La réussite n’est décidément pas du côté de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ et de Laurence Pithie. À l’occasion de la deuxième manche des « Flandriennes » ce dimanche sur Gand-Wevelgem, le coureur néo-zélandais a pourtant brillé de mille feux quand la course s’est emballée à travers les différents passages sur le Kemmelberg. Dans les cinquante derniers kilomètres, il s’est même retrouvé seul en tête de course en compagnie de Mathieu van der Poel et Mads Pedersen ! Mais comme lors de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, la dernière montée du parcours lui a été fatal. Pour une poignée de secondes, il a ainsi été décroché par ses deux rivaux, et n’a dès lors pu aspirer à un résultat majeur. Pedersen s’est octroyé la victoire alors que Stefan Küng s’est emparé de la quatorzième position au sein du peloton arrivé pour la troisième place. Une journée frustrante. Une de plus.

L’itinéraire des coureurs avait beau être moins garni en termes de monts en comparaison à l’E3 Saxo Classic, la journée ne s’annonçait pour autant pas moins difficile ce dimanche sur Gand-Wevelgem. La barre des 250 kilomètres devait être franchie (253), le terrible Mont Kemmel devait être arpenté à pas moins de trois reprises, et le vent devait également s’inviter à la fête. Tous les ingrédients étaient réunis pour une course éprouvante, qui a d’abord été rythmée par la bagarre pour l’échappée. Une vingtaine de kilomètres ont été nécessaires pour voir un groupe de huit se former avec Michael Mørkøv, Johan Jacobs, Kelland O’Brien, Hugo Houle, William Blume Levy, Cyrus Monk, Dries de Bondt et Mathis Le Berre. Le peloton a ainsi pu observer une petite heure de calme avant que tout ne s’enflamme, comme prévu, dans la zone marécageuse et exposée de De Moeren. Les bordures attendues n’ont pas tardé à se former. « Quand la course s’est décantée, on en avait trois dans un groupe de vingt-neuf, c’était idéal », se félicitait Frédéric Guesdon. Stefan Küng, Lewis Askey et Laurence Pithie ont ainsi accompagné le premier wagon qui est allé chercher l’échappée dès la mi-course. « J’étais assez loin quand les bordures se sont formées, il a fallu que je contourne beaucoup de mecs pour intégrer le premier groupe, indiquait Laurence. Une fois que j’y étais, c’était plus simple. On a roulé fort pendant un moment, mais finalement tout le monde s’est calmé quand nous nous sommes approchés du premier passage sur le Mont Kemmel ».

« Je pense n’avoir jamais puisé aussi profond de toute ma vie », Laurence Pithie

Un temps estimé à une minute, l’avance du premier peloton a fondu à l’entrée dans les cent derniers kilomètres, permettant à bon nombre de coureurs de revenir dans le jeu à l’occasion des premiers monts. Laurence Pithie et Lewis Askey ont tenté de suivre quelques mouvements avant le passage fatidique sur le Mont Kemmel, mais tout est revenu dans l’ordre et c’est bien dans la côte pavée que tout a explosé. Stefan Küng et Laurence Pithie ont pu l’entamer dans les premières positions, Mathieu van der Poel a déclenché son premier coup de canon, six coureurs seulement ont pu s’accrocher… dont le « Kiwi » de la Groupama-FDJ ! À 80 bornes du terme, il s’est alors retrouvé avec le champion du monde, Mads Pedersen, Jasper Stuyven, Jonathan Milan, Mick Van Dijke et Rasmus Tiller. La formation Lidl-Trek a alors usé de sa supériorité numérique pour envoyer l’Italien en éclaireur, mais la coopération est restée effective en chasse. Se sont ensuite présentés les trois Plugstreet, chemins non asphaltés, où Van der Poel a mis les gaz. Après quelques hectomètres, il n’est plus resté que Pedersen et Laurence Pithie dans sa roue. « J’ai pu suivre Van der Poel sur les chemins, mais je pense n’avoir jamais puisé aussi profond de toute ma vie », expliquait le jeune homme de 21 ans. Pour autant, quand Milan a été revu, le coureur de la Groupama-FDJ a immédiatement répondu au contre de Pedersen. Un quatuor s’est donc reformé en tête, prenant jusqu’à une minute d’avance, avant que l’écart ne chute à vingt secondes au moment d’attaquer la deuxième ascension du Mont Kemmel.

Pedersen a dès lors lâché les chevaux, mais Laurence Pithie s’est encore agrippé, tout comme Van der Poel. À travers les deux monts suivants, les trois coureurs ont repris leur coopération et même vu leur avance remonter à plus d’une minute avant l’ultime passage sur le Mont Kemmel, à 35 kilomètres du terme. C’est ici, dans la dernière difficulté du jour, que la course a basculé du mauvais côté pour le Néo-Zélandais, mis en difficulté par l’accélération des deux cadors. Comme un écho à sa prestation presque parfaite sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne. « Encore une fois, il m’en a manqué un peu, cette fois pour suivre Pedersen et Van der Poel, soufflait Laurence. Les jambes m’ont simplement lâché. J’ai essayé de pousser aussi fort que possible jusqu’au sommet pour revenir sur eux, mais au final, je n’avais tout simplement pas les jambes ». Revenu à tout juste sept secondes à l’issue de la descente, le vainqueur de la Cadel Evans Great Ocean Road Race a pourtant tout lâché pour combler les derniers mètres, mais l’entente immédiate entre les deux hommes de tête l’a finalement condamné. À plus de trente bornes du but, il s’est ainsi retrouvé seul intercalé, et malgré le retour d’un groupe de poursuivants quelques minutes plus tard, le peloton bien organisé est parvenu à le rattraper dans le final. Le tout mettant un terme à ses espoirs et à sa grandiose prestation.

« Les gars sont en forme, on est là, mais ça ne sourit pas », Frédéric Guesdon

« C’est hyper décevant mais les jambes sont bonnes et je suis fier de la façon dont j’ai couru aujourd’hui, expliquait Laurence. J’ai travaillé quand il le fallait avec Pedersen et Van der Poel. Je n’ai aucun regret, j’ai tout donné. Ce n’était tout simplement pas assez. Ça devient une mauvaise habitude d’être lâché dans la dernière montée, mais je suis encore jeune et avec j’espère qu’avec un peu plus de maturité physique, j’aurai les jambes pour les suivre. Je ne suis plus si loin. Je crois que j’étais en bonne compagnie avec le champion du monde et l’ex-champion du monde… C’est de bon augure pour l’avenir. ». Derrière Pedersen vainqueur devant Van der Poel, le peloton est arrivé pour la troisième place, et Jordi Meeus a remporté le sprint. Laurence Pithie n’ayant plus les forces pour se mêler à l’emballage, Stefan Küng a tenté de se faire une place et a finalement hérité de la quatorzième position. « On était bien présents aujourd’hui et on n’est pas récompensés, comme depuis le début des courses en Belgique cette année, regrettait Frédéric. C’est un peu décevant. On court évidemment pour gagner, et c’est ce qu’a fait Laurence aujourd’hui, mais on espère toujours des résultats. Les gars sont en forme, on est là, mais ça ne sourit pas. C’est ce qu’il y a de plus navrant. Laurence a quoi qu’il en soit été impressionnant car il n’a pas encore énormément d’expérience sur ce genre de course. Je pense qu’il a une belle marge de progression ». « Je me surprends tous les jours, disait l’intéressé. Être devant aujourd’hui est un nouveau cap de franchi ».

Lui, comme le reste du groupe, espère désormais que tout se concrétise par un résultat probant ces prochains jours. « On va continuer d’essayer, d’abord sur À Travers la Flandre, puis sur le Ronde », ponctuait l’homme du jour.