Pas le temps de gamberger, les choses sérieuses démarraient d’emblée ce jeudi sur le Tour de Romandie. Trois kilomètres à peine après avoir quitté La Grande Béroche, le peloton s’attaquait ainsi à une ascension de près de neuf kilomètres à quasiment 8% de moyenne. « On devait vraiment faire attention dès le départ, pas nécessairement en provoquant mais surtout en accompagnant, exposait Rémy Rochas. Ce qu’on a d’abord fait avec Stefan, puis j’ai moi-même pris une contre-attaque mais je suis resté en gestion car le peloton était juste derrière et Remco a en plus attaqué au sommet ». Au terme d’une âpre bataille de plus de quarante minutes, cinq coureurs ont finalement pu former l’échappée du jour, que le peloton s’est néanmoins empressé de museler. Dans la foulée, l’ascension de Mauborget a été escaladé à une solide allure, et ce n’est que dans une portion plus roulante après une cinquantaine de kilomètres que le peloton a repris de l’épaisseur. Pour un temps seulement. La chasse entreprise par les coéquipiers de Remco Evenepoel a conduit une nouvelle sélection dans la montée des Grattes, à soixante-dix bornes du but, avant d’aller chercher l’ultime difficulté du jour, déjà empruntée la veille : l’abrupte montée de Chaumont (3 km à 12%).

« Jusqu’à trente kilomètres de l’arrivée, on peut dire que c’était une étape de montagne », certifiait Rémy. « Ça n’a jamais vraiment débranché de la journée, et le parcours s’y prêtait bien », ajoutait David Gaudu. À cinquante kilomètres de la ligne, le peloton a alors volé en éclat, l’échappée a perdu tout son matelas d’avance, et une petite vingtaine de coureurs s’est dégagée à environ un kilomètre du sommet. « Personnellement ça répondait bien et j’étais dans le peloton des meilleurs, disait Rémy. C’est une belle sensation quand il y a un gros tempo et qu’on réalise qu’on n’est plus qu’une quinzaine ». « J’ai pris mon rythme dans la dernière montée car je me sentais au rupteur dès le pied, confiait David. Finalement, j’étais peut-être un peu moins cuit que ce que je pensais car j’ai tout de même fait une belle ascension. C’est encourageant pour la suite ». Le Breton a passé le sommet une vingtaine de secondes derrière le groupe des favoris, mais n’a pu opérer la jonction puisque l’action ne s’est pas interrompue en tête. « Le final était un peu plus compliqué tactiquement, reprenait Rémy. Tout le monde regardait un peu Remco. De mon côté, j’ai eu un petit début de crampes lorsqu’on est arrivés sur la partie plate donc j’ai essayé de ménager un peu mes efforts et j’ai dû lever un peu le pied au moment où les mecs sont sortis ».

À environ vingt-cinq kilomètres de la ligne, cinq coureurs ont profité d’un certain flottement pour se faire la malle, et ont rapidement disposé d’une minute d’avance en raison d’un manque d’entente parmi les grands favoris de l’épreuve. La chasse ne s’est ensuite pas avérée suffisamment franche, et le quintet a donc pu se jouer la victoire à La Grande Béroche, Lorenzo Fortunato tirant les marrons du feu. Cinquante-six secondes plus tard, Rémy Rochas a obtenu la quatorzième place du jour, tandis que Lorenzo Germani et David Gaudu ont terminé au sein d’un petit peloton vingt secondes derrière. « J’ai un petit regret vis-à-vis de l’échappée et du résultat final, mais je suis content de la forme pour mon retour à la compétition et j’espère pouvoir l’exploiter ces prochains jours », commentait Rémy.  « Ce sont des journées comme aujourd’hui qui vont me faire progresser, car je n’en ai pas encore eu cette année », glissait pour sa part David. « C’était une bonne surprise de retrouver Rémy devant, résumait Stéphane Goubert. C’est dommage qu’il n’ait pas pu prendre ce coup de cinq qui lui aurait permis de jouer la gagne. On est toujours gourmand mais c’est déjà très bien de le voir à ce niveau. Ce que montre David est aussi très encourageant. Il faut être patient et continuer à se satisfaire de petites améliorations. Globalement, les cinq du Giro montent en pression ».  

Au classement général, Rémy Rochas occupe ce jeudi soir la onzième place, à une minute tout pile du nouveau leader Alex Baudin. « La troisième étape demain est particulière avec une arrivée très punchy, avançait Stéphane. Reste à savoir si des équipes seront motivées pour contrôler ou bien si on assistera à une grosse bataille pour l’échappée ».  « On verra ce qu’on peut faire demain, puis samedi, c’est la jambe qui parlera dans la montagne », concluait Rémy.