Les anciens de « La Conti » ont décidément le vent en poupe en ce mois de mai. Quelques jours après la première victoire chez les grands de Paul Penhoët, c’est Romain Grégoire qui a débloqué son compteur au plus haut-niveau ce mercredi, à l’occasion de la deuxième étape des 4 Jours de Dunkerque. Au sommet de la côte de Laon, le jeune Bisontin s’est imposé avec punch, autorité, et maîtrise devant le reste du peloton. Il obtient la quatrième victoire de l’équipe cette année, et se replace au troisième rang du classement général de l’épreuve. Huitième ce jour, Paul Penhoët occupe désormais la sixième place alors qu’un chrono déterminant s’annonce jeudi.

Au lendemain d’un emballage massif quelque peu chaotique, le peloton était attendu moins conséquent ce jeudi à Laon, au terme de 162 kilomètres depuis Compiègne. Deux côtes figuraient dans le final de la deuxième étape des 4 Jours de Dunkerque, et c’est bien là que la décision devait se faire. C’est pourquoi une échappée de cinq hommes a su facilement se détacher dès les premiers kilomètres autour de Tuur Dens (Team Flanders-Baloise), Ceriel Desal (Bingoal WB), Samuel Leroux (Van Rysel – Roubaix Lille Métropole), Logan Currie (Bolton Equities Black Spoke) et Pier-André Coté (Human Powered Health). « Le départ était tranquille, l’échappée est partie très tôt, puis ça s’est bien posé », indiquait Frédéric Guesdon. Les fuyards ont pu se bâtir une marge de quatre minutes avant d’être contrôlés par un peloton néanmoins vigilant. Le scénario s’est ainsi avéré plutôt limpide jusqu’à soixante kilomètres de l’arrivée, au moment de retrouver un plateau exposé. « Comme hier, certains endroits étaient propices aux bordures, donc c’était plus nerveux, reprenait Frédéric. À trente bornes de l’arrivée, on a aussi retrouvé une portion où il fallait être bien vigilant. Il y a eu quelques tentatives d’accélérations, mais ça ne soufflait pas suffisamment fort. Ensuite, on s’est dirigé vers le final qui était un peu technique. Tout le monde était nerveux et tout le monde voulait se placer pour aborder les difficultés dans de bonnes conditions ».

« Je l’attendais vraiment », Romain Grégoire 

L’échappée du jour comptait encore plus d’une minute à l’entrée dans les dix derniers kilomètres, mais la bagarre précédant l’approche de l’avant-dernière côte a permis au peloton de faire fondre cet écart. « Je leur avais demandé d’être bien placés à ce moment-là, mais ce n’était pas simple, ajoutait Frédéric. Il n’y a pas de la place pour tout le monde, et on était peut-être légèrement en retrait. On a en revanche rectifié le tir ensuite, et c’est le principal. On avait trois cartes pour le final. On gardait Paul pour le sprint, Sam était là au cas où ça se lançait de bonne heure, et Romain était dans un entre-deux ». « Le final était compliqué à gérer avec la bosse à cinq kilomètres de l’arrivée, disait d’ailleurs l’ancien champion d’Europe Juniors. Je savais que c’était déjà un moment important de la course. Un groupe s’est extirpé et j’ai réussi à faire le jump dans la descente car on n’était pas représenté à l’avant ». Le jeune homme de 20 ans a recollé à un petit groupe de costauds, mais un petit peloton s’est finalement reconstitué derrière les rescapés de l’échappée avant d’aborder la côte finale (2km à 4%). « Je savais qu’il fallait surtout s’économiser, ne pas trop en faire, relatait Romain. Il y avait de grandes chances que le peloton revienne et que ça se termine au sprint étant donné que la bosse n’était pas très raide. Il a fallu être patient et bien analyser quels coureurs bougeaient ».

Dans l’ultime montée de la journée, les coureurs de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ sont restés discrets pendant un temps, puis Romain Grégoire s’est rapproché des premières positions du peloton à tout juste 500 mètres de la ligne, alors que les hommes de tête étaient sur le point d’être repris. « J’ai démarré mon effort à 300 mètres, racontait-il encore. Le dernier virage était à 100 mètres de l’arrivée, et je savais que je pouvais tenir jusqu’à la ligne ». « On savait que le pourcentage le plus élevé de la bosse était à ce moment-là, ajoutait Frédéric. Lewis et Enzo y avaient disputé un contre-la-montre par équipes sur le Tour de l’Avenir et ils la connaissaient. On avait prévu de faire l’effort au dernier moment ». Grâce à une accélération tranchante, Romain Grégoire a tout de suite décollé ses rivaux de la roue, repris les échappés avant la dernière courbe, et a finalement lâché ses dernières forces dans l’ultime ligne droite. Sans contestation, il s’est imposé en patron, et en hurlant sa joie. « J’avais montré plusieurs fois depuis le début de saison que je pouvais être dans le top-10 mais il me manquait une victoire, confiait-il après la ligne. Je l’attendais vraiment et je savais que je pouvais aller la chercher dans une telle arrivée ». « C’était important pour lui, pour son moral, confiait Frédéric. Il sort de chez les jeunes où il gagnait beaucoup, et il avait un peu de pression. C’est bien qu’il arrive à trouver la victoire rapidement. C’est souvent la première qui est difficile à aller chercher, et ça va sûrement lui ouvrir des portes et le libérer ».

« Les jeunes sont opérationnels dès leur arrivée chez nous », Frédéric Guesdon

Six fois vainqueur l’an passé dans les rangs Espoirs, Romain Grégoire tient désormais sa première gagne « chez les grands », après déjà six top-10 cette saison dont une huitième place sur les Strade Bianche. Il apporte aussi le quatrième succès de la saison à la Groupama-FDJ, quatre jours après la troisième ramenée par son ancien compère de « La Conti », Paul Penhoët. « Auparavant, le mois de mai était parfois un peu creux, mais ces deux victoires en une semaine font du bien, complétait Frédéric. Ça permet d’installer une dynamique. Ce pourrait être une surprise que les jeunes gagnent dès leur première année, mais ça ne l’est pas. Ils sont opérationnels dès leur arrivée chez nous grâce au beau travail réalisé par la Conti. C’est une bonne chose que ça paie rapidement ». Romain Grégoire est également troisième du classement général ce mercredi soir, à une seconde du leader Samuel Leroux. Paul Penhoët est sixième à sept secondes. « Il y aura encore de belles choses à faire à Cassel samedi, mais avant cela, il y a un chrono demain, ajoutait Romain. Je vais devoir me concentrer sur cela d’abord. Je n’ai pas encore de référence chez les pros, on verra ce que ça peut donner ». « On espère que le chrono se passe bien et qu’on se maintienne dans les billes pour le général », ponctuait enfin Frédéric Guesdon.