Comme la semaine passée sur l’E3 Saxo Bank Classic, Stefan Küng a répondu présent au rendez-vous, ce mercredi, à l’occasion de la dernière répétition avant le « Ronde ». Sur À Travers la Flandre, le rouleur suisse a de nouveau pu exhiber sa belle condition en intégrant le groupe décisif qui s’est formé à soixante-dix kilomètres du but. Le champion d’Europe du chrono et ses compères d’échappée n’ont jamais été revus et le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a finalement hérité de la sixième place. Constamment présent à un second échelon, en protection de son leader, Valentin Madouas a lui terminé aux portes du top-10 (11e).

« On voulait durcir », Frédéric Guesdon

Sur une distance bien moindre à celle qui sera parcourue dimanche en direction d’Audenarde, la Classique WorldTour d’À Travers la Flandre faisait office de dernier test à quatre jours du deuxième Monument de la saison. L’action était de fait plus condensée. Or, celle-ci a été présente dès le début de course puisque la bataille pour l’échappée « matinale » s’est étendue pendant près de quarante-cinq minutes. Johan Jacobs (Movistar), Kelland O’Brien (BikeExchange-Jayco), Mathijs Paasschens (Bingoal Pauwels Sauces-WB), Nils Politt (Bora-hansgrohe) et Aaron Verwilst (Sport Vlaanderen-Baloise) ont finalement pu sortir et obtenir une belle marge de cinq minutes face au peloton. Pour ce dernier, la course a été redynamisée à l’entrée dans les cent derniers kilomètres. « On ne savait pas exactement comment ça allait se passer car c’était un nouveau parcours, il n’y avait pas forcément un seul endroit stratégique, expliquait Frédéric Guesdon. Une chose était sûre, on ne voulait pas que ça arrive au sprint. On voulait aller de l’avant, durcir, et surtout ne pas louper un bon coup. On avait simplement établi qu’une fois que cela commencerait à être nerveux, il fallait s’inscrire dans les mouvements et surtout ne pas se faire piéger. C’est pour cette raison qu’on a vu les gars assez offensifs, et on a bien fait, car la course s’est vite décantée ». Olivier Le Gac a fourni la première attaque à 90 kilomètres du but, puis c’est Lewis Askey qui s’est intercalé avec deux coureurs une dizaine de bornes plus loin. « Sur ces premiers monts, c’était à eux d’accompagner, puis Stefan, Val et Kevin devaient être présents sur le Berg ten Houte, exposait encore Frédéric. C’était le mont le plus dur, sur pavés, celui où il fallait se placer et où la course pouvait vraiment se décider. C’est ce qu’il s’est produit ».

Après avoir évité une chute à quelques encablures du pied, Stefan Küng est entré en jeu, à 70 kilomètres de l’arrivée : « On n’était pas super bien placés à l’approche du mont, mais il y avait encore Kevin devant moi et je lui ai dit de me remonter. Il a fait un super job, a remonté une quinzaine de coureurs, puis Olivier a pris le relais. Je me sentais vraiment super bien et j’ai réussi à faire le jump avec cinq autres coureurs ». Le Suisse s’est retrouvé avec Tiesj Benoot (Jumbo-Visma), Ben Turner, Tom Pidcock (Ineos Grenadiers), Victor Campenaerts (Lotto-Soudal) et Mathieu van der Poel (Alpecin-Fenix) et ce groupe de costauds a immédiatement fait la différence. « On a bien collaboré, on a vraiment bien roulé ensemble », confirmait le coureur de la Groupama-FDJ. « Ils savaient qu’il fallait s’entendre, que c’était le bon coup, et qu’il ne fallait surtout pas que Pogacar rentre, abondait Frédéric. Ils avaient tous intérêt à rouler. Il y avait beaucoup de petits groupes, les écarts n’étaient pas faits et ça a mis du temps à vraiment plier les ailes derrière ». Progressivement, la marge avec les premiers poursuivants a passé les trente secondes, puis les quarante, et la situation s’est dès lors stabilisée tandis que Valentin Madouas veillait au grain dans le groupe de chasse. « Il avait loupé le bon coup, donc il fallait absolument qu’il accroche le contre pour protéger Stefan au cas où, et c’est ce qu’il a parfaitement fait », signalait Frédéric. À vingt-cinq kilomètres de la ligne, le Breton s’est ainsi retrouvé dans la roue de Tadej Pogacar et Jan Tratnik, sans collaborer, naturellement.

« Je me sens très fort », Stefan Küng

En tête de course, le groupe était encore composé de huit hommes, dont deux rescapés de l’échappée, et le parcours est devenu moins propice aux mouvements. « Ce n’était pas évident, le circuit final n’était pas extrêmement dur, il fallait donc un peu de chance », indiquait Frédéric. « Sur la fin, c’est toujours un peu du poker, imageait Stefan. Malheureusement, j’ai cette fois joué la mauvaise carte. J’étais aussi un peu limite sur la fin, comme tout le monde je crois. C’était une course vraiment dure et j’avais l’impression qu’il me manquait un peu de fraîcheur. C’était quand même ma troisième course en l’espace de cinq jours, et les trois ont été difficiles ». Dans un final animé, le Suisse a suivi quelques offensives mais n’a pas accroché le wagon Van der Poel-Benoot sorti à deux kilomètres du terme. « Je crois qu’il n’a pas de regret, complétait Frédéric. Les deux sortent au moment où il termine un gros effort. On prend certes le départ pour gagner, mais on est satisfait d’avoir un coureur dans le bon coup ». Au sprint pour les places d’honneur, Stefan Küng s’est finalement classé sixième. Deux minutes plus tard, Valentin Madouas a franchi la ligne en onzième place et Olivier Le Gac a plus tard accroché le top-20 (18e). « Valentin a de très bonnes jambes mais il frotte moins bien que Stefan, il a donc tendance à être un peu à contretemps et c’est ce qui lui coûte cher aujourd’hui, concluait Frédéric. On est très satisfait du collectif. On a retrouvé Lewis et Kevin à un bon niveau, eux qui étaient un peu malades sur le début de la campagne. Collectivement, on est là, et c’est aussi pourquoi on aimerait que le groupe soit encore plus récompensé en allant chercher une victoire. On a conscience que ce n’est pas simple, mais on court pour ça. On est très contents de nos trois premières Flandriennes. Pour l’instant, tout roule. Certes Tobias est tombé aujourd’hui, mais il n’a semble-t-il rien de cassé et sera motivé pour être au départ du Tour des Flandres ». À l’instar de son leader suisse. « Je me sens confiant dans les monts, glissait Stefan. Je me sens très fort, plus fort que les années précédentes, donc ça donne de la confiance pour dimanche ».

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