Stefan Küng renoue avec le podium en Flandres

Deux ans après sa troisième place sur l’E3 Saxo Classic, et après un début de campagne printanière frustrant, Stefan Küng est ce mercredi remonté sur le podium d’une Classique « Flandrienne ». Entre Roulers et Waregem, le coureur suisse a fait étalage d’une belle forme sur À Travers la Flandre pour accrocher la troisième place, battu pour la victoire par Matteo Jorgenson et la supériorité de la Visma-Lease a Bike. Il s’agit, pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, du premier résultat probant de l’année en Belgique, Valentin Madouas ayant lui obtenu une solide treizième place. De bon augure avant la grand-messe du Tour des Flandres dimanche.

Que ce soit pour répéter ses gammes ou (re)prendre confiance, À Travers la Flandre constituait ce mercredi l’ultime rendez-vous des flahutes avant le « Ronde ». Sur une distance bien plus courte (188 km) et sans les principaux et iconiques monts du coin, la course s’annonçait néanmoins différente. La lutte pour l’échappée a également occupé le peloton pendant près de cinquante kilomètres au départ de Roulers. « C’est parti en deux fois, et ils se sont retrouvés à onze devant, initiait Frédéric Guesdon. Or, c’est le genre de courses où on sait que l’échappée peut aller loin, d’autant qu’il y avait de bons coureurs devant, donc il y a très rapidement eu un gros tempo ». Le paquet n’a ainsi laissé guère plus de trois minutes à Dries De Bondt, Jonas Abrahamsen, Casper Pedersen, Pascal Eenkhoorn ou autres Mathias Norsgaard avant l’arrivée dans les premiers monts. Dès l’entrée dans les cent derniers kilomètres, la nervosité s’est intensifiée, notamment à l’approche de la côte de Trieu et du Kortekeer. Bien que parfaitement en place, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a pourtant essuyé un sérieux revers avec la crevaison de Laurence Pithie. « Il a vraiment crevé au mauvais moment, et on était assez loin du fait des petites routes, racontait Frédéric. Après avoir changé de vélo, il a essayé de rentrer, mais quand il y est parvenu, il y a eu des cassures et il s’est tout de suite retrouvé hors-jeu. La course s’est décantée précisément à ce moment-là et c’était mort. Il a insisté et insisté, mais c’était trop compliqué ».

« Ce n’était pas évident de jouer le coup », Frédéric Guesdon

Au sein du peloton, la première sélection s’est effectuée dans le Berg ten Houte, que Stefan Küng a franchi dans les premières positions. Un petit peloton s’est dégagé, jusqu’au fait de course de la journée et la violente chute dans la descente précédant le Kanarieberg. « La chute a mis à terre pas mal de favoris, confiait Frédéric, en allusion à Van Aert, Pedersen ou Stuyven. Ça a un peu changé la physionomie de la course ». « C’était assez mouvementé à ce moment-là, je suis remonté à l’avant du groupe, et juste après j’ai entendu la chute derrière moi, confiait Stefan. Je pense que tout le monde a été un peu sous le choc dans un premier temps, puis Matteo Jorgenson a relancé la course dans le Kanarieberg ». À 65 bornes du terme, cinq hommes se sont alors extirpés du peloton dont Stefan Küng, Matteo Jorgenson, Tiesj Benoot, Michael Valgren et Alberto Bettiol. « Il fallait tout de suite rouler car il y avait des parties qui pouvaient favoriser le retour des groupes derrière et on a toujours peur que les équipes de sprinteurs s’organisent, poursuivait Frédéric. Il fallait aussi revenir rapidement sur le groupe de tête pour essayer de lâcher certains coureurs dans les monts, car on savait qu’il serait plus difficile de le faire sur la fin ». Le groupe de poursuivants, passé à six après le retour de Joshua Tarling, a finalement eu besoin de près de vingt-cinq kilomètres pour revenir sur les échappés, dans la montée de Ladeuze.

Au sortir de cette bosse, cinq fuyards du matin parvenaient à s’accrocher aux six favoris. Pendant ce temps, l’écart sur le groupe suivant grimpait à une minute trente, de quoi laisser entrevoir la victoire parmi les hommes de tête. Suite à une accélération de Stefan Küng dans un secteur pavé à trente bornes du terme, ils ne sont plus restés que sept en lice. Le rouleur helvète a encore montré sa force en allant chercher Bettiol après le Nokereberg ou Jorgenson à une quinzaine de kilomètres du but. Et si l’Italien a été écarté sur crampes dans le final, le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a dû composer avec la présence de deux hommes de la Visma-Lease a Bike. Après un effort pour rentrer sur Benoot dans l’ultime montée de la journée à Nokere, il s’est fait surprendre par le contre de Jorgenson précédant le dernier secteur pavé, à tout juste sept bornes du but. « On avait davantage peur de se faire piéger par les seconds couteaux et de se faire enterrer alors qu’il avait de bonnes jambes, continuait Frédéric. Au final, on n’a pas trop de regrets car il n’a pas fait d’erreur. Ce n’était pas évident de jouer le coup avec les deux Visma-Lease a Bike ». Ce que l’intéressé confirmait de lui-même : « Ils étaient en supériorité numérique, et ils l’ont bien mis à profit. J’étais probablement le plus fort avec eux, mais il m’était impossible de gagner cette course. Ce sont de très bons coureurs et ils ont bien joué le coup. Il n’y avait pas non plus de bosse assez difficile pour faire la différence. À deux contre un, et quand les autres attendent après moi pour réagir, c’est vraiment difficile ».

« Je suis prêt et j’attends dimanche avec impatience », Stefan Küng

Alors que Jorgenson s’envolait vers le succès, Stefan Küng a tenté de manœuvrer au mieux pour accrocher le podium du jour. La deuxième place s’est finalement décidée au sprint, et il n’a été devancé que par Abrahamsen. « C’est bien de finir sur le podium, confiait-il. On court pour gagner, évidemment, mais je pense que j’ai fait le maximum compte tenu de la situation ». « On a enfin ce résultat qui nous manquait, soufflait Frédéric. Jusque-là, on avait été présents sur toutes les courses mais ça n’avait pas tourné en notre faveur. Aujourd’hui, il y a le podium et la manière, donc c’est bien. C’est de bon augure pour dimanche. Faire troisième d’À Travers la Flandre donne le moral à tout le monde. Les idées sont claires pour dimanche et on arrivera sur le Ronde remontés à bloc ». Valentin Madouas est également allé signer une solide treizième place ce mercredi, en anticipant l’arrivée du « peloton ». « Cette course est positive avant le Tour des Flandres, confirmait Stefan. Normalement, nous aurons trois cartes à jouer avec Laurence, Valentin et moi-même. Ces deux dernières années, j’étais dans le match sur le Ronde, et l’objectif est d’y être aussi cette année. Je suis prêt et j’attends dimanche avec impatience. Les montées pavées me conviennent encore mieux normalement. J’ai aussi la sensation de m’améliorer de jour en jour. Aujourd’hui, je me suis senti encore mieux que sur les courses précédentes, et je me sens encore frais ».