La « Conti » n’en finit plus de repousser ses limites. Déjà auteurs d’un début de saison flamboyant, les jeunes hommes de la formation bisontine ont accroché une nouvelle épreuve phare à leur palmarès ce samedi. Dans les Ardennes belges, le tout jeune Romain Grégoire (19 ans) s’est en effet adjugél’édition Espoirs de Liège-Bastogne-Liège, après un sprint en petit comité, mais surtout au terme d’une course collective de haut-vol. La « Conti » obtient là son sixième succès de la saison, et sans nul doute, l’un des plus importants de sa jeune histoire. 

« Ils s’en souviendront ! », Jérôme Gannat

Il y avait un petit goût de Monument, ce samedi, au départ de Bastogne. Les meilleurs coureurs Espoirs avaient en effet rendez-vous pour leur propre édition de Liège-Bastogne-Liège, rendez-vous immanquable s’il en est. « Comme toutes les courses qui ont une grande sœur chez les pros, on a forcément à cœur d’y briller, glissait Jérôme Gannat. C’est une épreuve de référence. Quand on regarde de près le palmarès, on voit bien qu’elle a consacré de très bons coureursÇa fait aussi partie de l’histoire du vélo, même si cela reste du niveau U23. Je crois qu’il est important de s’imprégner de tout ça. Marc [Madiot] dit assez souvent « on doit vivre vélo ». Orrien que le nom Liège-Bastogne-Liègefait rêver et motive tous les coureurs ». Le directeur sportif de la Conti était ainsi à la tête d’un groupe particulièrement ambitieux, qui est entré en scène à la mi-course ce samedi, alors que l’échappée du jour venait de rendre les armes. « Durant le briefing hier soiron avait bien identifié la fameuse trilogie Wanne/Stockeu/HauteLevée, un enchaînement de trois bosses très difficiles qui figurait pour la première fois sur le parcours de l’édition Espoirs, relatait Jérôme. Tout le monde dans l’équipe avait envie de dynamiter la course à ce moment-là afin de faire une grosse sélection, et donc ne pas attendre La Redoute comme c’est généralement le cas. On n’avait pour autant pas imaginé retrouver trois de nos coureurs dans un groupe de quatre au sortir de ces difficultés ».

Grâce à un tempo infernal, Romain Grégoire et Reuben Thompson se sont d’abord détachés en compagnie d’Alex Baudin (Swiss Racing Academy), puis Lenny Martinez les a rejoints après la côte de la Haute-Levée. Le reste de la concurrence était repoussé à quarante secondes et il restait alors près de soixante-quinze kilomètres à couvrir. « À partir de ce moment-là, on ne pouvait plus décider de se relever, ajoutait Jérôme. On voulait faire du vélo sans calculer, alorsils ont roulé. C’était un petit coup de poker. C’était impressionnant, c’était du beau vélo, avec une course lancée de loin, mais on savait aussi qu’on risquait de griller quelques cartouches. Pas toutes néanmoins, car on avait aussi Sam, Enzo et Lorenzo dans le peloton, mais c’était tout de même beaucoup d’énergie dépensée pour nos trois hommes devantMaintenant qu’on a dit ça, on ne va pas commencer à calculer en Espoirs ! Je pense aussi que cette belle échappée sera utile dans le développement des coureurs, et ils s’en souviendront, c’est sûr ! » En tête de course, les trois hommes de la « Conti » et leur unique compagnon de fuite se sont donc livrés à un vrai récital et ont compté jusqu’à une minute d’avance sur le peloton où, là aussi, l’équipe était omniprésente. « Le collectif a été très bon, car hormis les trois devant, on avait encore Lorenzo, Enzo, et Sam dans un peloton de trente, et ils couvraient l’échappée de leurs copains. Ils ont fait du super boulot », indiquait Jérôme. 

« Super fier de toute l’équipe », Romain Grégoire

Malgré tout, le peloton a réussi à s’organiser à une cinquantaine de kilomètres de la ligne, et deux coureurs ont d’abord opéré la jonction au sommet de la côte de la Redoute, avant que l’ensemble du premier peloton ne fasse lui aussi son retour à une vingtaine de kilomètres du but. Dès lors, plusieurs offensives ont émergé, les hommes de Jérôme Gannat n’ont pas manqué de les accompagner, et le bon coup s’est finalement dessiné à cinq kilomètres du but, dans la toute dernière côte du parcours« Après le passage de la Redoute, l’idée était de se concentrer sur le sprint avec Sam Watson,détaillait Jérôme. Mais on avait aussi noté cette dernière bosse, où Romain pouvait accompagner les attaques. C’est ce qu’il a fait. C’était d’ailleurs très impressionnant. Il avait fait cinquante bornes devantet il était encore là ! Ils étaient six avec lui. On se doutait qu’il était le plus rapide, mais avec la débauche d’énergie consentie toute la journée, on n’était sûrsde rien ». « J’étais confiant pour le sprint, soutenait le champion d’Europe Juniors. Le vrai problème était de gérer le groupe de sorte qu’il arrive bel et bien au sprint. J’aifinalement réussi à me placer dans la position idéale à 500 mètres, j’ai lancé mon sprint au bon momentet ça s’est super bien passé ». Le jeune Bisontin s’est ainsi largement imposé dans la dernière ligne droite, devenant le premier vainqueur Français de l’épreuve depuis Guillaume Martin, en 2015. Le tout en étant dans sa première année Espoirs. « Je pense quesa détermination a fait la différence, lançait Jérôme. Il voulait absolument gagner. Il veut confirmer au niveau Espoirs, et il l’a fait aujourd’hui de fort belle manière »

Il s’agit également d’une journée à marquer d’une pierre blanche pour la Conti, qui obtient là l’un de plus grands succès qui lui soit permis de convoiter. « Je n’aime pas dire ça, mais on était les plus forts, glissait Jérôme. On a objectivement dominé l’épreuve aujourd’hui. C’est dans la droite lignée du début de saison, et c’est aussi un nouveau vainqueur pour l’équipe, ce qui est hyper intéressant. Cela veut aussi dire que l’ensemble du groupe est très performant, et riche en talents »« Pour l’instant, c’était plutôt le groupe rouleurs-sprinteurs qui avait fait de beaux résultats, signalait Romain. On avait aussi envie, dans le groupe grimpeurs-puncheurs, de montrer qu’on était capables de gagner des courses. C’est ce qu’on a fait aujourd’hui et je veux remercier tout le monde ! Franchement, je suis super fier de toute l’équipe. On voulait être offensifs et on l’a été. C’est la clé du succès. On voulait courir sans complexes et faire du vélo spectacleJ’aime cette manière de courir, toute l’équipe a accompagné cette démarche, et ça s’est super bien terminé ».

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