La 81ème édition de Paris-Camembert, sixième manche de la Coupe de France FDJ, s’est soldée par une victoire de Dorian Godon ce mardi. Au terme de quasiment 195 kilomètres de course, Fabian Lienhard a lui accroché la onzième place, mais surtout, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a osé des choses en Normandie, pour le plus grand plaisir de son directeur sportif Franck Pineau.

Au départ de Pont-Audemer ce mardi matin, il n’a pas fallu patienter bien longtemps pour voir une échappée de trois hommes prendre son envol. Agités, à l’inverse du peloton, Janos Pelikan (Androni Giocattoli-Sidermec), Quentin Venner (Bingoal-Wallonie Bruxelles) et Nickolas Zukowsky (Rally Cycling) ont ainsi pu rapidement se forger une avance de 3 à 4 minutes. « Derrière, Arkéa-Samsic roulait pour Bouhanni et endormait un peu tout le monde, détaillait Franck Pineau. Ils ne voulaient pas rouler trop fort, au risque de rentrer trop tôt et de s’exposer à des contres ». La Groupama-FDJ a alors patiemment attendu son heure et s’est mise en ordre marche à l’entame du dernier quart de course. « Dans un premier temps, on a eu un peu de malchance car on comptait faire la course sur Anthony, mais il a rapidement eu des maux de ventre, reprenait Franck. Il a dû abandonner, ça nous a un peu plombé mais on a vite switché et nous n’avons pas baissé les bras. On ne s’est pas désunis, et on a contraire pris la course à notre compte. À 50 kilomètres de l’arrivée, on a décidé de durcir et de préparer l’attaque de Jake [Stewart]. J’ai d’abord fait rouler Clément [Davy] et Fabian [Lienhard] pour écrémer le peloton, puis nous sommes arrivés sur un taquet. On avait bien prévu notre affaire et Jake a attaqué. Il a été suivi par trois autres coureurs et ces quatre là rentrent sur l’échappée ».

« Nous n’avons pas été suiveurs, nous avons été déclencheurs », Franck Pineau

Au second passage sur la ligne d’arrivée placée à Livarot, un groupe de six menait ainsi les débats, une demi-minute devant le peloton, et l’équipe pouvait alors compter sur son jeune Anglais de 20 ans. Jake Stewart a résisté une dizaine de kilomètres supplémentaires avant de coincer, dans la toute dernière difficulté du jour. « Il lui manque un tout petit truc, indiquait Franck, mais c’est encore un très jeune coureur, il arrive de la Conti. Il va continuer à prendre de la caisse. Aujourd’hui, avec l’accumulation de la fatigue et des kilomètres, il a un peu coincé dans le final, mais ce sont des efforts qui vont le faire progresser et grandir. Il est encore en pleine mutation. Sur une course similaire l’année prochaine, je suis sûr qu’il est devant et qu’il gagne. Il sera en mesure d’accompagner le coup qui va au bout, et il a sa pointe de vitesse pour lui ». Si le Britannique a donc été revu par le « peloton », cela n’a donc pas été le cas de Dorian Godon et Maurits Lammertink, qui se sont joués la victoire une poignée de secondes devant les sprinteurs restants. « Fabian est de lui-même allé se mêler à l’emballage pour essayer de conclure cette journée, ajoutait Franck. Sur le papier, le résultat n’est pas extraordinaire, mais il fallait être sur le terrain pour voir que les garçons ont fait une belle course ».

Le Suisse s’est emparé de la onzième place sur la ligne, aux portes du top 10, alors que Simon Guglielmi s’est aussi placé dans le top 20 (18e). « On retient plus l’attitude que le résultat aujourd’hui, insistait Franck. On a pris la course à notre compte, on a tenté des choses, ça m’a vraiment plu et les gars se sont aussi faits plaisir. Nous n’avons pas été suiveurs, nous avons été déclencheurs. Nous sommes à l’origine de l’échappée victorieuse. Le résultat ne correspond pas au travail fourni par les mecs et j’aurais évidemment bien aimé gagner, mais ils ont tout fait pour. Ça n’a pas réussi cette fois-ci, mais ça réussira un autre jour. C’est aussi dans ce genre de course qu’il faut se faire plaisir, ne rien s’interdire. Je ne suis pas certain que de dire aux mecs de suivre soit la bonne solution, surtout envers les jeunes. Je préfère qu’ils pètent dans le final parce qu’ils ont fait des efforts, plutôt que d’être suiveurs et de péter malgré tout à un moment donné. Ils étaient contents d’eux, rassurés et ils ont vu qu’ils pouvaient faire mal aux autres ».

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