Et une journée de plus en jaune ! Au terme de la troisième étape du Tour de Suisse, lors de laquelle ses coéquipiers ont beaucoup œuvré ce mardi, Romain Grégoire a accroché la quatrième place, à dix-huit secondes de l’unique rescapé de l’échappée Quinn Simmons. Jamais distancé par ses rivaux dans le final accidenté vers Heiden, le maillot jaune de l’épreuve est solidement resté accroché à sa tunique, qu’il tentera de défendre mercredi lors de l’ascension du Splügenpass, à plus de 2000 mètres d’altitude.
Le troisième acte du Tour de Suisse constituait à la fois un premier test pour le leader de l’épreuve Romain Grégoire, mais aussi un objectif en tant que tel. D’abord venu en terres helvètes pour chasser les étapes, le jeune Bisontin nourrissait de véritables velléités dans les trente derniers kilomètres bosselés du jour. C’est pourquoi, malgré une échappée de six hommes loin d’être menaçante pour son paletot, ses coéquipiers ont pris les commandes après tout juste cinq bornes sur les 195 composant l’itinéraire de l’étape. « Cette échappée ne pouvait pas être prise à la légère en vue de la victoire d’étape, assurait William Green. On a roulé immédiatement pour maintenir un petit écart, mais à un moment donné, ils se sont quasiment relevés devant. Il y a eu une contre-attaque dans le peloton, cela a amené un peu de stress, mais on a pu contrôler la situation avec Stefan. Eddy a fait du très bon travail pendant les 90 premiers kilomètres, puis Olivier a pris le relais lorsque nous sommes arrivés sur un terrain plus vallonné. Le but était ensuite de réduire l’écart sur l’échappée avant la descente technique à trente-cinq kilomètres de l’arrivée. Quand on a vu qu’il ne diminuait pas, on a demandé à Stefan de rouler, même si on aurait aimé le garder pour le final ».
« On a fait ce qu’on pouvait pour viser la victoire », William Green
Grâce notamment au travail du coureur local, l’écart est d’abord passé sous les deux minutes, puis même sous la minute à l’entame de cette fameuse descente menant au final accidenté. Au pied de la première des trois bosses du final, l’échappée ne comptait plus que vingt secondes d’avance, mais Quinn Simmons a relancé en tête et le peloton a quelque peu plafonné. Dans l’ascension suivante, Romain Grégoire a une première fois répondu aux attaques mais le manque d’organisation dans le peloton a permis au champion des Etats-Unis de conserver une belle marge. À l’entame des trois derniers kilomètres en montée, à 5% de moyenne, Simmons comptait ainsi trente secondes d’avance, qui se sont avérées largement suffisantes pour conclure victorieusement. Quelques hectomètres plus loin, Romain Grégoire a parfaitement répondu aux derniers assauts avant de s’adjuger la quatrième place du jour, la troisième parmi les favoris. « Le peloton était encore assez important dans la dernière montée, il y avait des coéquipiers d’autres équipes, donc l’objectif était d’être patient et d’attendre le sprint, disait William. Il y avait plusieurs virages dans les 600 derniers mètres, et le plan était de lancer tôt, ce que Romain a fait. Il a manqué un peu de jambes dans les 50 derniers mètres, mais ce n’est pas si mal ».
À dix-huit secondes de Simmons, Romain Grégoire a quoi qu’il en soit entièrement assumé son statut de maillot jaune. « C’était tout de même une journée difficile, disait-il. On a vraiment essayé de contrôler pour jouer l’étape avec l’équipe, et je suis un peu déçu de ne pas les remercier et les récompenser avec une victoire. Ceci dit, je suis battu par deux coureurs plus forts dans le peloton et par un coureur qui a fait un numéro devant, donc je n’ai pas de regrets ». « On a pris nos responsabilités pour le classement général et pour l’étape aujourd’hui, complétait William. Tous les coureurs de l’équipe se sont donnés à 100%. Au final, on a manqué le coche, mais comme d’autres équipes. C’est la course, mais on a fait tout ce qu’on pouvait pour viser la victoire aujourd’hui ». En revanche, le leader de la Groupama-FDJ a confortablement conservé son maillot jaune, et dispose toujours d’une avance de 25 secondes avant les premiers grands massifs mercredi. « Depuis le départ, chaque étape a été passionnante, et le terrain sera encore différent demain, disait William. Il y aura une longue portion de plat avant une montée assez difficile puis une très longue descente. Romain est assurément en capacité de franchir cette ascension et on espère qu’il pourra batailler dans un petit groupe à l’arrivée ». « Je m’attends à une journée compliquée, car je pense qu’on va essayer de me reprendre du temps dès demain, ponctuait l’intéressé. Il faudra être solide ».
