C’est de manière relativement timide que le Tour de Bretagne avait débuté pour les hommes de Jérôme Gannat. « On était un peu en retrait sur les deux premières étapes, confiait le directeur sportif du groupe. Il faut aussi dire que les sprints sont assez particuliers en Classe 2. Il faut énormément frotter pour être bien placé et ne pas se faire enfermer, ce qui donne parfois des sprints aléatoires ». Lors de la première journée de course, une échappée de trois hommes avait trompé la vigilance du peloton, Lewis Bower obtenant la 28e place, tandis que l’ancien de « la maison » Noah Hobbs s’était offert l’emballage du second acte, Eliott Boulet passant lui la ligne en 29e position. « Le scénario aujourd’hui était un peu écrit d’avance, et étant donné qu’on n’était pas favoris, on a laissé faire, reprenait Jérôme, au sujet de la troisième étape, longue de 212 bornes entre Loudéac et Plonéour-Lanvern. On savait que l’échappée allait partir assez rapidement, puis que ça allait être une longue journée. On pensait qu’il y aurait du mouvement sur le circuit, à l’instar d’hier, et l’objectif initial était de se joindre aux groupes pour essayer de jouer la victoire ».

Finalement, l’action n’a pas été si présente dans les quarante derniers kilomètres. L’échappée du jour a été revue à huit bornes du but, peu après l’entrée dans le dernier tour de circuit, et le peloton est resté en maîtrise, laissant augurer le sprint massif attendu. « J’ai demandé à Lewis si je devais l’emmener, il m’a dit qu’il pouvait manœuvrer seul, donc je me suis dit que je pouvais aussi tenter ma chance, confiait Eliott Boulet. J’ai réussi à me placer, j’ai trouvé l’ouverture et j’y suis allé ». Le Breton de 18 ans a déboulé dans la dernière ligne droite avec le champ libre et a immédiatement démarré son sprint, à près de 200 mètres du but. Bien sorti, il a pris les rênes à 75 mètres et ne les a plus abandonnées, s’imposant ainsi devant un peloton au complet. « Il est sorti d’assez loin, en léger faux-plat montant, commentait Jérôme. C’est un très beau sprint, tout en puissance ». « C’est incroyable, exultait Eliott. J’étais venu sur ce Tour de Bretagne pour gagner, mais je m’imaginais le faire tout seul, ou en petit comité, absolument pas dans un sprint massif ! Je savais que j’avais une bonne pointe de vitesse mais pas de là à gagner contre des colosses. Dans le sprint, ils étaient tous plus grands que moi ! »Pourtant, son explosivité a bel et bien fait la différence ce dimanche, lui permettant d’ouvrir son compteur en tant que coureur espoir, et sur une course internationale. « Le Tour de Bretagne était vraiment l’un des objectifs de ma saison avec Paris-Roubaix, confiait-il. J’ai eu un peu de malchance à Roubaix. J’ai terminé septième mais je pensais pouvoir faire mieux et je voulais vraiment me rattraper ici. C’était l’étape la plus longue de la semaine aujourd’hui, et je pensais que ça allait être compliqué. Depuis le début de saison, j’ai toujours eu du mal au-delà des 170 bornes. En plus de ça, j’ai vraiment passé une sale journée hier. J’étais à deux doigts de péter dans les bosses. Je suis donc super content de gagner aujourd’hui, face à un si gros plateau. Je misais plutôt sur l’étape de Plancoët, où j’habite, mais mon père m’avait dit : si tu peux gagner avant, fais-le. C’est énorme, et j’espère refaire un résultat d’ici la fin de la semaine ! » « Ça change un peu la donne pour les prochains jours, concluait Jérôme. On est désormais troisième au général, donc on aura un peu plus de responsabilités. Tout le monde craint l’échappée qui ira au bout, mais les circuits finaux sont un peu moins durs que d’habitude sur ce Tour de Bretagne. Il peut donc y avoir encore des arrivées au sprint, et on va essayer de bâtir une stratégie à partir de ça ».