À l’issue des deux premières étapes du Giro Next Gen, Jérôme Gannat avait prévenu : le troisième acte, avec arrivée au sommet du Passo della Maniva (13 km à 7%), définirait la suite des événements pour « La Conti ». Malheureusement, la journée de mardi n’a pas pris le chemin escompté. Les équipes de favoris ont contrôlé toute la journée pour offrir une première bataille parmi les cadors, et si Rémi Daumas et Maxime Decomble ont pu franchir la première difficulté du jour au sein du peloton, ils n’ont en revanche pu peser dans le final. Le premier cité s’est classé 31e au sommet, à 4’19 du vainqueur Jarno Widar, tandis que le second a terminé à près de dix minutes du Belge. « Maxime était malade, expliquait Jérôme Gannat. Il avait des maux gastriques, il était dépourvu d’énergie, et il a perdu beaucoup de temps alors que c’était notre leader pour le général. On envisageait un top 5, je pense que c’était envisageable mais un tel pépin ne pardonne pas. Ça a évidemment changé tous nos plans car on avait composé une équipe autour de lui. On s’est dès lors orienté sur les étapes ».

Une première occasion de rebondir se présentait à Salsomaggiore Terme, mercredi, lors de la quatrième étape. Toutefois, les pensionnaires de l’écurie bisontine n’ont pu accrocher le bon coup d’une dizaine d’hommes qui s’est joué la gagne, finalement raflée par l’Irlandais Seth Dunwoody. Présent dans le peloton principal, Lewis Bower a pris la onzième place du sprint, soit la 25e de l’étape. « Le but était d’aller dans l’échappée, car on sait que cela a souvent des chances d’aboutir, expliquait Jérôme. Avec cinq coureurs par équipes, il est difficile de contrôler et il n’y a pas beaucoup de formations qui ont un réel intérêt à rouler pour le sprint. En revanche, ce sont des échappées difficiles à prendre car on a souvent un profil d’étape très plat au début, où la première heure se dispute à plus de 50km/h. Il y a des moments de temporisation qu’il faut savoir sentir pour aller à l’avant, c’est compliqué, mais cela fait partie de l’apprentissage ». Jeudi, sur un type de parcours similaire vers Gavi, une nouvelle occasion était offerte aux hommes de Jérôme Gannat.

Si les cinquante premiers kilomètres ont encore été extrêmement rapides, c’est finalement le Passo del Penice (13 km à 6,5%) qui a en partie décidé de l’échappée. « Baptiste m’a aidé à me placer au pied, racontait Rémi. C’est monté très vite, mais ça s’est ensuite calmé et je suis sorti avec d’autres pour essayer de faire le jump sur l’échappée. On s’est fait reprendre à deux bornes du sommet par la tête du peloton, mais j’ai réussi à m’accrocher et on a basculé à une vingtaine. Dans la bosse suivante, c’est monté fort au train, on s’est retrouvé à onze, ça a cassé, puis c’est sorti ». « Il a senti le bon moment pour partir dans cette échappée, après la descente, mais il fallait déjà être là après ce long col et la chaleur », commentait Jérôme Gannat. Dès lors, le groupe d’échappés n’a cessé de creuser son avance sur le peloton maillot rose. « C’était très bien car les principales équipes étaient représentées devant, ajoutait le directeur sportif de « La Conti ». Devant, les coureurs intéressés par le général roulaient évidemment beaucoup plus ». L’écart a flirté avec les trois minutes, avant que certaines écuries ne retrouvent un peu de main d’œuvre au sein du peloton. Cela était bien insuffisant, néanmoins, pour rattraper les hommes de tête.

Après avoir franchi l’ultime bosse à trente kilomètres de la ligne, Rémi Daumas a ainsi pu envisager la victoire. « J’ai essayé de m’économiser pour le final de l’étape afin d’aller chercher la gagne », confiait-il. « Il a été patient, reprenait Jérôme. On savait qu’il ne serait pas forcément pointé, et il n’avait aucune chance au sprint. Il fallait donc tenter et saisir toutes les opportunités possibles ». Les hostilités ont débuté à environ sept kilomètres du terme dans le groupe de tête, et le jeune homme a bientôt vu sa chance se présenter. « Jérôme m’avait dit d’attaquer à deux bornes, mais c’est sorti avant, expliquait Rémi. Quand ça a coupé au sommet d’une bosse, j’ai essayé, mais je n’étais pas non plus très frais. Adam Rafferty a pris ma roue, m’a dépassé avec beaucoup plus de vitesse et il est allé au bout. J’ai peut-être fait une petite erreur en me relevant pour attendre le groupe quand j’étais en chasse-patates ». L’Irlandais s’est imposé huit secondes devant le reste de l’échappée, tandis que Rémi Daumas a obtenu la dixième place du jour. « Un top 10 d’étape, c’est toujours bien, même si on cherche avant tout une victoire », disait-il. « C’est une très belle dixième place car il était dans un groupe de costauds », assurait Jérôme. Grâce à sa journée à l’avant, Rémi Daumas a aussi pu glaner dix places au général pour se hisser en vingt-deuxième position, à 4’46 du nouveau leader Luke Tuckwell. « L’objectif n’est pas de se concentrer sur le général, assurait Rémi. Si on va chercher une victoire d’étape, on se replacera nécessairement. Et si les jambes sont bonnes jusqu’au week-end, je devrais pouvoir remonter ».« Il sera compliqué d’intégrer le top-10 mais Rémi n’est qu’Espoir 1, donc ça laisse augurer de belles choses, concluait Jérôme. Les trois derniers jours sont bien différents et on va surtout jouer les échappées. L’idée est de devancer la bataille des favoris. Il y a deux étapes difficiles samedi et dimanche, en particulier samedi, avec une belle arrivée au sommet à Prato Nevoso ».

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