avait beaucoup de boue, c’était mouillé, et bien que voulant assurer mon passage, j’ai glissé. Je n’ai rien vu venir ».

« On a fait la course qu’on voulait faire », Frédéric Guesdon

Alors en tête du groupe, le Suisse a emmené ses concurrents avec lui au sol. Mais si certains ont pu repartir relativement vite, cela n’a pas été son cas. « Je n’avais rien, mais mon vélo était cassé, confiait-il. J’ai dû le changer et la course était perdue ». « Stefan devait essayer de distancer les sprinteurs du groupe, ajoutait Frédéric. Il a embrayé, et on connaît malheureusement la suite. De deux coureurs en poursuite, on est donc passés à un, puis à zéro ». Au bout du compte, l’échappée est même parvenue à résister, et Jannik Steimle a tiré les marrons du feu. Stefan Küng a rejoint la ligne dans un petit peloton arrivé pour la neuvième place à environ une minute, et le Suisse s’est classé 26e de l’épreuve. « C’est vraiment dommage car les sensations étaient très bonnes et les gars ont fait un bon boulot pour me placer comme il le fallait, concluait Stefan. Il y a de la frustration. Je suis certes au rendez-vous physiquement, mais on ne court pas pour se rassurer sur sa condition. On court pour les résultats, pour gagner. On va quand même retenir les points positifs, et je m’en sors bien. Je n’ai quelques égratignures, rien de grave. Espérons avoir un peu plus de chance sur les prochaines Classiques, notamment sur Roubaix, mais je suis confiant ». « On a donné notre maximum, on a été acteurs, et on a fait la course qu’on voulait faire, ponctuait Frédéric. Ensuite, on ne maîtrise pas tout… Il y a le regret de ne pas repartir avec un résultat, mais on va repartir de l’avant et motivés pour les prochaines courses. On va continuer sur cette voie en espérant que la roue tourne. Stefan avait besoin de courir un peu et il a fait la course ces deux derniers jours. Il va partir pour Milan-Sanremo et ça devrait le faire en vue des Classiques. Il aura comblé son manque de compétition ».

Stefan Küng, Matt Walls, Enzo Paleni et Marc Sarreau ont connu la chute ce jeudi. Touché et ouvert au niveau du coude, le sprinteur tricolore devra passer des examens complémentaires vendredi. 

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