À Trieste, dimanche, « La Conti » Groupama-FDJ est venue à bout de l’édition 2023 du Baby Giro (désormais Giro Next Gen). Après une première partie d’épreuve encourageante, les hommes de Jérôme Gannat ont frôlé la victoire dès la cinquième étape par l’intermédiaire de Trym Brennsæter, deuxième après une belle échappée. Brieuc Rolland s’est quant à lui battu pour conserver une bonne place au classement général, qu’il a finalement ponctué aux portes du top-10. Au total, c’est avec un podium, un top-5 et deux top-10 sur les étapes que la formation bisontine est repartie d’Italie, mais aussi avec une grosse expérience dans ses bagages.

Au lendemain de l’étape du Stelvio, ils n’étaient plus que 136 coureurs jeudi au départ du cinquième acte du Giro Next Gen, en direction de Manerba del Garda. En raison d’une seconde partie de course vallonnée, les attaquants semblaient avoir une opportunité de l’emporter. « La bataille pour l’échappée a été folle, témoignait Trym Brennsæter. On a roulé à plus 50 km/h de moyenne dans la première heure et ça attaquait sans cesse ». Après soixante kilomètres, un groupe a pu légèrement se détacher, mais le rythme n’a pas faibli pour autant. Le Norvégien de « La Conti » essuyait quant à lui un léger revers. « On se dirigeait vers la première bosse, mais juste avant, j’ai chuté dans un rond-point, relatait-il. J’ai dû changer de vélo, et dans la montée, je suis remonté de groupe en groupe et j’ai d’abord repris un deuxième peloton. Dans la deuxième bosse, j’ai pu revenir sur le groupe principal, puis à l’approche du sommet, j’ai attaqué au moment opportun. Il a commencé à pleuvoir et je sais que je me débrouille très bien en descente, surtout quand c’est technique et mouillé. J’ai mis les gaz et j’ai réussi à lâcher deux mecs. Il ne restait que moi et un coureur de Trinity en chasse derrière un homme de la Soudal-Quick Step ». Dans l’ultime montée du jour, le duo de poursuivants a repris l’homme de tête, et dans la descente suivante, le coureur de « La Conti » a remis le couvert. Lukas Nerurkar (Trinity Racing) a tout de même pu s’accrocher et les deux hommes ont filé vers l’arrivée située une trentaine de kilomètres plus loin. « On a bossé ensemble jusqu’au final, disait Trym. Je savais qu’il était bon au sprint et j’étais aussi assez fatigué après ma chute et ma longue poursuite. J’ai essayé de le surprendre à 500m mais il a réussi à prendre la roue, puis quand il a lancé le sprint, je n’avais aucune chance ».

« Ça va me donner confiance », Trym Brennsæter

C’est donc par une belle bien que frustrante deuxième place que le Scandinave a ponctué son escapade. « J’étais quand même très content de ma performance, disait-il plus tard. Pouvoir attaquer comme je l’ai fait après ma chute et ma remontée, ça va me donner confiance en vue des prochaines courses ». « Trym était surmotivé ce jour-là, complétait Jérôme Gannat. Il avait une grande détermination à bien faire dans cette étape et je crois que c’est ce qui a fait la différence. On dit souvent aux coureurs qu’au-delà de la performance, on attend d’eux qu’ils ne baissent jamais les bras. Il aurait pu se démotiver après la chute. C’était vraiment mal parti, il était en dernière position, mais il a toujours voulu aller de l’avant. Quand le coureur a cet état d’esprit, même s’il est deuxième, on ne peut pas avoir de regrets car il a donné son maximum et il n’a rien à se reprocher ». Grâce à ce podium, Trym Brennsæter s’est aussi octroyé son premier résultat probant de la saison. Le lendemain, le peloton a pris la direction de Povegliano dans une étape atypique, présentant une bosse dès le départ avant 130 kilomètres tout plats. Étonnement, une échappée de trois hommes a pu tromper le peloton tout entier, qui a terminé à trois minutes. « Certaines équipes de sprinteurs sont venues rouler, mais beaucoup trop tard, expliquait Jérôme. L’écart est monté à sept minutes, et il était trop important à combler, sachant que c’était tout plat et vent de dos. Les coureurs de tête ont bien joué le coup et cela prouve que les échappées restent une bonne opportunité sur les courses Espoirs. J’étais un peu surpris du scénario, mais sur le Baby Giro, les équipes ne sont constituées que de cinq coureurs. Certaines étaient déjà réduites à quatre à ce moment-là. Il n’y a donc plus beaucoup de monde pour rouler, surtout si certains jouent le général ». Dans cette sixième étape, Alessandro Romele (Colpack Balan) a finalement tiré les marrons du feu.

Samedi, il était temps pour les coureurs du classement général de revenir sur le devant de la scène, avec 4300 mètres de dénivelé pour débuter le week-end. La septième étape présentait notamment trois montées de première catégorie, escaladées coup sur coup dans les 65 derniers kilomètres. « Une échappée de douze coureurs est partie, avec quelques mecs placés au général, resituait Jérôme. On aurait voulu la prendre mais on n’a pas réussi. Puis, il y a eu un gros coup de vis qui a réduit le peloton à 30-35 unités, avec Thibaud et Brieuc. Jumbo a ensuite imprimé un gros tempo dans Nevegal il y a encore eu de la sélection. Ils n’étaient plus que 20-25 dans le peloton principal, puis les bosses suivantes se sont montées au tempo. Dans la dernière descente précédant l’ascension finale, Brieuc est sorti avec quelques coureurs dont le leader Staune-Mittet. Malheureusement, quand il est arrivé au pied de la bosse, il n’avait plus de jambes. Il a eu un coup de moins bien puis s’est bien repris ». Jan Christen s’est octroyé l’étape à la suite d’une échappée, Johannes Staune-Mittet a consolidé son maillot jaune et Brieuc Rolland a finalement coupé la ligne à la 19e place, 4’28 derrière le vainqueur suisse. « Étant donné qu’il y avait eu pas mal d’écarts sur le Stelvio, il a pu gagner une place au général (13e), mais il ne lui a pas manqué grand-chose pour accompagner le petit groupe qui termine devant lui », ajoutait Jérôme.

« On peut être plutôt satisfaits de notre semaine », Brieuc Rolland

Le Breton a dès lors entamé la dernière étape vers Trieste, dimanche, avec la quasi-certitude de terminer dans le top-15 du général. « On avait l’ambition d’être dans l’échappée, même si le final était favorable à une arrivée groupée, expliquait Jérôme. Finalement, seuls quatre coureurs se sont retrouvés devant, et contrairement à l’avant-veille, ça a roulé assez rapidement dans le peloton. L’écart est malgré tout monté à cinq minutes, c’est bien revenu dans le final, mais avec la dernière descente, l’échappée a pu résister ». Comme les trois étapes précédentes, le dernier acte du Giro Next Gen est donc revenu à un fuyard, en l’occurrence Anders Foldager (Biesse-Carrera). Staune-Mittet a assuré sa victoire finale et Brieuc Rolland sa 13e place au général. « Pour moi et toute l’équipe, ce Baby Giro était une sacrée découverte, confiait le Breton. C’est une course qu’on attendait depuis un petit bout de temps. Je pense qu’on peut être plutôt satisfaits de notre semaine. Il est clair qu’on aurait aimé rentrer avec une victoire, mais on a une belle deuxième place avec Trym, une belle cinquième avec Noah, et il y a eu une belle dynamique de groupe. On a échangé les rôles de leaders et coureurs protégés tout au long de la semaine. C’était beau à voir et bien à faire. Personnellement, j’avais pour objectif le classement général après l’Alpes Isère Tour qui s’était bien passé (6e, ndlr). Je me suis battu avec ce que j’avais et j’ai tout donné. Je pense que les douze coureurs devant moi sont simplement plus forts pour le moment. Je n’ai pas de regret et je quitte l’Italie satisfait. Je suis content de ma performance et j’ai très envie de revenir l’année prochaine ».

Au lendemain du terme de l’épreuve, Jérôme Gannat tirait lui aussi un bilan des huit jours de course dans le Nord de l’Italie. « On avait pour objectif de se rapprocher ou d’être dans le top-10 avec Brieuc, rappelait-il. Il termine treizième et ne passe pas très loin. Il ne lui manque pas grand-chose pour accompagner les meilleurs. Je pense qu’avec l’expérience et la force qu’il va acquérir cette année, il aura moyen d’entrer dans le top-10 l’an prochain. Il a des qualités de grimpeur qu’il va encore travailler. Sur les étapes, il y a eu un bon comportement d’ensemble. On a été assez présents dans les arrivées groupées avec Noah et Thibaud, puis il y a eu la performance de Trym. Cette compétition nous a aussi rappelé qu’il ne faut pas hésiter à être offensifs et opportunistes. Nous sommes venus avec trois Espoirs 1 et deux Espoirs 2. Les coureurs qui jouent devant sont plutôt Espoirs 3 ou 4. C’était une bonne expérience pour la suite et ils n’ont pas fini cramés. Cela veut dire qu’ils récupèrent bien et c’est encourageant. Il y a encore un cap à passer, mais ils vont continuer de progresser ».

1 commentaire

MOTTIER

MOTTIER

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Le 20 juin 2023 à 12:33

Un grand bravo à tous ces jeunes espoirs et leurs accompagnants