Avant un week-end chargé, avec la grande explication des favoris au sommet et le contre-la-montre de clôture, la troisième étape en ligne du Tour de Romandie faisait figure de dernière opportunité pour les attaquants ce vendredi, autour de Cossonay. Un dénivelé positif avoisinant les 2500 mètres était au menu tout au long des 183 kilomètres, et une montée de deux kilomètres à 6% constituait le juge de paix du jour dans la commune helvète. « Je m’étais dit que c’était une bonne opportunité aujourd’hui, sur ces routes, soufflait Stefan Küng. Je les connais, elles sont assez sinueuses et accidentées ». Le rouleur suisse n’a donc pas tardé pour se mettre en action, puisqu’il est sorti dès le kilomètre 0 avec trois coureurs, avant que l’un d’entre eux ne décroche rapidement. Il a ainsi poursuivi sa route avec Huub Artz et Bauke Mollema tandis que le peloton leur accordait cinq minutes d’avance dans la première partie du parcours. « J’avais deux bons mecs avec moi, mais j’aurais préféré avoir plus de compagnons à l’avant, et malheureusement, Artz n’était pas loin au général », précisait Stefan. Le trio est malgré tout parvenu à conserver une avance d’environ quatre minutes après le deuxième passage à Cossonay, peu après la mi-course, avant d’entamer le long et roulant col du Mollendruz (15 km à 3,5%) avec une marge de trois minutes sur le paquet.

Peu après les premières pentes, aussi les plus sévères, Stefan Küng a décidé d’accélérer. « Les gars dans l’échappée m’ont dit qu’ils étaient à bloc, donc je me suis dit je devais tenter le tout pour le tout, confiait-il. Quand les relais ne sont plus équilibrés, tu es aussi bien tout seul, et c’est pour ça que j’ai attaqué. Je me suis également dit que si je lâchais Artz, certaines équipes allaient peut-être arrêter de rouler pour le général ». Cela n’a pas été le cas, mais l’ancien double champion d’Europe du contre-la-montre a néanmoins atteint le sommet, à quarante bornes du terme, avec une avance solide de deux minutes. « J’y croyais, car on ne sait jamais comment les équipes vont gérer derrière, mais je savais aussi que ça allait être dur », reprenait Stefan. Dans la redescente vers Cossonay, plusieurs formations se sont finalement alliées en poursuite, dans un peloton de 80 unités. « Ça aurait été mieux pour moi si ça avait été un sprint plat à la fin, car il n’y aurait pas eu beaucoup de monde pour rouler, complétait Stefan. Aujourd’hui, beaucoup d’équipes croyaient à la victoire, et quand j’ai demandé à Philippe [Mauduit] qui roulait derrière, il m’a énuméré 4-5 équipes. Dans ces cas-là, ça devient forcément compliqué, mais on ne maîtrise pas ça ».

Malgré un engagement de tous les instants, Stefan Küng n’a donc pu faire le poids dans la dernière partie du parcours, et a vu le peloton se rapprocher petit à petit. C’est finalement juste avant la bannière des dix derniers kilomètres que le Suisse a repris sa place dans le paquet. « Dans les faux-plats descendants, c’était quasiment impossible seul contre tout un peloton, confiait-il. Malheureusement, j’ai aussi commencé à avoir des crampes et je ne pouvais pas appuyer comme je le souhaitais, mais quand tu es devant, tu ne peux plus faire marche arrière et tu donnes tout jusqu’à la fin. J’ai voulu tenter. Je n’étais pas seulement là pour faire le show, j’y ai vraiment cru à certains instants. Et puis, qui ne tente rien n’a rien ». « On se devait de tenter aujourd’hui, confirmait Stéphane Goubert. On espérait aussi que les équipes de sprinteurs soient plus fatiguées et moins aidées, mais comme le disait Stefan, sur ces parcours, tout le monde pense pouvoir gagner, et donc beaucoup d’équipes roulent. Stefan avait déjà gagné ici, ça aurait fait un joli clin d’œil, mais c’est comme ça… »

Tout s’est donc résumé à une course de côte à Cossonay, dont est sorti vainqueur Jay Vine, sorti seul à la flamme rouge. Dans un petit peloton d’une vingtaine d’unités deux secondes plus tard, Rémy Rochas a obtenu la douzième place du jour. Le Savoyard demeure onzième du général avant l’arrivée au sommet à Thyon 2000 samedi. « C’est une grosse étape de montagne, concluait Stéphane. Il ne faudra pas tirer de conclusions, mais ce sera une bonne occasion de se jauger pour David. Ce sera aussi un gros challenge pour Rémy. Il faut qu’il continue de suivre les meilleurs comme il l’a fait jusqu’à présent, qu’il ne se pose pas de questions et qu’il aille chercher le meilleur résultat possible pour lui. Ce sera aussi une répétition grandeur nature pour les coureurs allant au Giro, et Stefan tout comme Rémi devront gérer leur journée en vue du chrono ».