Le Grand Prix de Denain, disputé depuis quelques années à travers les secteurs pavés du Nord, a tourné à la course à élimination ce jeudi. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’a pas été épargnée de ce point de vue, puisqu’elle a très vite perdu ses sprinteurs Bram Welten et Paul Penhoët tandis que Clément Davy, membre de l’échappée décisive dans les trente derniers kilomètres, a été victime d’une chute lors de l’ultime secteur pavé. Finalement, Sam Watson a tout de même pu se dégager dans les dernières minutes pour se doter de la sixième place sur la ligne et ainsi récompenser un beau comportement collectif.

Avec la substitution de Matthieu Ladagnous par Paul Penhoët vis-à-vis de la veille sur la Nokere Koerse, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, avec une moyenne d’âge de 22 ans et 137 jours, figurait comme la formation la plus jeune du plateau ce jeudi sur le Grand Prix de Denain. Jeune, mais néanmoins motivée autour de ses anciens de la « Conti », déjà très en vue de l’autre côté de la frontière belgo-française vingt-quatre heures plus tôt. Dans le Nord, c’est en revanche un parcours bien plus périlleux qui se profilait sur ce « mini Paris-Roubaix », dixit Samuel Watson, qui ne présentait en effet pas moins de vingt-trois kilomètres de pavés répartis sur douze secteurs dans les 80 dernières bornes. Avant cela, trois boucles sans difficultés autour de Denain ont été effectuées, et cela a permis à Paul Lapeira (AG2R Citroën), Louis Barré (Arkéa-Samsic), Luca De Meester (Bingoal WB), Benjamin Perry (Human Powered Health), Gilles De Wilde (Flanders-Baloise), Maël Guégan (CIC U Nantes Atlantique), Maxime Jarnet (Go Sport-Roubaix Lille Métropole) et Théo Delacroix (St Michel-Mavic-Auber93) de se forger une solide avance en tête. Au moment d’entrer dans le premier secteur du jour, après 111 kilomètres, l’écart flirtait encore avec les quatre minutes. Au sein du peloton, tout s’est débridé à partir du second, à Quiévy-Viesly, long de 3700 mètres et classé cinq étoiles. Une première sélection s’est opérée, et si Lewis Askey, Sam Watson, Laurence Pithie et Clément Davy sont parvenus à passer le cut, Paul Penhoët et Enzo Paleni étaient eux retardés par une chute tandis que Bram Welten était éliminé sur crevaison. « Il s’est retrouvé derrière, sans les voitures », expliquait Frédéric Guesdon.

« Sans sa chute, Clément était dans le bon coup », Frédéric Guesdon

Alors que l’échappée voyait son matelas progressivement se réduire, le peloton retrouvait lui un peu plus de consistance à l’entrée dans le secteur numéro 7. Cela n’a toutefois pas profité à la Groupama-FDJ. « Enzo et Paul sont tombés en même temps, quand ils sont revenus, racontait Frédéric. Paul a pu repartir, même s’il se plaignait du pied, mais Enzo est monté dans l’ambulance. C’est dommage car tout avait été plutôt correct jusque-là. Presque tout le monde était dans les billes… » Ils n’étaient donc finalement plus que quatre pour affronter les cinquante derniers kilomètres. « Le vent a eu un impact négatif sur la course car il a plus ou moins neutralisé les premiers secteurs, indiquait Sam Watson. Je savais que je devais être patient et économiser mes forces. Avec le vent de face dans les secteurs, j’ai simplement attendu dans le peloton dans un premier temps. Puis j’étais là, et toute l’équipe était là, quand c’était important, lorsqu’on a changé de direction ». À la sortie du secteur numéro 6, la Groupama-FDJ a même tenté un coup de force par l’intermédiaire de ses quatre jeunes. « On a essayé de provoquer une petite bordure avec le vent de côté, enchaînait Frédéric. Ça avait bien pété mais les autres équipes n’ont pas voulu rouler avec nous, et c’est donc rentré de l’arrière. On voulait durcir la course pour ne pas que ça arrive groupé car on n’avait pas de vrais sprinteurs. Sam et Clément devaient s’exprimer sur les secteurs pavés, et on gardait Lewis en réserve au cas où ».

« Je peux être content de ma forme », Sam Watson

Le plan d’attaque a été parfaitement respecté, puisqu’après un bon travail de Laurence Pithie avant l’enchaînement des secteurs 5 à 3, Clément Davy a été en mesure de s’isoler avec sept coureurs devant le peloton. En compagnie de Mikkel Bjerg, Juan Sebastian Molano (UAE Team Emirates), Taco van de Hoorn (Intermarché-Circus-Wanty) ou encore Edvald Boasson Hagen (Total Energies), le Mayennais a pu faire une certaine différence. Au terme d’une chasse collaborative, ces hommes ont établi la jonction avec l’échappée à quatorze bornes du terme, mais le reste du peloton ne pointait toutefois qu’à une dizaine de secondes alors que le dernier secteur d’Avesnes-le-Sec était sur le point d’être entamé. L’allure s’est dès lors accélérée dans le groupe de tête, mais Clément Davy a aussitôt été éliminé, sur chute. « Sans cela, il était dans le bon coup », soupirait Frédéric. Cinq coureurs ont alors émergé avec près de trente secondes d’avance à la sortie de cette ultime portion pavée, et la poursuite a eu du mal à s’engager en deuxième rideau. Sam Watson a une première fois tenté de relancer, mais c’est sans le vouloir qu’il s’est finalement retrouvé seul en contre à quatre bornes du terme. « J’ai voulu prendre un gros relais pour Lewis, expliquait-il. J’ai fait une ou deux minutes à bloc, et quand je me suis retourné, et il n’y avait personne dans ma roue. À partir de là, je devais aller jusqu’au bout ». « Il a passé un relais un peu fort et il est parti, disait Frédéric. Il ne fallait plus se poser de questions et je l’encourageais à donner tout ce qu’il avait. S’il n’y avait pas eu deux coureurs d’UAE devant, il aurait sans doute pu rentrer et jouer la gagne ».

Si le Britannique a pu boucher une quinzaine de secondes en peu de temps, il lui en a toutefois manqué une poignée dans le dernier kilomètre pour pouvoir raccrocher le bon wagon. Quelques mètres devant lui, Molano a enlevé la victoire alors que Sam coupait la ligne en sixième position. « J’étais très proche de reprendre le premier groupe, et les jambes sont super bonnes au moment d’entamer la période des Classiques, commentait-il. Je peux être content de ma forme ». Lewis Askey a pour sa part obtenu la quatorzième place d’une journée très chaotique. « Il y a beaucoup de bobos, mais c’est quand même un bilan positif, soulignait Frédéric Guesdon. Les mecs se sont bien battus et n’ont rien lâché malgré les circonstances. Malheureusement, on ne maîtrise pas tout… Ce n’était pas notre journée, mais ils étaient dans l’allure et avaient une grosse envie de bien faire. C’est dommage de ne pas accrocher un meilleur résultat, mais ça aurait aussi pu être pire… On reviendra ».

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