Le maillot bleu-blanc-rouge quitte provisoirement la maison Groupama-FDJ. Après avoir reconquis le titre sur le contre-la-montre jeudi, l’équipe a été contrainte de céder celui de la course en ligne ce dimanche à Épinal, au profit de Rémi Cavagna. Au terme d’une épreuve qui a vu l’échappée se jouer la victoire après 243 kilomètres, Rudy Molard a bien tenté de faire valoir ses atouts dans le final, mais il a finalement dû se contenter de la médaille d’argent, près d’une minute derrière le vainqueur.

C’est dans les Vosges, et plus précisément à Épinal et ses alentours, que la grand-messe du maillot tricolore prenait ses quartiers ce dimanche. Au terme d’une brillante année sous les couleurs bleu-blanc-rouge, Arnaud Démare remettait donc son titre en jeu sur un parcours qui n’était pas pour lui convenir tout particulièrement. Près de 243 kilomètres étaient au programme de ce championnat de France 2021, et ceux-ci se décomposaient en une portion en ligne de onze kilomètres avec un circuit local de 14,5 bornes à boucler seize fois. Il a d’ailleurs fallu en couvrir quasiment trois avant que l’échappée du jour ne parvienne à s’extirper après une éprouvante bagarre d’environ une heure. Y ayant pleinement pris part, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ parvenait à glisser pas moins trois hommes en tête : Simon Guglielmi, Rudy Molard ainsi que Matthieu Ladagnous. Le trio se voyait accompagné de dix autres coureurs : Pierre Rolland (B&B Hotels), Jérémy Leveau (Xelliss-Roubaix Lille Métropole), Victor Lafay (Cofidis), Geoffrey Bouchard, Damien Touzé (AG2R-Citroën), Alexis Guérin (Vorarlberg), Rémi Cavagna (Deceuninck-Quick Step), Jérémy Cabot, Fabien Doubey (TotalEnergies) ainsi que Warren Barguil (Arkéa-Samsic). « J’avais ma carte pour prendre l’échappée, et je voulais vraiment être devant car c’est un circuit que j’aimais bien, racontait plus tard Simon. Je pense aussi qu’on était mieux devant à ne pas subir les relances. On avait  qui plus est Rudy, qui était vraiment en forme. Avec Lada, on a donc roulé toute la journée du mieux possible pour qu’il puisse jouer sa carte sur la fin ».

« Je me sentais capable de jouer la gagne », Rudy Molard

L’écart maximal enregistré pour l’échappée a été de cinq minutes ce dimanche, puis le peloton s’est progressivement mis en marche à la mi-course et a dès lors perdu des unités au fil des tours sur un circuit des plus usants. L’avantage des treize fuyards est ainsi tombé à deux minutes à environ cinq tours du terme, mais la chasse est alors devenue bien plus confuse. « On savait que sur ce type de circuit, très sinueux et avec beaucoup de relances, il allait être compliqué de revenir de l’arrière, expliquait Rudy Molard. Et même si ça se produisait, il faudrait y laisser des cartouches. Tactiquement, il fallait donc avoir de bonnes cartes devant. Je savais qu’en me retrouvant dans l’échappée, l’équipe allait pouvoir me faire confiance. Derrière, ça permettait également à David et Valentin de ne pas trop rouler, de se laisser emmener et d’éventuellement revenir à l’avant en faisant le moins d’efforts possibles. Sauf qu’avec ce circuit et la pluie, ce n’est jamais rentré ». Au sein du peloton, plusieurs tentatives de contres ont ainsi émané dans les cinquante derniers kilomètres, dont celles du champion du monde Julian Alaphilippe. Rien n’y a fait, tandis que David Gaudu et Valentin Madouas accompagnaient les grands favoris à ce deuxième échelon. Avec plus d’une minute et trente secondes d’avance à deux tours du terme, l’échappée matinale a dès lors compris que la victoire lui tendait les bras. En contre, Valentin Madouas s’isolait pour sa part avec Benoit Cosnefroy et Guillaume Martin.

« Cela m’a permis de souffler, de sauter quelques relais et de me concentrer sur le final, continuait Rudy. Je me sentais bien, capable de jouer la gagne ». Si quelques accélérations ont eu lieu avant l’entrée dans le dernier tour, l’échappée était encore relativement compacte au passage sur la ligne. C’est alors que Rémi Cavagna a pris un mètre, puis dix, puis cent… « On connaissait les talents de finisseur de Rémi, il ne fallait pas le laisser partir, ajoutait Rudy. Il a attaqué au bon endroit, à la zone de ravito, juste avant la partie technique. Il a pris quelques mètres d’avance et on n’a jamais pu rentrer. On s’est relayés mais on n’a rien pu faire. Il était vraiment au-dessus. J’ai tenté le tout pour le tout dans la dernière ascension mais Rémi avait déjà trop d’avance et on a alors joué la deuxième place ». Au sein d’un quintette pointé à plus de trente secondes à cinq kilomètres du but, Rudy Molard s’est ainsi focalisé sur les places restantes sur le podium, et a d’ailleurs réussi à obtenir la médaille d’argent au terme d’un joli sprint en bosse dans les derniers hectomètres. « On venait pour gagner, pour défendre notre maillot, assurait Rudy. Ceci étant, on n’a pas de regrets, on s’est bien battus. J’y ai cru, mais Rémi était vraiment le plus fort. D’un point de vue personnel, même si je termine deuxième, je suis quand même content d’avoir pu performer et jouer devant. J’ai fait un Giro malade et je ne retrouvais pas mon niveau. Je me suis bien reposé et j’ai retrouvé des sensations au fil des jours. Mentalement, ça fait du bien de couper avec un podium ».

« On ne peut pas gagner à chaque fois », Marc Madiot

Aussi attaché puisse-t-il être au maillot tricolore, Marc Madiot ne pouvait qu’être beau joueur après la course du jour. « On ne peut pas gagner à chaque fois, glissait-il. Cela démontre aussi qu’il n’est jamais facile de gagner. Quand on a cette chance et cette opportunité, il ne faut donc pas la rater. Aujourd’hui, je pense qu’on a fait une bonne course dans la gestion, dans l’implication, dans la motivation, mais un coureur était plus fort que nous. Il n’y a pas de regrets, je n’ai observé aucune lacune, et au final c’est la course qui décide ». « Le regret aurait été de faire des fautes stratégiques, or nous n’en avons pas fait, concluait Thierry Bricaud. On a fait ce qu’on voulait faire. On a fait confiance à Rudy dans le final car on savait que c’était une bonne carte. La preuve étant, il finit sur le podium, même si ce n’est évidemment pas la place qu’on aurait aimé avoir ». Sur la ligne d’arrivée à Épinal, un autre membre de la Groupama-FDJ s’est glissé dans le top 10 en la personne de Valentin Madouas, septième. « Les championnats ne sont pas complètement réussis, mais ils ne sont pas loupés non plus, ponctuait le jeune Breton en route vers sa deuxième Grande Boucle. Maintenant, il n’y a plus qu’à bien récupérer et aller faire un Tour de France qui sera beau, j’en suis sûr. »