À trois jours de Paris-Tours, qui constituera son dernier rendez-vous de la saison, Arnaud Démare a eu l’occasion de retrouver les devants de la scène ce jeudi lors de Paris-Bourges. Pour la première fois depuis mi-août, le sprinteur picard s’est ainsi gratifié d’un podium, au terme d’une course agitée mais néanmoins conclue au sprint. Dans un emballage relativement fluide cette fois-ci, seul le Belge Jordi Meeus l’a donc devancé sur la ligne.

Si la majeure partie du parcours serpentait à travers le département du Cher, c’est bien du Loiret que la 71ème édition de Paris-Bourges s’est élancée, ce jeudi après-midi, à Gien. Il a alors fallu moins de dix minutes à l’échappée du jour pour se former autour de Jérémy Leveau (Xelliss-Roubaix Lille Métropole), Clément Carisey (Delko), Tony Gallopin (AG2R Citroën Team), Stephen Bassett (Rally Cycling) et Ibon Ruiz (Equipo Kern Pharma). Face à un peloton en contrôle, les fuyards du jour ont bénéficié d’un avantage maximal avoisinant les six minutes. Un écart qui s’est progressivement réduit à compter de la mi-course, alors qu’Alexandre Balmer, pour l’occasion promu de la Conti, venait intensifier la chasse en tête de paquet. La course a ensuite pris une nouvelle tournure à soixante-quinze bornes de l’arrivée. À la faveur d’une succession de trois bosses réparties sur vingt-cinq kilomètres, le peloton a largement été secoué, la Groupama-FDJ prenant toute sa part dans cette course de mouvements par l’intermédiaire de Valentin Madouas et Olivier Le Gac. « Les garçons avaient envie de faire la course, indiquait Franck Pineau. On a donc durci la course pour essayer d’éliminer un maximum de coureurs. On avait Valentin et Olivier dans cette perspective. Arnaud lui-même a réussi à se glisser dans un coup à un moment donné. Ils étaient une douzaine et on en avait trois. On était bien dedans, dans l’action. Ensuite, si aucun coup n’était parti à cinquante bornes, le but était de contrôler pour faire un sprint. C’est exactement ce qu’on a fait ».

« Je voulais prendre l’initiative », Arnaud Démare

Malgré de multiples tentatives, le terrain ne s’est pas avéré suffisamment exigeant pour opérer une véritable sélection au sein du peloton, ni pour créer des écarts intéressants. C’est ainsi quasi-groupé que le peloton a débouché de la dernière ascension du jour. De nouvelles offensives ont fait irruption dans la dernière heure de course, mais aucun coup ne s’est réellement dégagé. Il est donc apparu clair qu’une issue autre qu’un sprint massif avait peu de chances de voir le jour à Bourges. Dans l’approche de l’emballage, Arnaud Démare s’est alors placé dans la roue de Niccolo Bonifazio avec l’aide de ses coéquipiers. « À sept coureurs, on ne peut pas à la fois faire la course et faire un train, expliquait Franck. Si on met un train en place, on ne fait que ça et on ne durcit pas, on ne va pas dans les échappées. Là, on a fait une course d’action, donc on ne peut pas être au four et au moulin. Alexandre Balmer a fait du bon boulot sur tout le début de course, Antoine Duchesne a fait du gros boulot dans le final pour contrôler avec Kono, qui reprend et qui marche déjà très bien. Ensuite il ne nous restait donc plus que Ramon et Arnaud pour le sprint ». L’ancien champion de France reprenait le fil du récit : « Je me suis mis dans la roue des TotalEnergies et je me suis bien débrouillé pour tenir ma place. J’avais déjà fait deuxième derrière Degenkolb ici-même, et je savais qu’il ne fallait pas trop attendre. Je voulais prendre l’initiative, j’ai lancé mon sprint à 200 mètres mais Meeus revient comme une balle à 50 mètres de la ligne ».

« On n’a aucun reproche à se faire », Franck Pineau

Si Arnaud Démare a pu contenir ses autres concurrents, il n’a toutefois pu rivaliser avec le jeune Belge ce jeudi, héritant donc de la deuxième place du jour. « C’est correct, mais c’est un résultat anecdotique, continuait le Picard. J’avais de la force mais je manquais encore de fraîcheur, trois jours après Roubaix. Je suis forcément très déçu car j’avais vraiment envie de gagner avant cette fin de saison et je sais que Paris-Tours sera moins à ma faveur. Même s’il peut se passer plein de choses, j’avais plus de chances de l’emporter aujourd’hui ». « Il est naturellement déçu, un sprinteur veut toujours gagner, mais il est dans le match, complétait Franck Pineau. Et surtout il a pu faire son sprint aujourd’hui. De plus, ce n’est pas comme si on avait tout misé sur le sprint en s’engageant avec un train entier. Si on avait fait deuxième de cette façon-là, ç’aurait été plus décevant. Aujourd’hui, on a donné la chance à d’autres de pouvoir s’exprimer. On ne peut pas se contenter d’une place de deux, évidemment, mais on a tout fait pour gagner et on n’a aucun reproche à se faire. Il n’y a pas un seul moment où nous n’étions pas dans le match il y a eu de l’engagement de la part des coureurs, tous autant qu’ils sont. Si on gagne aujourd’hui, il n’y a rien à redire. Il manque un petit truc mais c’est comme ça, et ce n’est pas en baissant les bras qu’on va y arriver. Il faut continuer à aller de l’avant et se battre ».

Paris-Tours, ce dimanche, constituera enfin la dernière opportunité de la saison pour nombre de coureurs. « Ce sera tout autre chose, ponctuait Franck Pineau. Il y aura du tout-terrain, ce sera encore un cran au-dessus, mais on a certainement des gars qui pourront se présenter au départ sans rougir ».