Depuis le lancement de l’édition 2022 de la Ronde de l’Isard, mercredi, la Conti tournait autour de la victoire. Après trois podiums consécutifs, la formation bisontine a finalement concrétisé ce vendredi à l’occasion de l’arrivée au sommet de Guzet-Neige. C’est son grimpeur de poche Lenny Martinez, déjà deuxième la veille, qui s’est détaché en solitaire dans la montée finale pour aller signer son deuxième succès de l’année. Au général, la Conti demeure également en embuscade puisqu’Enzo Paleni et Reuben Thompson pointent respectivement en deuxième et troisième positions.

Une partie de la 45ème Ronde de l’Isard s’est jouée après tout juste quinze kilomètres, dès l’étape d’ouverture. Entre Castelsarrasin et Saverdun, mercredi, une quinzaine d’hommes est parvenue à s’extirper dès le départ, et personne n’a jamais réellement entrepris la poursuite. Représentée à l’avant par l’intermédiaire d’Enzo Paleni et Reuben Thompson, la « Conti » Groupama-FDJ a également laissé faire, et l’échappée a donc rallié la ligne environ dix minutes devant le peloton, Enzo Paleni s’octroyant par la même occasion une solide troisième place. « On avait une bonne cartouche devant avec Reuben, expliquait Jérôme. On n’avait malheureusement pas Lenny, mais on avait Enzo. La situation nous convenait, mais on a été surpris de voir que ça ne roule pas du tout derrière. C’est assez rare de voir un écart aussi important, mais on savait que cette première étape pouvait être piégeuse. C’était déjà arrivé il y a deux ans ». La deuxième journée de course, jeudi, se décomposait elle en deux morceaux : un contre-la-montre par équipes le matin, et une courte étape de montagne l’après-midi. Deuxième de l’effort chronométré à vingt-six secondes de la Jumbo-Visma Development, « à sa place » selon Jérôme, la formation bisontine s’est présentée quelques heures plus tard au départ d’une deuxième demi-étape chamboulée. En raison de potentielles chutes de neige sur le Tourmalet, le mythique col pyrénéen a été retiré du tracé, donnant ainsi lieu à une étape d’à peine vingt-cinq kilomètres vers la Station Gavarnie-Gèdre. « C’était une montée sèche, indiquait Jérôme. Lorenzo a intégré l’échappée dont est issu le vainqueur. Ça n’a pas roulé derrière car personne n’était dangereux pour le général ».

« Un grand soulagement », Lenny Martinez

À quatre kilomètres du sommet, le champion d’Italie a été distancé par ses rivaux en tête et la bagarre a démarré dans le peloton. « Lenny a essayé plusieurs fois de boucher l’écart, mais ça n’a pas été possible, résumait Jérôme. Cette montée sèche a un peu équilibré les forces, et tout le monde était frais ». Au sommet, le jeune grimpeur tricolore a finalement dû se contenter de la deuxième place, à simplement onze secondes du vainqueur Samuel Fernandez, alors qu’Enzo Paleni et Reuben Thompson se plaçaient sur le podium provisoire du général dominé par Johannes Staune-Mittet, lauréat du premier acte. C’est donc après trois podiums en autant d’étapes que la « Conti » s’alignait ce vendredi au départ de Saint-Aventin, et en direction de Guzet-Neige où les conditions s’annonçaient plus clémentes. Il a d’abord fallu, dans la première moitié de course, escalader le Col de Mente (9,5 km à 9%) et le Portet d’Aspet (4,4 km à 10%). « Ça a fait une grosse sélection, assurait Jérôme. En haut du Portet d’Aspet, il restait à peine quinze coureurs. Il y a ensuite eu plusieurs attaques. Un groupe est sorti avec Joe et Lenny, mais une quarantaine de coureurs s’est finalement regroupée à Saint-Girons. Un Espagnol est parti devant, puis Joe et Lorenzo ont fait le boulot avec Jumbo-Visma. L’objectif était de durcir la course pour Reuben dans l’ascension finale (11,3 km 7,4%). Lorenzo a imprimé un rythme soutenu dans les 4-5 premiers kilomètres du col puis Lenny a attaqué avec Reuben ». « On voulait partir ensemble et je devais l’emmener au maximum pour prendre du temps au classement général, confiait le jeune Français. J’ai fait quasiment toute la montée en tête. Malheureusement, Reuben n’avait pas les jambes pour suivre dans le final et j’ai vu qu’un coureur d’Eolo-Kometa était sorti du groupe. Je voyais aussi que Jumbo revenait et ça ne servait à rien d’attendre. Je devais continuer pour au moins jouer la victoire d’étape, et c’est ce que j’ai fait ». « Je pense que c’était une sage décision », confiait Jérôme.

À environ trois kilomètres du but, Lenny Martinez s’est ainsi envolé en tête et a fait parler ses qualités de grimpeur pour garder la concurrence à distance. Dans les derniers mètres, il a finalement pu se relâcher et laisser exploser sa joie. « C’est un grand soulagement car j’en voulais vraiment une cette saison, disait-il. Je n’avais pas gagné d’étape, seulement un classement général (sur le Tour du Val d’Aoste, ndlr). C’est une grosse libération et j’étais vraiment heureux. Sur une arrivée au sommet, c’est d’autant plus spécial et j’espérais tellement en gagner une de cette manière. Après avoir fait deuxième hier, j’étais un peu revanchard aujourd’hui et l’équipe a fait un gros boulot. J’ai vu que je me sentais bien dans le dernier col et je me suis dit que c’était possible. Elle est là cette victoire, enfin ». « Lenny n’est pas très expressif habituellement, mais il l’a été aujourd’hui, complétait Jérôme Gannat. Cela prouve qu’il avait engrangé un peu de frustration ». Trente-deux secondes après le grimpeur français, Enzo Paleni a pris la cinquième place du jour, juste devant le maillot jaune, tandis que Reuben Thompson a coupé la ligne en septième position. Au général, les deux représentants de la Conti demeurent sur le podium, à respectivement 34 secondes et 1’20 de Staune-Mittet. « Enzo est en bonne condition, on ne l’a jamais trop vu à ce niveau en montagne, glissait Jérôme. Néanmoins, il avait participé au collectif sur les courses précédentes, notamment sur le Tour de la Vallée d’Aoste. Grâce à l’opportunité qui s’est présentée lors de la première étape, il est resté en lice pour le général et ça lui donne une motivation supplémentaire. Il n’a jamais été en difficulté jusqu’à présent. C’est une autre carte pour nous. Le leader est très solide, mais il y a encore deux étapes de montagne et tout reste possible ».  

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