Frustré sur les hauteurs de Besançon l’an passé, Lenny Martinez a ce vendredi affiché un tout autre visage au sommet de la côte de La Malate, dans la quatrième édition de la Classic Grand Besançon Doubs. Suite à une attaque tranchante à plus de trois kilomètres de l’arrivée, le jeune grimpeur tricolore a longtemps fait cavalier seul dans l’ascension finale, avant de voir son succès remis en question à l’approche de la ligne. Grâce à une ultime accélération, il est néanmoins parvenu à décrocher Victor Langellotti pour célébrer son troisième succès de l’année. En reprise après sa chute sur le Tour du Pays Basque, et en protection derrière son jeune coéquipier, David Gaudu a complété le podium du jour. Une bien belle entame du triptyque franc-comtois.

C’est sur les terres de « La Conti », mais aussi celle de son propre Centre de Performance, que l’Équipe cycliste Groupama-FDJ prenait part ce vendredi à la Classic Grand Besançon Doubs. Une épreuve qui tenait de fait à cœur à une bonne partie de l’effectif, qui incluait quatre coureurs actuels ou passés de la formation de développement : Lenny Martinez, Reuben Thompson, Eddy Le Huitouze et Ben Askey. Au quatuor s’ajoutaient Cyril Barthe et David Gaudu, de retour après sa blessure à la main survenue sur le Tour du Pays Basque. Avec deux favoris dans ses rangs, l’équipe dirigée par Thierry Bricaud était forcément attendue au tournant, et ce dès que Alan Jousseaume, Théo Delacroix, Jérémy Leveau, Maël Guégan, Enekoitz Azparren et Adne Holter ont pris les devants à la suite de la première difficulté du jour, la côte de Marchaux. « C’était une échappée qu’il fallait quand même prendre au sérieux, indiquait le directeur sportif. On a pris nos responsabilités après trente kilomètres, par l’intermédiaire de Ben qui a essayé de limiter au maximum les écarts. On n’a pas reçu de soutien pendant environ cinquante kilomètres, donc on a aussi levé le pied et ça a amené un peu de confusion. Cela a permis à certaines équipes de prendre aussi leurs responsabilités ». « Ils ont voulu jouer, donc on a joué avec eux aussi », abondait David Gaudu.

« Lenny avait annoncé la couleur », Thierry Bricaud

L’échappée s’est ainsi forgé une belle avance de près de huit minutes, qui ne s’est réduite que très progressivement dans la deuxième partie de course. À cinquante kilomètres du but, les fuyards ont abordé la première ascension de La Malate (3,3 km à 9,4%) quatre minutes devant le peloton. « Ce n’est pas monté très fort au premier passage puisque le peloton n’a pratiquement rien repris à l’échappée, ajoutait Thierry. Il y avait toujours quatre minutes au sommet et il n’y avait plus de questions à se poser. On avait encore Cyril et Reuben pour rouler et le mot d’ordre du briefing ce matin était de ne prendre aucun risque et d’offrir la possibilité à Lenny et David de jouer la victoire au pied de la montée finale. On n’a donc pas hésité et ils ont roulé jusqu’au pied ». En collaboration avec Decathlon-AG2R, le duo Basquo-Néo-Zélandais a finalement ramené le peloton à une minute du dernier rescapé de l’échappée à l’approche de l’ascension finale. Reuben Thompson a ensuite lâché ses dernières cartouches au pied pour étirer le peloton. « On savait qu’il n’y aurait pas de calcul dans la bosse finale, que ça allait monter vite et fort, poursuivait Thierry. Lenny avait annoncé la couleur au briefing sur le moment où il voulait attaquer et comment il voulait que ça se passe. Il a fait exactement ce qu’il avait prévu ».

Après seulement une minute trente d’ascension, le grimpeur français a ainsi lâché les gaz, à plus de trois bornes de l’arrivée. « J’ai attaqué un peu plus tôt que l’an passé, pile-poil où je voulais le faire, racontait Lenny. C’était dans un virage très raide, je m’étais dit que ça pouvait être idéal. J’ai été un peu surpris que l’écart soit fait d’emblée, mais je n’ai pas hésité. J’ai fait l’effort où c’était le plus dur puis c’était homme contre homme. S’ils revenaient, ça voulait dire qu’ils étaient aussi forts ». Dans un premier temps, personne n’a pu prendre le sillage du coureur de la Groupama-FDJ, ni même partir en poursuite puisque David Gaudu veillait au grain parmi les poursuivants. Après moins d’un kilomètre d’effort, Lenny Martinez a rejoint l’homme de tête et l’a quasi-instantanément décroché, juste avant l’entrée dans le village de Montfaucon. « Je me suis fixé une première arrivée au sommet de La Malate, une deuxième après les premières pentes dans Montfaucon puis une troisième à l’arrivée, soufflait-il. Il fallait gérer du mieux possible, sans craquer ». Son avance s’est étendue jusqu’à une vingtaine de secondes, mais à la flamme rouge, les chasseurs se sont rapprochés grâce à un léger replat. Il a finalement entamé le dernier kilomètre, à plus de 8%, avec quinze secondes de marge.

« Je ne pensais qu’à gagner », Lenny Martinez

Dans le groupe de poursuivants, Victor Langellotti a alors placé une grosse accélération, à laquelle David Gaudu est parvenu à résister avant de céder à 500 mètres du but. Le coureur monégasque a ainsi fait son retour sur les talons de Lenny Martinez. « Je pensais déjà gagner, mais j’ai vu un coureur rentrer, ça m’a un peu surpris et fait peur, et je me suis dit : non, je ne peux pas faire deuxième, racontait le jeune homme. Il m’a passé et il a attaqué. Je me suis accroché dans la roue, j’étais dans un effort lactique maximal et je me disais : il ne faut pas que je pète. Je ne pensais qu’à gagner ». Une grinta qui lui a permis de ne pas lâcher la roue, les dents serrées, puis de produire l’accélération décisive à 150 mètres du but. « Contrairement à l’an passé, c’est moi qui suis parvenu à me détacher dans le virage avant la ligne, souriait Lenny. C’est une belle revanche. C’était un effort au maximum du maximum sur la fin. J’ai tout mis et je suis vraiment super content que ça se concrétise par une victoire ». Sa troisième de la saison, la sixième pour l’équipe en 2024, et une à la saveur toute particulière. « Elle est très belle car c’est ici que je faisais tous mes exercices l’an passé à La Conti, ajoutait Lenny. C’est incroyable de gagner ici et je suis très content d’apporter la victoire à l’équipe aujourd’hui ».

La journée de la Groupama-FDJ s’est aussi embellie avec la troisième place de David Gaudu au sommet, soit son premier podium de la saison. « Je n’étais peut-être pas à 100%, mais j’avais de bonnes sensations, confiait le Breton. J’avais aussi très envie de remettre un dossard et de retrouver l’adrénaline de course. L’équipe a vraiment fait un super travail toute la journée donc bravo à tous. Je suis content d’avoir pu être offensif dans le final. La victoire de Lenny est la cerise sur le gâteau. On va passer une bonne soirée ». « C’est une très bonne journée, assurait Thierry. Le but était qu’on aille chercher la gagne, et qu’on le fasse en prenant du plaisir car ce n’est pas souvent qu’on peut jouer comme ça avec deux cartes dans un final. Ils l’ont bien fait, et je pense que ça leur donne de l’assurance pour la suite ». La suite immédiate, c’est le Tour du Jura et son arrivée au Mont Poupet (4 km à 8%) demain, où Thibaut Pinot avait pris la deuxième place l’an passé.  « L’objectif était d’en gagner au moins une ce week-end, c’est fait, concluait Thierry. Ils seront libérés demain ». « On va essayer de maintenir cette spirale positive, ajoutait David. Je sais que ça me convient mieux demain. On aura le poids de la course et on sera pointés, mais on a montré qu’on avait deux des cartes les plus fortes ». « Le week-end ne fait que commencer, ponctuait Lenny. On a décroché une victoire mais il reste deux journées, et on va tout faire pour en obtenir d’autres ».

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