Il aura sans nul doute fait vibrer quelques fans de bon matin ce dimanche. Lors de la sixième et dernière étape du Tour Down Under, Laurence Pithie est passé tout proche d’une performance majuscule sur les rampes du Mount Lofty. Déjà en verve lors des sprints cette semaine, le jeune Néo-Zélandais a cette fois-ci accroché la roue des favoris du général en bosse, et les a même contrés à un peu plus d’un kilomètre de l’arrivée. Audacieuse, sa tentative a malheureusement été revue à 600 mètres du but, mais il s’est tout de même flanqué d’une superbe cinquième place. Et a surtout marqué les esprits. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ conclut l’épreuve avec quatre top-10 dont trois top-5 et se dirige avec ambition vers ses deux derniers rendez-vous australiens.

Le Tour Down Under arrivait à son terme ce dimanche avec l’étape la plus courte de la semaine, mais assurément pas la plus simple. Les coureurs avaient ainsi rendez-vous sur les pentes de l’explosif Mount Lofty (1,6 km à 6,5%), qui devaient être arpentées à trois reprises au bout d’un circuit sinueux et jamais complètement plat. « L’objectif était de bien finir la semaine, rappelait Jussi Veikkanen. On connaissait le parcours, et c’était l’étape avec le plus de dénivelé. On voulait tenter l’échappée matinale avec tout le monde, sauf Laurence. On n’a pas réussi à se glisser devant, mais il n’y a finalement pas de regrets car le peloton n’a pas laissé une grosse marge de manœuvre. Une fois l’échappée partie, on dit à Laurence qu’il devait se tester jusqu’au bout, et qu’il participe aux mouvements dans le final s’il y en avait pour ne pas avoir de regrets ». En tête de course, Gil Gelders (Soudal Quick-Step), António Morgado (UAE Emirates), Franck Bonnamour (Decathlon-AG2R La Mondiale), Simon Geschke (Cofidis), Stefan De Bod (EF Education-EasyPost), Maurice Ballerstedt (Alpecin-Deceuninck) et Jacopo Mosca (Lidl-Trek) ont donc mené les débats pendant une grande partie de la journée, mais le peloton s’est dangereusement rapproché dans l’ultime boucles autour de Stirling. La tension croissante s’est aussi accompagnée d’une chute à sept kilomètres de l’arrivée incluant Enzo Paleni. « Bien râpé », le jeune Français a néanmoins pu finir la course. En tête, l’échappée a résisté jusqu’à quatre kilomètres du but, puis les contreforts de la montée finale se sont présentés.

« Un goût doux-amer », Laurence Pithie

Excellemment placé, comme à son habitude, Laurence Pithie a, quelques instants plus tard, pu entamer le pied du Mount Lofty dans les cinq premières positions. Le tempo très élevé a d’abord permis une sélection par l’arrière, mais le Néo-Zélandais a tenu sa place en tête, et quand Isaac del Toro a lancé la première offensive à 1700 mètres du but, c’est lui-même qui a sauté dans sa roue ! Le Kiwi s’est arraché, et cinq-cents mètres plus loin, ne comptait plus que quatre concurrents à ses côtés : Del Toro, le leader Stephen Williams, Jhonatan Narvaez et Bart Lemmen. « Dans les deux derniers kilomètres, je n’ai pas trop réfléchi, confiait Laurence. Je savais juste que je devais suivre les meilleurs et être présent. Je me sentais bien toute la journée et je savais que je pouvais faire un beau final dans une bosse comme celle-ci. J’ai vraiment amélioré mon niveau en montée cet hiver ». « Laurence s’est glissé dans un groupe parti à la pédale et il n’y avait que des costauds, constatait Jussi. Puis à 1200 mètres environ, il y a eu un petit temps mort, juste avant un léger replat, et Laurence en coursier qu’il est, a voulu tenter ». Souhaitant profiter de son statut « d’outsider », le jeune homme de la Groupama-FDJ a pris quelques dizaines de mètres d’avance, mais la réaction n’a pas tant tardé derrière. « Il est parti seul mais il s’est fait reprendre à 600 mètres par ce même groupe, après avoir passé la dernière rampe raide », relatait Jussi. Rattrapé, Laurence Pithie a aussi perdu quelques mètres qu’il n’a pu combler pour jouer la victoire d’étape avec le quatuor.

Sur la ligne, et après un coup de panache remarqué, le Néo-Zélandais de 21 ans s’est tout de même assuré une excellente cinquième place, mais les regrets étaient naturellement présents. « Que puis-je dire ? Je suis super déçu, commentait Laurence. J’ai pris la décision d’y aller en une fraction de seconde, quand le groupe de favoris s’est un peu relevé. Avec le recul, j’aurais peut-être dû attendre le sprint mais on ne sait jamais… J’ai tout donné et je peux être satisfait de terminer cinquième sur ce type d’arrivée qui ne me convient pas vraiment. Je peux être content de mon Tour Down Under au global, avec quelques bons top-5, même si aujourd’hui, il a un goût doux-amer ». « On peut toujours refaire la course et imaginer les autres scénarios, complétait Jussi. S’il n’attaque pas et qu’il reste dans les roues, peut-être qu’il les bat au sprint et remporte l’étape. Mais aurait-il résisté dans la dernière partie raide s’il était resté avec eux ? Il était certes extrêmement déçu en arrivant au bus, mais je pense qu’il ne faut garder que le positif de cette journée. Il ne faut pas qu’il soit déçu d’avoir tenté quelque chose. S’ils s’étaient observé une poignée de secondes de plus, c’était une autre histoire. On est déçus car on préfère gagner que finir cinquième, mais on ne peut pas dire qu’il a fait une faute. Et si on ne tente pas, on n’a jamais rien. C’était aussi une situation nouvelle pour lui. Ça va lui servir, c’est une bonne expérience et référence pour la suite ».

« Laurence est un vrai coursier », Jussi Veikkanen

C’est donc avec son quatrième top-10 de la semaine – et troisième top-5 -, que Laurence Pithie a conclu ce Tour Down Under 2024, de bonne facture pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ malgré une absence remarquée. « Le point dommageable de la semaine est vraiment la perte de Rudy, concluait Jussi. Il avait envie de performer ici, et si on l’avait eu, on aurait passé une semaine encore meilleure. Il nous manque un coureur dans le top-10 final, ce qu’il aurait été en mesure d’accomplir. Laurence termine vingt-deuxième et pour un sprinteur, ce n’est pas si mal (sourires). Pour le reste, on a été gâtés par les belles performances et la régularité de Laurence. C’est un vrai coursier, et les vrais coursiers, on n’en trouve pas partout. Il sent la course, il sait se placer dans le peloton, il connaît la concurrence et il ne cesse de nous surprendre. Quand on voit sa progression entre l’an passé et cette année sur cette même étape, on se dit qu’on ne connaît pas ses limites, et c’est ça qui est beau ». Le séjour australien n’est pour autant pas terminé pour le directeur sportif finlandais et ses hommes, qui s’aligneront avec ambition sur la Surf Coast Classic puis la Cadel Evans Great Ocean Race la semaine prochaine. « On a faim et envie, c’est une certitude », a-t-il ponctué.   

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