Si certains en doutaient encore, Bruno Armirail a de nouveau exhibé ses qualités de grimpeur ce lundi à l’occasion d’une toute nouvelle épreuve du calendrier, la Mercan’Tour Classic Alpes-Maritimes. Au terme de 150 kilomètres de course et plus de 4500 mètres de dénivelé, l’Occitan est parvenu à accrocher un podium pour le moins notable au sommet du Col de Valberg. De bien bel augure à quelques jours du Critérium du Dauphiné.

« J’ai laissé une belle cartouche dans la poursuite », Bruno Armirail

Une fois n’est pas coutume, le monde du cyclisme a ce lundi assisté à l’inauguration d’une toute nouvelle course professionnelle. Dessinée dans le massif du même nom, la « Mercan’Tour Classic Alpes-Maritimes » se destinait logiquement à un grimpeur. Initialement, près de 5000 mètres de dénivelé étaient d’ailleurs au programme, mais le total final fut légèrement moindre en raison du départ avancé au km 23, la faute à des conditions climatiques difficiles dans la descente du Col de la Couillole. Malgré tout, un joli triptyque demeurait au menu des 150 kilomètres de course à disputer : Colmiane-Couillole-Valberg. Sous un temps toujours difficile, cinq hommes ont pris les devants en début de course et ont engrangé jusqu’à cinq minutes d’avance avant la première ascension du jour. Leur avantage a dès lors commencé à fondre sous l’accélération progressive du peloton. En haut du Col de la Colmiane (7,5 km à 7,2%), ils étaient même pratiquement repris. « Au sommet du premier col, il y a eu une grosse accélération, expliquait Yvon Madiot. C’est monté très vite sur le final, tout le monde était en file puis ça a cassé dans la descente mouillée. Bruno a bien suivi les premiers à l’approche du sommet et il a donc attaqué la descente en troisième position. Comme c’est un bon descendeur, il a su accompagner le bon wagon, ils se sont retrouvés à environ vingt-cinq devant et c’était fini pour le reste ».

Très vite, les coureurs ont attaqué une nouvelle difficulté, le Col de la Couillole (16 km à 7,3 %). Le Suisse Roland Thalmann (Vorarlberg) a tenté d’anticiper la bagarre tandis que les formations surreprésentées ont pris la chasse en main. « Derrière le coureur échappé, c’est monté au tempo, et Bruno préfère ça aux à-coups », ajoutait Yvon. Avant de passer une première fois par la station de Valberg, le coureur de tête a été repris par le « peloton » puis ce sont Mathias Frank (AG2R-Citroën) et Anthony Perez (Cofidis) qui ont relancé avant d’aborder la descente menant au pied de l’ascension finale (12 km à 7,4%). Le duo l’a abordée avec près d’une minute d’avance, et au sein d’un groupe de chasse d’une dizaine de coureurs, Bruno Armirail a alors pris ses responsabilités. « Il était obligé de faire l’effort car il sentait que les autres étaient un peu à fond », expliquait Yvon. « J’ai attaqué quasiment au pied en me disant que j’allais prendre un peu d’avance, racontait Bruno. Puis, j’ai vu Martin et Paret-Peintre revenir, donc je me suis un peu relevé. Ils m’ont dit qu’ils ne passeraient pas, ayant quelqu’un devant. C’était donc à moi de rouler, et c’est ce que j’ai fait pour opérer la jonction avec les deux premiers. J’ai laissé une belle cartouche dans cet effort mais c’est le jeu aussi ».

« Bruno a su saisir sa chance », Yvon Madiot

Cinq hommes se sont alors retrouvés roue dans roue à huit bornes du sommet et le sont restés pendant deux kilomètres, jusqu’à ce que Guillaume Martin place son attaque décisive. Distancé à cet instant, Bruno Armirail s’est retrouvé isolé en contre avec Aurélien Paret-Peintre et les deux coureurs ont donc bataillé à un second échelon, sans pouvoir se rapprocher de l’homme de tête. Bruno Armirail a également tenté de distancer son rival le plus proche, mais tout s’est conclu par un sprint à deux pour les places restantes sur le podium, l’Occitan obtenant finalement la troisième. « Je suis quand même assez satisfait, disait l’intéressé. Faire troisième derrière deux vrais grimpeurs c’est quand même plutôt correct. Les gars devant moi ne sont pas n’importe qui. Certes, on prend toujours le départ d’une course pour gagner, mais je pense que je ne pouvais pas faire mieux aujourd’hui ». « C’est une très belle performance mais ce n’est pas une surprise, insistait Yvon. On sait que Bruno est un coureur très endurant et capable de bien monter les cols. Plus la course passait, plus on savait qu’il allait faire un gros résultat. Je suis aussi content pour lui car il a su saisir sa chance. Le podium est une récompense, mais c’est aussi le minimum qu’il était en droit d’attendre. Il donne habituellement beaucoup pour les autres, pour ses copains, c’est super qu’il soit récompensé aujourd’hui ». « J’ai prouvé que quand j’avais ma chance, je pouvais aussi faire quelque chose, concluait Bruno. Ça va me mettre en confiance pour l’avenir. En tout cas, la forme était assez correcte bien que revenant d’altitude. J’espère être de mieux en mieux. C’est de bon augure pour la suite et j’espère être au niveau sur le Dauphiné et les échéances suivantes auprès de David ».