Bis repetita pour Lenny Martinez. Deux jours après avoir levé les bras, le jeune grimpeur français a remis ça ce dimanche lors de la sixième et dernière étape de la Ronde de l’Isard. Au terme d’une longue échappée, il a réglé un sprint à deux à Saint-Girons, portant par la même occasion à vingt-quatre le total de victoires de la Conti en 2022. La formation bisontine aura également tout tenté pour renverser le général, mais malgré un week-end à l’offensive, Reuben Thompson ne sera pas parvenu à déloger Johannes Staune-Mittet. Le Néo-Zélandais a de fait conclu l’épreuve en deuxième position, juste devant Enzo Paleni, épatant troisième. Le terme d’une semaine pour le moins pleine.

Au moment de s’attaquer au dernier acte de la Ronde de l’Isard ce dimanche, les poulains de Jérôme Gannat siégeaient toujours sur le podium du classement général. Malgré de nombreux essais la veille vers le sommet de Goulier-Neige, Reuben Thompson n’avait pu renverser le maillot jaune et avait finalement hérité de la quatrième place, tout en chipant le deuxième rang du général à son compère Enzo Paleni. Les deux hommes restaient en embuscade avant les dernières ascensions de l’épreuve en direction de Saint-Girons, mais la « Conti » voulait garder ses options ouvertes. « Hier, on avait mis tous les moyens de l’équipe en vue du général pour essayer de faire bouger les choses et prendre des initiatives de loin, récapitulait Jérôme Gannat. Aujourd’hui, on était davantage tournés vers la victoire d’étape car on savait qu’il serait difficile de renverser Staune-Mittet et son équipe, qui étaient solides ». La formation bisontine a donc opté pour une solution offensive dès les premiers kilomètres, mais il aura fallu attendre l’approche du Col de Montségur après trente bornes pour voir une brèche s’entrouvrir. « Ce n’était même plus une échappée, c’était la moitié du peloton, lançait Jérôme. On a rapidement fait le point et on avait trois coureurs, ce qui était très bien. L’échappée ne représentait pas de danger pour le général. On savait que Lenny pouvait jouer l’étape, mais Lorenzo et Joe également. Avec ces trente kilomètres de vallée après les trois dernières ascensions, on ne savait pas comment ça allait se goupiller ».

« C’est plus que ce que j’espérais », Lenny Martinez

Si l’entente n’était pas des plus optimales en tête de course, le peloton n’a jamais cherché à boucher l’écart et l’échappée a ainsi pu prendre du champ. « J’ai essayé d’attaquer pendant une heure pour être dans la bonne, relatait Lenny. On s’est retrouvés à quarante-cinq après la première bosse et je me suis immédiatement projeté. Je me suis dit : ‘’maintenant que je suis dans la bonne, il faut réussir à sortir’’ ». Après une bonne portion de vallée, le jeune grimpeur tricolore est retombé sur son terrain de prédilection après 82 kilomètres en entamant le Col de Lers (11 km à 7%). « Il y a eu des attaques d’emblée, ajoutait Jérôme. Lenny en a suivi une puis est revenu en tête de course avec Mathys Rondel. Ils ont alors fait un gros numéro à deux pour rejoindre l’arrivée, même s’ils n’ont jamais eu énormément d’avance. C’est revenu à trente secondes à dix kilomètres de l’arrivée, mais le fait que Lorenzo soit présent dans le contre a ralenti la poursuite ». « J’ai essayé de distancer Rondel, mais il était assez fort, ajoutait Lenny. Du coup, on a attaqué les deux derniers cols (d’Agnes et de Latrape) ensemble puis on a roulé dans la vallée sans se poser de question. L’écart a un peu diminué mais on s’est donné à bloc jusqu’à l’arrivée ». Profitant de la protection de Lorenzo Germani et Joe Pidcock aux deuxième et troisième échelons de la course, Lenny Martinez a pu résister aux groupes de chasse pour disputer la victoire dans un sprint à deux.

« J’avais confiance dans mon sprint car j’avais des jambes assez fraiches et on avait reconnu le final il y a deux jours », reprenait le jeune homme. Déjà vainqueur vendredi, le coureur de la Conti n’a en effet laissé aucune chance à Mathys Rondel et s’est solidement imposé sur la ligne, ayant même tout le loisir de célébrer. « C’est plus que ce que j’espérais en venant sur la Ronde de l’Isard, reprenait-il. Même s’il n’y a pas de bon général (14e), je suis content car je repars tout de même avec deux victoires. Je voulais en gagner au moins une, au final j’en ai deux ! Je n’avais rien à perdre aujourd’hui et c’était aussi ma dernière course par étapes. Jérôme m’avait dit qu’il fallait essayer, même si ça pouvait échouer »« Il n’avait pas de super sensations hier, mais il avait tout de même bien aidé Reuben, rappelait son directeur sportif. Aujourd’hui, il visait la victoire d’étape et il a confirmé qu’il avait bien récupéré et qu’il était là dès que ça montait. Je trouve aussi qu’il a bien couru. Il fallait prendre l’initiative de loin, et c’est ce qu’il a fait. Il a aussi bien su gérer le sprint à deux, ce qui n’est jamais évident. C’est une jolie victoire pour lui. On était confiants avec Lenny devant, mais on l’était aussi derrière avec Lorenzo et Joe, qui sont tous assez rapides au sprint ». Les hommes de la Conti ont d’ailleurs réglé chacun des échelons suivants. L’Italien a obtenu la troisième place du jour, l’Anglais la septième, alors qu’Enzo Paleni a dominé le sprint du groupe maillot jaune pour la vingt-et-unième place.

« Un moment particulier, presque nostalgique », Jérôme Gannat

Malgré de nouvelles attaques ce dimanche dans les dernières ascensions de l’épreuve, la Conti n’est en revanche pas parvenue à déloger Johannes Staune-Mittet de son siège de leader. Reuben Thompson (2e) et Enzo Paleni (3e) ont ceci étant consolidé un podium de valeur. « Enzo a tenté en partant dans le Port de Lers, soulignait Jérôme. Il ne s’est fait rattraper que dans la descente du Col de Latrape. Il espérait que Reuben le rejoigne pour partir à deux, mais c’était compliqué. La Jumbo-Visma a bien contrôlé. Il n’y a pas de regrets, mis à part peut-être le premier jour, où Reuben n’a pas pu accompagner Staune-Mittet sur le plat. Sinon, Reuben a tout tenté, notamment hier ». C’est avec six podiums et ses 23e et 24e victoires de la saison, en plus du maillot de meilleur grimpeur avec Lenny Martinez, que l’écurie bisontine est donc repartie ce dimanche d’Occitanie. « C’est une bonne semaine, souriait Jérôme. C’était une course particulière de fin de saison. On a vu que c’était compliqué d’un point de vue tactique, mais ça a été une bonne expérience pour tout le monde. C’était aussi la dernière course de beaucoup d’entre eux avec la Conti. C’était un moment particulier, presque nostalgique. Même si beaucoup évolueront dans l’équipe WorldTour l’an prochain, ils ne seront plus avec nous. Je leur avais d’ailleurs mis un petit mot sur la potence en guise de clin d’œil : Next season, I’m in the bus ».

En attendant la saison 2023, Paris-Tours Espoirs et le Chrono des Nations Espoirs constitueront les derniers rendez-vous de l’année pour la Conti.   

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