Malgré les mésaventures, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a pleinement pris part à la bagarre lors du quatrième Monument de la saison ce dimanche, sur Liège-Bastogne-Liège. Rémy Rochas a d’abord passé une partie de la journée dans l’échappée, Valentin Madouas et Romain Grégoire ont dû livrer une première bataille pour faire leur retour dans le peloton à la suite d’une chute massive, tandis que David Gaudu a été éliminé sur crevaison après la côte de la Redoute. Romain Grégoire a dès lors pris part aux mouvements et longtemps été en lice pour une place sur le podium. Dans les derniers kilomètres, le groupe de chasse s’est toutefois amplement étoffé, et c’est alors le champion de France qui s’est mêlé au sprint pour décrocher la septième place, deux minutes après Tadej Pogacar.

La séquence des Classiques printanières 2024 arrivait ce dimanche à son terme. Après la quinzaine des Flandriennes, la semaine des Ardennaises se ponctuait ainsi et comme de coutume avec « La Doyenne », Liège-Bastogne-Liège, dont le parcours restait identique aux années précédentes. Neuf côtes répertoriées, et pas des moindres, figuraient dans les cent derniers kilomètres, avec le passage décisif de la Redoute à trente-cinq bornes du terme, et la côte de la Roche-aux-Faucons comme ultime difficulté à douze kilomètres du but. Casse-pattes bien que moins exigeante que le final, la première moitié de course a été animée par une échappée de neuf hommes au sein de laquelle s’est glissé Rémy Rochas pour le compte de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. Sous des températures plus hivernales que printanières, le grimpeur tricolore a pu compter jusqu’à quatre minutes trente d’avance avec ses compagnons de fuite, mais le peloton a opéré un prompt rapproché à l’orée des premiers enchaînements de côtes. À cent bornes du terme, l’écart était déjà ramené à une minute, et quelques encablures plus loin, le premier fait de course majeur de la journée avait lieu sous les yeux de Valentin Madouas et Romain Grégoire.

« Il ne faut jamais rien lâcher », Valentin Madouas

À la suite d’une glissade d’un concurrent sur une route étroite, une chute massive a coupé le peloton en deux et seule une quarantaine de coureurs ont pu tenir leur place à l’avant. « Parmi nos leaders, on n’avait que David dans le premier groupe, indiquait Benoît Vaugrenard. Derrière, ils ont dû chasser longtemps et fort dans la trilogie Wanne-Stockeu-Haute Levée ». « On est restés vraiment calmes au début car il y avait Pidcock, Van der Poel, Vansevenant avec nous, commentait Romain. Mais quand l’écart a commencé à monter à une minute, on s’est dit qu’il ne fallait pas traîner ». « Ça nous a contraint à une grosse course-poursuite, enchaînait Valentin. On ne s’est jamais démoralisés. On sait que ça peut toujours rentrer à Liège, et qu’il ne faut jamais rien lâcher ». L’équipe a dans un premier temps contribué à la chasse par l’intermédiaire de Clément Russo ou Lorenzo Germani, puis Romain Grégoire est parvenu à accompagner l’accélération de Pidcock et Vansevenant après la côte de Stockeu. Dans la Haute Levée, le trio a profité du travail de Rémy Rochas pour le Franc-Comtois, et le jeune homme a établi la jonction peu après le sommet. Au sein d’un second groupe en compagnie de Van der Poel notamment, Valentin Madouas et Quentin Pacher ont raccroché le wagon peu de temps après. « Au final, on a réussi à rentrer sans mettre trop de cartouches », assurait Romain Grégoire.

« Une grosse frustration », Romain Grégoire

Le tir a donc été rectifié à soixante-dix kilomètres du but, et la Groupama-FDJ disposait dès lors de quatre cartes dans un peloton d’une soixantaine d’unités. Un peloton qui est demeuré compact dans les bosses suivantes, le Col du Rosier et la côte de Desnié, malgré le solide tempo imprimé par les équipiers de Tadej Pogacar. S’est ensuite mise en place une véritable guerre de placement dans les kilomètres précédant la côte de la Redoute, que les hommes de Benoît Vaugrenard ont attaqué en second rideau. Comme attendu, Tadej Pogacar a placé son démarrage et s’est rapidement envolé en solitaire. Derrière lui, une quinzaine de coureurs se sont retrouvés en poursuite, dont David Gaudu et Romain Grégoire, mais le Breton a très vite connu un coup du sort. « Il n’a pas eu de chance, car il a crevé au plus mauvais moment », précisait Benoît. Compte tenu de la situation de course, il n’a pu être dépanné dans l’immédiat et a vu tous ses espoirs s’envoler. Romain Grégoire s’est lui voulu opportuniste, et a déclenché quelques accélérations avant de pouvoir partir en contre, d’abord avec Benoît Cosnefroy, puis avec Romain Bardet et Ben Healy. Le quatuor s’est parfaitement entendu et a maintenu un écart de 15-20 secondes sur un petit peloton à leur poursuite, à travers la côte des Forges, et jusqu’au pied de l’ultime difficulté, la côte de Roche-aux-Faucons.

Décroché par Bardet au plus dur de la pente, Romain Grégoire s’est malgré tout bien accroché puis a vu le retour de quelques concurrents de l’arrière à l’approche du sommet. Derrière Pogacar et Bardet, le groupe de chasse a grossi à huit unités, puis douze, avant l’ultime remontée où le coureur de la Groupama-FDJ s’est employé pour ne pas lâcher les roues. Dans la redescente vers Liège, Van der Poel et Pidcock ont à leur tour réussi à revenir dans le match pour la troisième place, et c’est ensuite une dizaine d’hommes dont Valentin Madouas qui a également opéré la jonction. Vingt-quatre coureurs ont donc bataillé pour la place restante sur le podium et les accessits. Le champion de France est parvenu à trouver l’ouverture pour produire son effort (7e), pas son jeune coéquipier. « Romain a fait une très belle course et méritait de faire un top-5, disait Valentin. De mon côté, je n’ai jamais rien lâché, j’ai donné tout ce que j’avais à donner dans les bosses. Dans le sprint, on s’est un peu loupés et on n’a pas pu se retrouver mais je suis content de cette performance ». « Je n’ai pas trouvé l’espace pour m’exprimer, pestait Romain. Val est allé chercher une placette, c’est mieux que rien, mais il y avait beaucoup mieux à faire. Personnellement, c’est une grosse frustration de finir comme ça. J’ai essayé de faire les bons mouvements, de tenter, j’étais dans le match jusqu’à dix kilomètres de l’arrivée et au final je me retrouve bloqué dans un sprint à trente. J’ai un peu l’impression d’avoir fait 250 bornes pour rien. C’est énervant ».

« On méritait mieux », Benoît Vaugrenard

Le Bisontin de 21 ans a finalement hérité d’une vingt-quatrième place loin d’être représentative de sa première « Doyenne ». « Je pense qu’on n’est pas récompensés de notre course, concluait d’ailleurs Benoit. On est passé par tous les états, mais Romain était très fort aujourd’hui. Malheureusement il n’a pas été récompensé par un bon résultat. Je retiens malgré tout que c’est de bon augure pour les prochaines années. Il est vraiment fait pour ces courses-là. Sans la crevaison de David, on aurait pu être en force dans le final. Le sentiment est donc mitigé. Heureusement, Valentin sauve les meubles avec cette belle septième place, mais dans l’ensemble je pense qu’on méritait mieux ». « On était venus pour faire un podium sur l’une des Classiques, et on n’y est pas parvenus, mais je pense qu’on a marqué ces courses de notre régularité et c’est plutôt positif », ponctuait Valentin.

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