Entame de rêve pour Romain Grégoire et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ ! Dans une première étape relativement courte sur le Tour de Suisse, le jeune Franc-Comtois a profité d’un début de course complètement débridé pour se projeter à l’avant dans une échappée d’environ trente coureurs. Le peloton n’a pas fait le poids face à ce groupe, qui s’est donc joué la victoire dans les quinze derniers kilomètres. Parmi les plus costauds dans l’ultime montée, le Bisontin s’est ensuite extirpé dans une descente rendue technique de par les conditions climatiques, puis s’est livré à un solo de dix kilomètres pour conclure victorieusement ! En plus de son premier succès en WorldTour cette saison, il s’est flanqué du maillot jaune de leader.
Une mise en action dynamique était attendue ce dimanche à l’occasion de la première étape du Tour de Suisse, tracée autour de Küssnacht. Sur un profil d’à peine 130 kilomètres, avec une montée très abrupte après vingt kilomètres de course, mais aussi à vingt bornes du terme, la course s’annonçait ouverte. Les premières minutes l’ont confirmé, et l’échappée du jour a eu de grandes difficultés à s’établir. « On pensait que ce pouvait être une journée pour l’échappée, confiait William Green, mais il était probable qu’elle soit solide et qu’elle prenne le large dans la première ascension. L’étape était idéale pour Romain si l’échappée était reprise, et on voulait essayer de mettre Valentin devant. Au final, la bosse s’est montée à fond, et ensuite, c’était le chaos ». De nombreuses offensives ont émané d’un peloton totalement éclaté, jusqu’à ce que vingt-huit coureurs parviennent à ouvrir une véritable brèche aux environs du quarantième kilomètre. « On avait d’abord Stefan et Romain devant, relatait William. Stefan a suivi de nombreux mouvements, ça nous permettait d’être représentés, puis Romain a suivi un coup et c’était le bon ! » « Je n’avais pas imaginé partir en échappée ce matin, mais c’est sorti par vagues, et il fallait suivre les mouvements », complétait Romain.
« Romain est en super forme », William Green
Après le premier tiers de course, le Franc-Comtois s’est donc retrouvé avec une grosse vingtaine de concurrents à l’avant, et avec une avance qui a rapidement dépassé les trois minutes. « J’étais le seul de l’équipe, mais il y avait des formations surreprésentées qui avaient des coureurs pour le général, reprenait Romain. Je me suis un peu fixé sur elles. Tant qu’elles contrôlaient, il n’y avait pas besoin de bouger ». « Ça a roulé à un rythme vraiment soutenu dans cette échappée, ajoutait William. Il était impossible pour quiconque d’attaquer ». Cela s’est aussi illustré par l’incapacité du peloton à réellement se rapprocher des fuyards. À l’entame des quarante derniers kilomètres, et tandis qu’une pluie battante s’abattait sur les coureurs, l’écart entre les deux échelons de course demeurait de plus de trois minutes. Vingt bornes plus loin, l’échappée a abordé la montée décisive de Michaelskreuz (3,9 km à 8,9%) avec une marge encore confortable, et largement suffisante pour se jouer la victoire. « Romain a fait la majeure partie de la montée dans les cinq premières positions, puis quand O’Connor a pris le relais et roulé à un rythme soutenu, il était toujours bien à son aise », assurait William. La sélection s’est d’abord opérée par l’arrière, mais à environ un kilomètre du sommet, le Bisontin a promptement réagi à une accélération de Julian Alaphilippe, avant de poursuivre l’effort avec l’ancien champion du monde, Kévin Vauquelin et Bart Lemmen.
Le quatuor s’est détaché du reste de l’échappée au sommet, et après un kilomètre de descente, Romain Grégoire s’est petit à petit éloigné de ses trois derniers concurrents. « Je pense qu’on était sensiblement du même niveau, témoignait-il. Au sommet de la dernière difficulté, j’ai voulu me mettre devant pour faire la descente en sécurité et ne pas subir les trajectoires des autres. Au final, au bout de 2-3 courbes humides, je me suis retrouvé à faire un petit écart, et je me suis dit que ça valait le coup de prendre un peu plus de risques. J’ai donc descendu à fond jusqu’au bout. Je ne pense pas que j’étais plus fort, mais j’ai réussi à faire la différence techniquement ». Pour autant, son avance n’a dans un premier temps pas excédé les 6-7 secondes, et c’est donc à la pédale qu’il a résisté dans une ultime portion montante avant d’entamer les six derniers kilomètres sur des routes plus linéaires. « Sa performance dans les derniers kilomètres montre qu’il est en super forme, pointait William. Romain était probablement le plus rapide au sprint, mais il est parti en solitaire et s’est vraiment engagé dans cette entreprise ».
« Je suis fier de cette victoire », Romain Grégoire
Si l’écart s’est stabilisé à quelques dizaines de mètres pendant un petit moment, le coureur de la Groupama-FDJ a finalement réussi à opérer le « break » à l’entame des cinq derniers kilomètres, malgré une chasse ininterrompue derrière lui. Son avance s’est accrue à dix secondes, puis à quinze à l’entrée dans le dernier kilomètre. En contrôle dans les ultimes instants, Romain Grégoire a donc pu prendre son temps pour savourer, à sa juste valeur, ce succès retentissant. « C’est toujours exceptionnel de gagner, surtout au niveau WorldTour, déclarait-il quelques minutes plus tard. C’est vraiment une explosion de joie et un grand soulagement. Après ce qu’il s’est passé au Pays Basque et en Ardèche, ça fait aussi du bien de gagner avec un peu d’avance, et de manière claire, nette et précise. Je suis fier de cette victoire, je suis super content, et je vais bien profiter ! » « Romain est un coureur à part, ajoutait William. Il est toujours motivé, il sait ce qu’il veut et il s’est donné à fond pour l’obtenir aujourd’hui. L’emporter de cette manière aujourd’hui, c’est vraiment fort. C’est aussi la dernière course de préparation avant le Tour, il y avait beaucoup de gros noms au départ ou dans l’échappée, donc je pense que ça rend la chose encore plus significative pour lui ».Cerise sur le gâteau, Romain Grégoire s’est naturellement emparé du maillot jaune de leader à l’issue de cette première journée de course, que les meilleurs du peloton ont achevé à plus de trois minutes du jeune Tricolore. « Un maillot jaune sur une course WorldTour, ce n’est pas n’importe quoi, disait-il. Le Tour de Suisse est déjà réussi, mais on va prendre les étapes les unes après les autres. Demain, je devrais pouvoir être en mesure de le garder. Et puis, maintenant que j’ai de l’avance au général, autant me battre tous les jours et voir où ça me mène ».« On n’était venu sans ambition particulière pour le général, concluait William. On était vraiment concentrés sur les étapes, or on en a déjà remporté une grâce à la performance de Romain aujourd’hui. Maintenant, on va faire de notre mieux pour défendre le maillot jaune le plus longtemps possible et on verra ce qui en ressort, même s’il y a encore des opportunités sur les étapes qu’on ne va certainement pas sacrifier. Johan ne sera malheureusement pas des nôtres demain après avoir été contraint à l’abandon. Il aurait été parfait pour contrôler, mais l’équipe que nous avons ici est très forte et on est confiant pour la suite des évènements ».