C’est ce qu’on appelle une reprise soignée. Pour son premier jour de course de la saison, Valentin Madouas a tout juste échoué au pied du podium, ce samedi, à l’occasion du Tour de la région de Murcie. Dans une épreuve amputée de sa principale difficulté, le Breton a tenté de se faire une place dans l’emballage final, en côte et tournicotant, et a finalement accroché une quatrième position prometteuse. Paul Penhoët a lui terminé aux portes du top-10 (14e) et devrait obtenir une opportunité plus nette ce dimanche lors de la Classique d’Almeria.

C’est avec une information fondamentale que la journée a débuté ce samedi sur le Tour de la région de Murcie. Peu avant de prendre le départ, les équipes et les coureurs ont en effet été avertis que le parcours serait modifié. Conséquence immédiate : le retrait – en raison de la neige au sommet – de la principale ascension de la journée à mi-course, habituellement propice à une large sélection. Comme le soufflait justement Valentin Madouas au moment de s’élancer, la course devenait subitement plus adaptée aux puncheurs-sprinteurs qu’aux grimpeurs-puncheurs. « Ça a rendu la course moins dure, c’est certain, exposait Frédéric Guesdon. Le vent de face dans le final pouvait également bloquer la course. Ça ne nous arrangeait pas vis-à-vis de Valentin, mais ça nous rajoutait la carte Paul au cas où. On s’attendait effectivement à une course un peu plus dure initialement, mais on ne s’attendait néanmoins pas à un tel départ ». Après seulement une poignée de minutes, le peloton s’est ainsi éparpillé au départ de San Javier. « C’est parti pleine balle, commentait Frédéric. Il y avait beaucoup de vent, des routes sinueuses, une chaussée humide. Ça a cassé au bout de cinq kilomètres. Un premier groupe de vingt-trois coureurs s’est détaché avec Lewis, puis on avait Fabian et Valentin dans un deuxième échelon. Ils sont rentrés dans la première difficulté au bout de quarante kilomètres, puis ça s’est posé devant et tout le monde est rentré. Après cinquante bornes, tout était à refaire, mais il y a vraiment eu de la course. Ensuite, une échappée de cinq est repartie et ça a couru tempo à partir de là ».

« C’est toujours frustrant quand on sent que c’est possible », Frédéric Guesdon

Mateu Estelrich, Jose Maria Garcia (Electro Hiper Europa), Paul Ourselin (TotalEnergies), Ivan Romeo (Movistar) et Harrison Sweeny (Lotto-Dstny) ont alors ouvert la route pendant un long moment, sans toutefois bénéficier d’un avantage largement supérieur à trois minutes. Très progressivement, le peloton s’est rapproché dans la dernière heure de course pour atteindre la dernière bosse, située à vingt kilomètres du terme, avec une petite minute de débours seulement. Dans l’Alto de Cedacero (5,4 km à 5,4%), le rythme s’est accéléré, mais la sélection ne fût que modérée. « Il y avait trop de vent de face, ça a bloqué les offensives », justifiait Frédéric. Un moment détaché en compagnie d’une quinzaine d’hommes, Valentin Madouas a finalement réintégré un peloton d’une cinquantaine d’unités où il retrouvait Ignatas Konovalovas et son jeune coéquipier sprinteur Paul Penhoët. « Kono a fait un bon boulot pour placer Valentin et Paul », précisait encore Frédéric. Malgré quelques offensives, le premier peloton est arrivé compact dans les rues de Carthagène pour une explication finale sur une légère côte d’un kilomètre très ondulée. « On savait qu’il fallait être placé, car c’était finalement assez court et sinueux, poursuivait Frédéric. Il ne fallait pas traîner derrière. J’étais allé la reconnaître et la filmer hier pour la montrer aux coureurs, et on avait vu qu’il fallait vraiment être placé à 250 mètres. Valentin était placé, mais il a hésité et il s’est fait déborder ».

Parfaitement attentif au pied, le Breton s’est même positionné en tête de paquet à 300 mètres de la ligne. « J’étais plutôt bien physiquement, mais j’ai fait une erreur, énonçait-il à l’arrivée. C’est moi qui dois lancer ! Je suis passé devant mais j’ai voulu temporiser, ne sachant pas trop comment était le final de manière concrète. Si j’avais lancé, je pense que je n’aurais pas été loin… » Gêné contre les barrières au moment de démarrer son sprint final, le troisième du dernier Tour des Flandres a pris du retard dans sa mise en action et n’a pu remonter qu’en quatrième position sur la ligne. « C’est dommage car c’est une belle opportunité de loupée, regrettait-il. Je revenais fort et j’ai terminé avec encore un peu d’énergie. On reviendra dans les prochaines années et on ne fera pas la même bêtise ». « C’est un peu le regret qu’on a aujourd’hui, car on aurait pu mettre au fond, abondait Frédéric. C’est encourageant pour Valentin, mais ce n’est pas une surprise. Il sort d’un stage, et c’est un bosseur. On sait qu’il veut être opérationnel dès les premières courses. Il y aura à coup sûr d’autres occasions, mais c’est toujours frustrant quand on sent que c’est possible ».

Paul Penhoët a lui coupé la ligne en quatorzième position, de bon augure avant la Classique d’Almeria ce dimanche. « C’est plus plat donc c’est pour Paul, qui a aujourd’hui été une vraie satisfaction, concluait Frédéric. Même si la course était un peu moins dure, il fallait quand même être là dans ce final. C’est sur la lancée de son Tour Down Under. Avec la météo, le départ costaud, il aurait très bien pu avoir la tête à demain, mais il a tenu jusqu’au bout et s’est bien battu. C’est bon signe ».

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