C’était, à peu de choses, le coup parfait. À l’occasion de la quatorzième manche de la Coupe de France FDJ ce samedi, sur le Tour de Vendée, Alexandre Balmer est passé à un rien de sa première victoire professionnelle. D’abord membre de l’échappée du jour, le jeune Suisse de 21 ans, pour l’occasion promu de la « Conti », s’est plus tard livré à un numéro de soliste dans le final. Seul en tête dans les dix-huit derniers kilomètres face à un groupe d’une vingtaine d’hommes, il lui aura finalement manqué 50 mètres pour ponctuer sa prestation par une victoire. Un vrai crève-cœur.

Entre les Herbiers et la Roche-sur-Yon, près de 200 kilomètres figuraient ce samedi au menu des coureurs sur le Tour de Vendée. Or, les principales difficultés se situaient dans la première partie du parcours, et cela a donné lieu à une course plutôt débridée. Nathan Haas (Cofidis) et Laurens De Vreese (Alpecin-Fenix) ont d’abord formé la première échappée, mais l’habituel pensionnaire de la Conti Alexandre Balmer est bientôt sorti du peloton afin de les rejoindre. « Il a mis un bout de temps pour rentrer car ils ne l’ont pas attendu devant, spécifiait Thierry Bricaud. Il est longtemps resté à quinze secondes, en chasse-patate. Quoiqu’il en soit, on voulait avoir un coup d’avance, car même si on avait Paul [Penhoët] pour un éventuel sprint, on n’était pas sûr que ça arrive groupé. Bien nous en a pris car les trois échappés ont pris jusqu’à six minutes et ça a alors été un peu la panique derrière ». Au terme d’un gros effort, le jeune Romand a donc bien opéré la jonction avec le Belge et l’Australien, et a donc mené les débats jusqu’à la mi-course. Le peloton, ou du moins ce qu’il en restait, a alors rebattu les cartes à la suite d’une vive accélération. « Il a été repris à 90 bornes par un groupe de 40 coureurs, où l’on en avait cinq », enchaînait Thierry. De ce même peloton s’est alors dégagé huit hommes dont Ignatas Konovalovas dix kilomètres plus tard. Paré de son maillot de champion de Lituanie, le coureur de la Groupama-FDJ a contribué à la bonne coopération en tête. Cela n’a toutefois pas empêché le retour d’un contre de dix hommes, incluant Alexandre Balmer, à l’approche du circuit final.

« J’ai perdu la course en début de journée », Alexandre Balmer

Dix-huit coureurs formaient ainsi le bon coup à cinquante kilomètres de l’arrivée avant les quatre boucles autour de la Roche-sur-Yon. « Il a d’abord fallu récupérer, car tout le monde avait beaucoup donné, expliquait Thierry. Ensuite, on n’était pas les mieux outillés si ça arrivait groupé. L’idée était donc de bouger dans les deux derniers tours. Alexandre a ouvert une brèche, et il l’a tellement bien ouverte qu’il a fait les 20 derniers kilomètres tout seul ». C’est peu avant la très courte montée des Thermelières, dans l’avant-dernier tour, que le Suisse a lancé son offensive. « J’avais beaucoup donné en début de course, et étant donné que j’avais deux coéquipiers avec moi, je voulais suivre les coups au plus possible afin qu’ils restent au chaud, racontait l’intéressé. Mais je me suis isolé et il n’y avait alors pas trop de questions à se poser. Il fallait y aller ». À très exactement dix-huit kilomètres de la ligne, Alexandre Balmer s’est détaché et a rapidement pris une quinzaine de secondes d’avance. L’écart est monté à vingt secondes au dernier passage sur la ligne, mais plusieurs équipes surreprésentées se sont ensuite organisées dans les dix derniers kilomètres pour aller chercher le coureur helvète. « Thierry me disait à l’oreillette qu’il y avait vingt secondes, il me disait de ne pas me retourner, mais je savais que ça allait être dur, ajoutait Alexandre. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire que d’appuyer sur les pédales ».

Seul en tête de course, le jeune homme de 21 ans ne s’est aucunement désuni, mais ne comptait plus que huit petites secondes d’avance sous la flamme rouge. « Techniquement, il n’a pas fait d’erreurs, indiquait Thierry. Il a tout donné pendant vingt bornes, il n’y a rien à lui reprocher. Je savais qu’il devait avoir au moins quinze secondes au pied du faux-plat final. Il lui a manqué un petit quelque chose ». Avec le groupe aux trousses dans les derniers hectomètres, le Suisse a lâché ses dernières forces dans la bataille dans une ligne droite d’arrivée interminable, et il lui a simplement manqué cinquante mètres pour contenir ses adversaires. Repris à quelques coups de pédale de la ligne, Alexandre Balmer en a alors terminé en onzième position. Au bout du suspense, et de l’effort. « C’est dommage de passer aussi proche de la victoire, glissait-il à l’arrivée. Le faux-plat montant m’a été fatal, mais je pense plutôt avoir perdu la course en début de journée. J’ai dû faire un contre-la-montre pour revenir sur les deux échappés, qui ne m’ont pas attendu quand je suis sorti. Ça m’a coûté beaucoup d’énergie. Dans le final, j’ai essayé d’appuyer le plus possible sur les pédales, mais il m’a manqué un peu d’énergie ». Lars van den Berg (13e) et Ignatas Konovalovas (17e) ont fini dans ce même groupe réglé par Bram Welten, futur coureur de l’équipe, au sprint.

« Une belle satisfaction », Thierry Bricaud

À froid, Alexandre Balmer se voulait positif. « Normalement, je n’étais même pas prévu sur la course, rappelait-il. J’étais censé être en vacances. J’ai appris mercredi que je faisais Paris-Bourges et le Tour de Vendée, et je suis content de les avoir courues. J’étais encore motivé et je ne suis pas passé loin de ma première victoire pro. Je retire beaucoup de positif. Je suis content de ce numéro, je me suis fait plaisir. Pour moi, c’est comme si j’avais gagné aujourd’hui ».  « Sur le coup, il se voyait lever les bras, donc il était très déçu, complétait Thierry. Mais il sait qu’il aura d’autres opportunités. C’est une belle satisfaction. Il prend conscience de son niveau et de ce qu’il est capable de faire. C’est bien pour la suite. Faire ça chez les grands, cela prouve non seulement que la marche n’est pas si haute avec la Conti, mais aussi qu’il a le niveau. En tout cas, il mérite un grand respect pour sa course du jour. Il faut être en excellente santé et avoir de vraies qualités pour faire ce qu’il a fait. Ça ne vient pas par hasard. De la même manière, Kono a été épatant. Il est opérationnel et marche très bien malgré son récent retour. Lars faisait lui aussi sa rentrée et il était dans le final pour la victoire. C’est une belle reprise, et ça confirme qu’il a bien bossé. L’équipe a été impliquée, motivée et a fait preuve d’engagement. Ce n’est que comme ça que ça marche. En plus, tout le monde prend du plaisir dans ces conditions ».

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