Il a remis ça. Pas rassasié d’avoir déjà pris part à l’échappée sur la première des deux Ardennaises mercredi, Bruno Armirail est reparti de l’avant ce dimanche à l’occasion de la plus prestigieuse d’entre elles : Liège-Bastogne-Liège. Sorti après une poignée de kilomètres, le coureur occitan a même été le dernier rescapé de l’échappée du jour. Repris par le vainqueur Remco Evenepoel à vingt kilomètres du but, il ne lui a ensuite pas manqué grand-chose pour suivre les autres favoris dans la côte de la Roche-aux-Faucons. Si bien qu’il a été le premier coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ à franchir la ligne, à une valeureuse seizième position, clôturant ainsi une belle journée. Rudy Molard (18e) et Quentin Pacher (20e) ont également accroché le top-20.

C’est ce dimanche sous le soleil wallon que la campagne des Classiques printanières 2022 arrivait à son terme. Comme de coutume, c’est la « Doyenne » et ses côtes atroces, entre Liège et Bastogne, qui faisaient office d’ultime rendez-vous. Au départ de ce quatrième Monument de la saison, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ se présentait avec certaines ambitions, et notamment la volonté d’ajouter un onzième top-10 de rang sur les Classiques WorldTour, malgré l’absence de David Gaudu, troisième l’an passé. Rudy Molard, Quentin Pacher et Valentin Madouas avaient tous trois le champ libre dans le final, mais au préalable, Bruno Armirail avait aussi la possibilité de s’engager dans une course offensive. Ce qu’il n’a pas manqué de faire. Après seulement cinq kilomètres, le spécialiste du contre-la-montre faisait ainsi le trou avec quatre autres concurrents. « On avait cette option d’anticiper la bagarre en partant dans l’échappée, et j’ai réussi à la prendre, comme sur la Flèche, commentait Bruno. Je me sentais d’ailleurs mieux que mercredi ». Après une heure de bagarre avec le peloton, six hommes supplémentaires ont finalement rejoint le groupe de tête pour porter l’échappée à onze coureurs, qui ont compté jusqu’à six minutes d’avance dans la première moitié du parcours. Sur le retour vers Liège, et particulièrement à l’amorce de l’enchaînement des difficultés, à 90 kilomètres de l’arrivée, le peloton s’est en revanche rapproché à 3’30 du roule-toujours occitan et de ses collègues de fuite.

« J’aurais probablement signé pour ça ce matin », Bruno Armirail

Au fil des côtes, la sélection a commencé à s’opérer à l’arrière, mais elle s’est aussi faite naturellement à l’avant. Le coureur de la Groupama-FDJ n’était donc plus accompagné que de cinq hommes après la côte de la Haute-Levée. Ensemble, ceux-ci ont entretenu leur collaboration et abordé la côte de Desnié, à quarante-deux kilomètres du but, avec 2’30 d’avance sur le peloton. Au sein de celui-ci, les premières tentatives d’anticipation ont émergé, mais les hommes de Philippe Mauduit et Marc Madiot étaient toujours prompts à réagir. Cela a toutefois eu pour conséquence de réduire l’écart d’une minute avant la fameuse côte de la Redoute. Dès les premières pentes, Bruno Armirail s’est alors dressé sur les pédales et a quasi-instantanément pris ses distances. « J’étais content de mes sensations, mais je savais qu’il fallait gérer au maximum, indiquait l’intéressé. J’avais prévu de partir dans la Redoute pour aller le plus loin possible. J’ai attaqué au pied, ou presque, et il le fallait. J’ai vu qu’ils étaient tous un peu limite et il ne fallait pas que je perde trop de temps en restant avec eux. Il fallait y aller à ce moment-là. Je me sentais bien, donc c’est ce que j’ai fait ». À près de trente bornes du but, le vice-champion de France du chrono s’est donc isolé et son principal poursuivant s’est, quelques minutes plus tard, nommé Remco Evenepoel. Le jeune Belge s’est pour sa part détaché du peloton au sommet de la Redoute et a progressivement comblé l’écart avec le Français.

La jonction entre les deux hommes a finalement été réalisée à vingt-et-un kilomètres du but, et Bruno Armirail n’avait dès lors plus d’autres choix que d’essayer d’accrocher la roue. « C’était dur, souriait-il. Quand j’ai su qu’il revenait, je me suis relevé et je l’ai attendu. Malheureusement, il est très aérodynamique et je suis un peu trop grand, donc ça n’a pas été facile de garder sa roue. J’ai essayé de suivre autant que je le pouvais, mais il est monté fort dès le pied de la côte de la Roche-aux-Faucons, et compte tenu de ma journée à l’avant, je n’ai pas pu suivre ». Le duo a débuté l’ultime difficulté du jour avec une trentaine de secondes d’avance sur le groupe des favoris, où l’équipe comptait encore ses trois représentants. Toutefois, lorsque les grandes manœuvres se sont initiées, Valentin Madouas, Quentin Pacher et Rudy Molard ont tour à tour été distancés. Bruno Armirail, lui, a vu le retour des « gros » au sommet de la bosse. À l’arrachée, il s’est agrippé au groupe, mais la remontée vers Boncelles dans la foulée lui a été fatale. « Je pète dans la deuxième partie de la bosse, c’est dommage, mais j’étais à fond », lâchait-il. En tête, Remco Evenepoel est parvenu à conclure son récital, alors que l’Occitan est arrivé à un troisième échelon pour finalement obtenir la seizième place du jour. « Si on m’avait dit ce matin que j’allais faire seizième en étant échappé toute la journée, j’aurais probablement signé, concluait Bruno. C’est une bonne journée. Il y avait une sacrée ambiance dans la Redoute. C’est exceptionnel d’y passer seul et en tête. J’en avais des frissons, même si l’objectif était d’attaquer pour aller chercher un résultat ».

« Une belle campagne de Classiques », Philippe Mauduit

« Bruno a fait un solide Liège-Bastogne-Liège, et c’est à tout son honneur, saluait Philippe Mauduit. C’est une vraie belle course de sa part. Derrière, il ne nous a pas manqué grand-chose pour avoir un coureur dans le groupe qui arrive pour la deuxième place. Les autres étaient très bien jusqu’à la Redoute mais ils ont tous un peu coincé dans la Roche-aux-Faucons. Ça ne se joue pas à grand-chose. Rudy et Quentin basculent à 50 mètres, mais 50 mètres, c’est trop loin sur une course comme celle-ci. C’était un Liège-Bastogne-Liège difficile ». Avec Rudy Molard (18e) et Quentin Pacher (20e), ce sont finalement trois coureurs qui entrent dans le top-20 du Monument belge. « Au global, c’est tout de même une belle campagne de Classiques, ponctuait Philippe. À l’exception d’aujourd’hui, on a fait des top-10 sur toutes les courses. Ce dimanche, on a encore vu un solide collectif. À chaque départ, tout le monde était motivé et avait envie de tout donner pour le meilleur résultat possible. Au bout du compte, c’est ce qui est important ».

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