Dans un (mini) Paris-Roubaix avant l’heure, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est joliment mise en avant ce mardi lors de la 62ème édition du Grand Prix de Denain. En particulier, Olivier Le Gac et Clément Davy ont activement participé à une course de mouvements en intégrant une échappée à environ 75 kilomètres de l’arrivée. Le jeune Mayennais aura même poussé l’aventure avec deux autres coureurs jusqu’à 500 mètres de la ligne, mais c’est finalement un petit peloton qui s’est joué la gagne au sprint, Arnaud Démare s’octroyant alors la sixième place du jour.

À environ deux semaines de l’Enfer du Nord, pour l’occasion disputé en automne, un parfum de pavé saisissait déjà le peloton international ce mardi, à l’occasion d’un Grand Prix de Denain figurant comme grande répétition avant la Reine des Classiques. Pas moins de 20 kilomètres de pavés étaient en effet au programme de l’épreuve nordiste, et l’intégralité des secteurs était même concentrée sur la deuxième moitié du parcours. La première était en revanche dénuée de difficultés et a d’ailleurs été effectuée à un train plutôt raisonnable. « Il fallait faire attention au départ au cas où une grosse échappée se formait, initiait Clément Davy. Or, il n’y a pas du tout eu de bataille. L’échappée s’est faite au bout d’un kilomètre. On aurait aimé que les organismes arrivent plus fatigués pour les secteurs pavés, mais c’est comme ça. Cette échappée nous arrangeait aussi pour le reste de la course ». Cinq hommes se retrouvaient ainsi devant : Clément Carisey (Delko), Adam De Vos (Rally Cycling), Rudy Kowalski, Maxime Urruty (Xelliss-Roubaix Lille Métropole) et Jason Tesson (St Michel-Auber 93). « Alpecin et Ineos ont pris en main et le scénario habituel s’est mis en place, poursuivait Frédéric Guesdon. On est ensuite arrivés sur les premiers secteurs avec seulement 1’30 de retard sur l’échappée. Le but était alors de replacer Arnaud, et en plaçant Arnaud, on plaçait aussi le reste de l’équipe. Une fois sur les pavés, on devait suivre les meilleurs ».

« Avoir deux coureurs devant, c’était idéal », Frédéric Guesdon

Si une première bagarre de positions a fait rage avant d’aborder le tout premier secteur, ce n’est qu’à Maing que la vraie bagarre a débuté. « Il y a eu une grosse accélération d’Ineos dans l’enchaînement des deuxième et troisième secteurs, précisait Frédéric. Il fallait être bien placé et avoir les jambes. Ils sont alors sortis à douze, et si Arnaud ne crève pas, on en a trois dans le premier groupe. C’est un peu le regret de la journée… » Alors que le Picard se voit rétrogradé en queue de peloton suite à son incident, Olivier Le Gac et Clément Davy parviennent à sauver les meubles en accrochant un groupe de costauds à près de 75 kilomètres du but. « Ça s’est vraiment fait à la pédale, assurait Clément. C’est là où la course s’est vraiment décantée. On était dans le coup avec Olivier. Malheureusement, Arnaud a crevé alors qu’il était avec nous. On aurait pu être trois devant, c’est un peu dommage ». En tête, le duo de la Groupama-FDJ a notamment retrouvé Luke Rowe, Michal Kwiatkowski (Ineos), Stan Dewulf (AG2R-Citroën), Sep Vanmarcke (Israel-Start Up Nation), Connor Swift (Arkéa-Samsic) ou encore Quinten Hermans (Intermarché-Wanty Gobert). Arnaud Démare parvenait lui, après quelques minutes de chasse, à réintégrer un peloton encore relativement étoffé. « Avoir deux coureurs devant, c’était quand même idéal, soulignait Frédéric. D’autres n’étaient pas représentés et devaient assumer la poursuite. On était en bonne position, on n’a jamais eu à rouler. Devant, ils passaient comme les autres mais n’en faisaient pas plus que nécessaire. Il y avait une bonne collaboration dans le groupe. Nos gars ont passé leur bout et ont accompagné les attaques quand ça a commencé à accélérer ».

Au terme de la première boucle « pavée » autour de Denain, le groupe de tête comptait près d’une minute d’avance sur le peloton, où diverses équipes se sont activées. L’enchaînement des secteurs a repris de plus belle à environ quarante bornes du terme et l’échappée a perdu des éléments au fur et à mesure. Le mouvement décisif s’est alors produit dans les secteurs menant et démarrant de Quérénaing, à une vingtaine de kilomètres. Dewulf et Kwiatkowski ont pris quelques longueurs d’avance et c’est alors Clément Davy qui est parvenu à faire la jonction avec Hermans. « On s’entendait bien devant mais c’est devenu de plus en plus usant pour tout le monde, racontait Clément. Dans le final, ça s’est fait à la pédale et on est sortis à quatre. Le dernier secteur (à 10 km) était le plus propre. On allait donc très vite. Je me suis dit : « c’est le dernier, ne lâche pas ». Je me suis mis dans la roue de Kwiatkowski, il a vraiment mis en route et c’est finalement le secteur qui m’a fait le plus mal. Mon champ de vision, c’était la roue de Kwiato, et je n’avais pas envie de la lâcher ». Et le Mayennais a complété sa mission. À la sortie du secteur, il n’était même plus que trois après la perte de contact d’Hermans. Le peloton, lui, se situait à une vingtaine de secondes après avoir avalé les intercalés. Clément s’est alors appliqué à collaborer avec Kwiatkowski et Dewulf quand ses coéquipiers, dans le paquet, se tenaient prêts en cas de regroupement.

« Pour moi, c’est quand même un déclic », Clément Davy

« J’aurais aimé qu’il joue un peu avec ses adversaires, confiait Frédéric. Il pouvait jouer sur le fait qu’il avait Arnaud, l’un des favoris pour le sprint, à l’arrière. Mais il était tellement pris dans la course et par l’effort qu’il n’a pas trop pensé à bluffer. C’est un peu dommage car il aurait clairement pu faire quelque chose vu sa condition du jour. Il n’a pas pu attaquer avant le dernier kilomètre car il ne pouvait pas, mais s’il avait joué un peu plus, ça aurait pu être possible ». Le trio a ainsi passé la flamme rouge avec une poignée de secondes d’avance, et si Kwiatkowski a tenté le tout pour le tout dans les derniers hectomètres, tous ont finalement été revus par le peloton à 500 mètres de la ligne. « Je pense que le vent de face nous a coûté cher », expliquait Clément. Il n’a pas non plus avantagé Arnaud Démare qui, au sprint, s’est octroyé la sixième place derrière le vainqueur Jasper Philipsen. « Il a lancé assez tôt pour éviter de se faire coincer, il a pris le vent de face et s’est ensuite fait un peu déborder, relatait Frédéric. Il lui a peut-être manqué des forces vis à vis de sa crevaison, qui l’a contraint à un effort que n’ont pas eu à consentir d’autres sprinteurs. À ce niveau-là, ça se joue à peu de choses… C’est une belle course d’ensemble, mais avec Arnaud, on veut forcément gagner des courses. On est toujours présents, mais il nous manque cette victoire au bout et c’est forcément un peu décevant ».

En revanche, la satisfaction du jour provenait clairement de la performance de haute volée de Clément Davy, habituellement en tête de peloton pour annihiler les échappées. « C’est clair que pour moi, c’est quand même un déclic, disait le jeune homme. Même si je savais que j’avais le potentiel pour être là, fallait-il encore le prouver. J’avais vraiment en tête ces courses avec les pavés du Nord. Depuis que j’ai eu la chance de faire Paris-Roubaix Espoirs, je suis tombé amoureux du pavé et j’ai envie de faire quelque chose sur ces courses. Sur ce Grand Prix de Denain, j’ai pu montrer le maillot et on a été là collectivement ». « Clément parle souvent des pavés, de Paris-Roubaix, il adore ces courses-là, confirmait Frédéric en conclusion. Aujourd’hui c’était son premier rendez-vous sur les pavés avec nous. Il a montré de belles choses et confirmé que c’étaient des courses faites pour lui. C’est de bon augure pour l’avenir et j’espère que ce n’est que la première d’une longue liste de performances dans le Nord de la France ».

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